L'infirmière Libérale Magazine n° 336 du 01/05/2017

 

Cahier de formation

Savoir

Conséquence la plus sévère de certaines infections à papillomavirus, le cancer invasif du col de l’utérus bénéficie, contrairement au cancer de l’endomètre (lire l’encadré ci-dessous), d’une prévention vaccinale et d’un dispositif de dépistage très efficaces sous réserve que les jeunes filles et femmes répondant à leur indication observent les recommandations. Mieux connaître cette pathologie aide les Idels à mieux contribuer à sa prévention et accompagner les patientes.

ÉPIDÉMIOLOGIE

En France, chaque année, près de 3 000 nouveaux cas de cancer invasif du col de l’utérus (CCU) sont diagnostiqués, ce qui représente 5,9 cas pour 100 000 femmes(1) et place ce cancer au douxième rang des cancers féminins(2). Exceptionnel avant l’âge de 25?ans, le CCU se développe surtout entre 45 et 55 ans mais peut également survenir beaucoup plus tard. Il est à l’origine de plus de 1 000 décès par an (1 092 en 2015) chez des femmes âgées en moyenne de 64 ans(2). Globalement en baisse régulière depuis les années 1980, la mortalité par CCU augmente avec l’âge(1). Le taux de survie passe de 82 % chez les femmes de 15-44 ans à 35 % chez les femmes de plus de 75 ans. Cette disparité s’explique par la proportion plus importante à cette période de la vie de cancers avancés, ayant échappé au dépistage(1).

PHYSIOPATHOLOGIE

Rappel

Le CCU concerne l’extrémité inférieure de l’utérus (partie basse et étroite) qui relie le corps de l’utérus au vagin (voir le schéma page ci-contre). Il se développe à la jonction des tissus (épithélium malpigien exocervical et épithélium glandulaire endocervical) qui recouvrent respectivement la partie externe du col (exocol) visible à l’œil nu lors de l’examen gynécologique, et sa partie interne (endocol) située du côté du corps de l’utérus. C’est dans cette zone de jonction très fragile et particulièrement vulnérable aux infections que des cellules épithéliales du col utérin peuvent se transformer et donner des anomalies cervicales (dysplasies) légères, moyennes ou sévères (lésions précancéreuses) susceptibles d’évoluer progressivement vers un CCU.

Le HPV, principale cause du CCU

Le CCU est la conséquence la plus grave des infections sexuellement transmissibles à papillomavirus humain (HPV). Ces infections sont parmi les infections sexuellement transmissibles les plus répandues chez les femmes jeunes sexuellement actives. Le lien de causalité entre l’infection à HPV et le CCU a été formellement établi dans les années 1980 par le Dr Harald zur Hausen et son équipe, qui ont notamment montré une corrélation entre la présence du virus et le CCU dans 99,7 % des cas, quelles que soient les patientes, leur origine ou les techniques employées. Ils ont également montré une corrélation proportionnelle entre le niveau de la charge virale et le risque de cancer(3). La cible de prédilection du virus (il touche également les garçons) sont les sujets au début de leur activité sexuelle. Avant 30?ans, la prévalence de l’infection par HPV est comprise entre 25 et 60 % et 80 % des femmes rencontreront le virus au cours de leur vie(4).

HPV 16 et 18, mais pas seulement

À l’heure actuelle, 189 génotypes d’HPV ont été caractérisés dont 120 sont susceptibles d’infecter les humains(5). Tous n’induisent pas un risque de cancer et parmi ceux qui sont oncogènes, certains le sont plus assurément que d’autres (lire l’encadré page suivante). C’est notamment le cas des génotypes HPV 16 et HPV 18 (les plus virulents), dont la présence persistante est responsable de 70 % des CCU. Une femme infectée par l’un de ces génotypes court un risque de développer une dysplasie précancéreuse ou un CCU au moins cinq fois supérieur à celui d’une femme infectée par un HPV d’un autre type. Toutefois, il est important de retenir que :

→ les HPV étant de type ubiquitaire (non lié à une localisation particulière), l’infection à HPV peut être transitoire, récidivante ou persistante ;

→ dans 90 % des cas, les femmes qui rencontrent un HPV au cours de leur vie l’éliminent spontanément dans un délai de trois ans, par la production naturelle d’anticorps ;

→ parmi les 10 % restants, 65 000 développent chaque année une lésion de bas grade et, pour un peu moins de la moitié, des lésions précancéreuses de haut grade, dont environ 3 000 évoluent en cancer invasif(2). Donc, finalement, environ une femme infectée par le HPV sur mille développera un cancer invasif, ce qui fait du CCU une complication rare d’une infection généralement bénigne(4).

