À L’APPEL DU COLLECTIF “Pou La Gwiyann dékolé”*, quelque 15 000 Guyanais ont battu le pavé à Cayenne le 28 mars dernier pour de meilleures conditions de vie, tandis que des barrages filtrants étaient érigés dans une vingtaine de villes du territoire. « Du jamais vu ici », lance Corinne Régulaire, Idel depuis une trentaine d’années près de Cayenne. « Cette mobilisation sans précédent traduit le ras-le-bol des gens. La population en a marre des promesses gouvernementales non tenues, marre du manque d’infrastructures et de logements, marre d’un système de santé défaillant, marre des conditions de vie qui se dégradent et de l’insécurité qui grandit. Bref, la population est en colère. À mes yeux, ce mouvement est donc totalement légitime », explique-t-elle. Dans la foulée de la grève générale, l’essence s’est raréfiée mais les professionnels libéraux ont toujours pu s’en procurer sans difficulté. « Il n’y a pas eu non plus de souci pour passer les barrages ni pour se ravitailler en médicaments et en matériel. Dans l’ensemble, l’ambiance est restée bon enfant et j’ai vu plusieurs infirmières hospitalières et cadres rejoindre les barrages après leur service », précise l’infirmière. Après un mois de blocage, un accord a été signé le 21 avril entre le collectif, les élus locaux et le gouvernement. Il prévoit notamment un plan d’urgence de 1,1 milliard d’euros, « qui assure des progrès essentiels en matière d’éducation, de santé ou de sécurité », indique le ministère des Outre-Mer dans un communiqué. « Au niveau des centres hospitaliers de Cayenne et Kourou, il faut vraiment faire vite maintenant. Outre qu’ils sont surendettés, ils sont également sous-dimensionnés, alors que la population a doublé depuis les années 1980, et délabrés. Par ailleurs, du fait du manque de médecins de ville, les urgences sont quotidiennement encombrées », note l’Idel. À terme, 2,1 milliards devraient financer des mesures complémentaires.
* Pour que la Guyane décolle.