Autres facteurs de risque

Plusieurs facteurs de risque sont aujourd’hui bien identifiés comme favorisant la persistance de l’infection par HPV(2) :

→ la précocité des rapports sexuels non protégés associée à la multiplicité des partenaires ;

→ l’immunosuppression consécutive à une maladie (infection VIH) ou à un traitement (transplantation) ;

→ les infections à Chlamydia trachomatis, le virus de l’herpès ;

→ les microtraumatismes du col dus aux accouchements ;

→ le tabac : le risque relatif est multiplié par deux pour une consommation quotidienne de vingt cigarettes(3). Le tabac constitue donc un facteur majeur sur lequel les Idels et les infirmières scolaires peuvent agir car les adolescentes sont de plus en plus nombreuses à fumer ;

→ le déficit de surveillance souvent associé à des moindres niveaux d’éducation et socio-économique. Une population vis-à-vis de laquelle les Idels peuvent avoir un impact potentiel majeur(4).

TYPOLOGIE

Une majorité de carcinomes

85 % des CCU sont des carcinomes épidermoïdes qui se développent à partir de l’épithélium malpighien de l’exocol. 15 % sont des adénocarcinomes qui prennent naissance au niveau de l’épithélium cylindrique recouvrant l’endocol. Il existe également d’autres formes histologiques très rares, telles que les sarcomes, les mélanomes, les lymphomes(6).

Des lésions précancéreuses au cancer invasif

L’histoire naturelle de la maladie montre que l’infection HPV n’évolue en cancer que dans 1 à 2 % des cas et que le délai moyen entre une infection HPV de haut grade et le diagnostic de CCU est en moyenne de dix ans(3). Ce délai constitue un argument pour atténuer l’inquiétude car il donne le temps et permet d’intervenir au stade des lésions précancéreuses lorsqu’elles sont découvertes au décours d’un frottis réalisé dans le cadre du dépistage opportuniste recommandé par les autorités de santé (lire l’éclairage sur le dépistage p. 41). Il milite également contre toute action thérapeutique hâtive en cas de frottis anormal, et encore plus en cas de test HPV positif sans anomalie au frottis(4).

Lésions précancéreuses

Comme leur nom l’indique, les lésions précancéreuses (dysplasies) ne sont pas des cancers. Les plus fréquentes affectent l’épithélium de l’exocol et sont appelées cervical intraepithelial neoplasia (CIN)(4). Elles peuvent exister sous des formes plus ou moins graves et sont répertoriées selon la classification TBS (The Bethesda System) en deux types de lésions :

→ les lésions de bas grade (Low grade Squamous Intraepithelial) qui correspondent aux CIN1 (risque proche de 0, pas d’action thérapeutique) et condylomes plans ;

→ les lésions de haut grade (High grade Squamous Intraepithelial) correspondant aux CIN 2 et CIN 3(2).

Quel que soit le grade des lésions, elles peuvent disparaître spontanément, persister, s’aggraver, voire progresser vers un cancer (voir le tableau de la page ci-contre). L’évolution du CIN 1 vers un CCU est de 1 %, celle du CIN 2 de 5 % et celle du CIN 3 de plus de 12 %.

Cancer invasif

Définition

Le critère qui définit le passage du stade de lésions précancéreuses au stade de cancer est le franchissement de la membrane basale (voir le schéma ci-dessous). Si les lésions la traversent et s’étendent profondément dans la muqueuse, le cancer est dit “invasif” ou “infiltrant”. Il peut ultérieurement s’étendre au-delà de l’utérus et envahir les organes voisins : le vagin, les paramètres (tissu conjonctif de soutien de l’utérus localisé sous les ligaments suspenseurs de l’utérus), la vessie et le rectum.

Symptômes

Souvent asymptomatique à un stade précoce, le CCU peut néanmoins être associé à quelques symptômes dont les plus fréquents sont les métrorragies provoquées par les rapports sexuels(4). Toutefois, toute métrorragie spontanée en dehors des périodes de règles justifie un examen du col. Les autres symptômes sont à la fois peu spécifiques et tardifs :

→ douleurs au cours des rapports sexuels (dyspareunies),

→ pertes vaginales (leucorrhées),

→ douleurs pelviennes, difficulté à uriner (dysurie), tension douloureuse associée à une envie pressante et continuelle d’aller à la selle (ténesme),

→ douleurs lombaires.

DIAGNOSTIC DU CANCER INVASIF DU COL DE L’UTÉRUS

Selon qu’il est porté dans le contexte du dépistage opportuniste ou en présence de symptômes évocateurs, le circuit diagnostic repose sur une approche différente qui conduira, s’il y a lieu, à la confirmation diagnostique par biopsies cervicales ou conisation.

Diagnostic dans le cadre du dépistage

L’examen de dépistage par frottis cervico-utérin manque de sensibilité et peut-être associé à des faux négatifs dans environ 30 % des cas. C’est la raison pour laquelle un examen de contrôle à un an doit être réalisé après l’examen initial et une surveillance régulière périodique assurée. Le frottis cervico-utérin est également associé à des faux positifs. Pour autant, la mise en œuvre du test de détection des HPV oncogènes à la place de l’examen cytologique n’est pas retenue en France en dépit de sa sensibilité globale (> 95 %) et de sa valeur prédictive négative pour les lésions de haut grade (> 99 %) qui permet de confirmer presque à coup sûr l’absence d’HPV et de lésions précancéreuses(7). Ce test n’est recommandé par la Haute Autorité de santé (HAS) et pris en charge par la Sécurité sociale qu’en cas de frottis douteux ou ambigu de type Ascus (Atypical Squamous Cells of Undetermined Significance, ou Anomalie cellulaire de signification inconnue).

Diagnostic dans le cadre de symptômes cliniques évocateurs

Dans ce cas, le circuit diagnostic est très court. Si l’examen clinique du col permet de visualiser clairement un aspect anormal, il convient de réaliser directement un examen anatomopathologique de la biopsie cervicale. En revanche, si l’apparence du col semble normale, la présence de saignements justifie de rechercher des lésions situées plus haut, voire à l’intérieur de l’utérus, ou encore de rechercher une atteinte microscopique par le biais d’un frottis qui confirmera (ou non) la présence de lésions cancéreuses(7).

Confirmation diagnostique

Elle repose sur l’examen histopathologique de biopsies cervicales centrées sur les zones lésionnelles préalablement repérées par colposcopie ou prélevées par conisation.

Colposcopie

Ce geste permet d’éviter le risque de réaliser la biopsie à côté du cancer, notamment lorsqu’il s’agit d’un CCU débutant découvert par dépistage. Il consiste à visualiser le col avec une loupe grossissante en potentialisant cette observation par l’adjonction d’un produit (acide acétique en général) qui révèle, d’après une nomenclature des signes de gravité et de risque, les zones cibles à privilégier pour la biopsie.

Conisation

Lorsque la biopsie sous colposcopie n’est pas réalisable ou probante (muqueuse du col rétractée à l’intérieur et non visible par exemple), ou encore lorsqu’il y a une grosse discordance entre un frottis très positif et un col normal à l’examen, la conisation permet de réaliser une biopsie très large d’un fragment de col en forme de cône et d’établir un diagnostic plus précis.

Classification clinique

L’examen anatomopathologique permet de préciser le type histologique de la tumeur selon la classification FIGO (Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique) validée par l’Organisation monidale de la santé (OMS) et la HAS(6). Cette classification répertorie les lésions en quatre stades croissants de gravité (lire l’encadré en haut de cette page) tenant compte de leur volume, de leurs dimensions et de l’atteinte des organes adjacents. Elle participe au choix de la stratégie thérapeutique et est directement corrélée à la survie des patientes (voir le tableau ci-dessous). Toutefois, elle ne tient pas compte de l’envahissement ganglionnaire dont l’importance justifie d’associer à la classification FIGO un bilan d’extension systématique.

Bilan d’extension, examens complémentaires

Dès lors que les lésions sont cliniquement visibles, l’examen de référence pour apprécier le volume tumoral, l’extension au-delà du col, l’extension ganglionnaire et à distance (invasion vaginale ou rectale par exemple) est l’IRM pelvienne. En pratique, l’IRM est étendue à la région abdominale afin de vérifier les ganglions au-delà du bassin, jusqu’aux ganglions aortiques(4). Le Petscan est un outil de deuxième intention indiqué pour les cancers avancés de plus de 4 cm de diamètre. La recherche d’une atteinte plus large se limitera le plus souvent à un cliché thoracique car les métastases sont en général tardives. Le marqueur Squamous Cell Carcinoma antigen (SCC) est positif dans 30 à 100 % des cas de carcinomes épidermoïdes invasifs du col utérin. Il ne fait pas l’unanimité et n’est pas recommandé dans le suivi standard(4). Au mieux, il est utile plus tard en cas de suspicion de récidive d’accès difficile à une biopsie pour contrôler biologiquement l’évolution de la tumeur. Associée à la classification FIGO, l’analyse de ce bilan permet de déterminer la démarche thérapeutique.

PRISE EN CHARGE THÉRAPEUTIQUE

Tous les CCU pourraient être traités efficacement par radiothérapie (externe et interne) car ce traitement soigne ce cancer aussi bien que la chirurgie(7). Toutefois, face à un CCU débutant, la chirurgie présente des avantages pour le patient (traitement en un seul temps, court et associé à peu d’effets secondaires) et pour le système de santé (traitement moins coûteux). C’est la raison pour laquelle elle est privilégiée dans ce contexte. Quant à la chimiothérapie, elle sert à “booster” les effets de la radiothérapie. Les CCU peuvent donc être traités soit par chirurgie, soit par radiochimiothérapie associant une radiothérapie externe, une curiethérapie et une chimiothérapie(4).

Chirurgie

Désormais réalisée quasi exclusivement par cœlioscopie, la chirurgie est réservée aux cancers du col de l’utérus les moins avancés (< 4 cm) ne présentant pas d’atteinte ganglionnaire.

Colpohystérectomie élargie ou intervention de Wertheim

C’est l’intervention de choix dans ce cas. Elle consiste à réaliser l’ablation de l’utérus, du tiers supérieur du vagin et des paramètres. Cette intervention exclut radicalement toute perspective de grossesse (lire le point de vue du spécialiste en haut de la page) mais n’inclut pas systématiquement l’ablation des ovaires pour permettre aux femmes jeunes de pouvoir garder une activité hormonale. L’IRM permet d’établir parfaitement le périmètre utile de l’intervention en définissant avec précision la marge saine qui environne la tumeur afin d’enlever le juste nécessaire(4).

Trachélectomie élargie

Elle constitue une chirurgie alternative pour les femmes qui souhaitent conserver une possibilité de grossesse en limitant l’ablation au col de l’utérus et aussi, parfois, à la partie supérieure du vagin et aux paramètres. Elle s’adresse à des tumeurs de moins de 2 cm sans atteintes ganglionnaires.

L’utérus et les ovaires étant épargnés, cette chirurgie conservatrice préserve la fertilité et autorise la conduite d’une grossesse en sachant qu’il s’agit de grossesses à risque (lire l’encadré ci-dessus).

Curage ganglionnaire (lymphadénectomie)

Quelle que soit l’intervention pratiquée, la chirurgie est associée à une lymphadénectomie large sous cœlioscopie car la technique des ganglions sentinelles, pourtant applicable à des tumeurs peu évoluées (cancers débutants < 4 cm), n’est pas encore utilisée en tant que telle. Les ganglions sentinelles droit et gauche sont néanmoins repérés et prélevés distinctement de l’ensemble des autres ganglions à des fins d’analyse approfondie car il est impossible d’étudier avec précision la trentaine de ganglions du bassin. S’ils sont indemnes, le retrait des autres ganglions ne fait pas perdre de chance aux patientes et, s’ils sont atteints, il n’y a pas à réintervenir pour compléter le curage.

Radiothérapie

La radiothérapie reste le traitement de choix des CCU évolués à très évolués car elle permet de soustraire les patientes à des interventions lourdes, mutilantes et associées à d’importants effets secondaires. Son efficacité repose néanmoins sur deux conditions :

→ soumettre les patientes à des doses complètes tout en protégeant au mieux les organes voisins par l’utilisation des techniques modernes de modulation d’intensité (IMRT pour Intensity Modulated Radiation Therapy)(4) ;

→ associer systématiquement à la radiothérapie externe, une curiethérapie interne (lire l’encadré ci-dessous) en fin de traitement(7). Lorsque ces conditions sont remplies, la radiothérapie permet de guérir des CCU très avancés.

À noter : l’activité sexuelle doit être interrompue pendant la radiothérapie.

Radiochimiothérapie

Introduite depuis une quinzaine d’années dans les protocoles de traitement du CCU, la chimiothérapie est le plus souvent associée à une radiothérapie dans le cadre d’une radiochimiothérapie concomitante. Selon le protocole le plus fréquemment utilisé (voir le schéma sur la page ci-contre), elle est administrée une fois par semaine pendant les cinq à six semaines que dure la radiothérapie afin d’en potentialiser sa toxicité sur la tumeur. À base de sel de platine, elle est sans effet toxique sur les cheveux. Elle peut également être utilisée en soins palliatifs.

Effets secondaires des traitements

Les différents traitements du CCU sont associés à des effets secondaires immédiats et/ou durant les quelques semaines qui suivent et sont pour la plupart transitoires. Les complications tardives (fistule recto-vésico-vaginale, colite, rectite, occlusion intestinale, par exemple) sont aujourd’hui très rares et généralement consécutives aux traitements de cancers très avancés.

Complications post-chirurgicales

Troubles urinaires

L’ablation chirurgicale des paramètres et par conséquent des nerfs qui contrôlent la vessie (ils sont localisés dans les paramètres) peut engendrer des difficultés à uriner, voire une rétention urinaire justifiant des autosondages et réversible en quelques jours ou quelques mois(8). La survenue d’une fistule urétérale est aussi une complication possible(4).

Troubles du système lymphatique

Consécutive à la lymphadénectomie, l’accumulation de lymphe (lymphocèle) dans les zones de curage ganglionnaire peut nécessiter une ponction-drainage radioguidée lorsqu’elle provoque des symptômes (gêne, douleur, dysfonctionnement rénal). Un lymphœdème des membres inférieurs peut également survenir et justifie la mise en place d’une contention.

Impact sur la fertilité et la sexualité

À l’exception des chirurgies conservatrices (trachélectomie), l’ablation de l’utérus provoque un arrêt définitif des règles et rend impossible toute grossesse.

Complications de la radiothérapie externe

Troubles digestifs

Comme pour toute radiothérapie réalisée au niveau du pelvis, la radiothérapie pratiquée dans le cadre du CCU peut provoquer des troubles digestifs au premier rang desquels les diarrhées, qui surviennent généralement après les deux premières semaines de traitement. Elles peuvent être associées à des douleurs abdominales et des crises hémorroïdaires ainsi qu’à des nausées si l’irradiation a été étendue à la partie supérieure de l’abdomen. Ces troubles nécessitent une prise en charge symptomatique (antidiarrhéique, antalgique, antiémétiques) et hygiéno-diététique appropriée(8).

Troubles génito-urinaires

L’inflammation systématique de la muqueuse du vagin est généralement asymptomatique mais peut être suivie à distance d’une sécheresse vaginale, voire d’une atrophie vaginale chez les femmes qui ne reprennent pas une activité sexuelle normale. Des réactions cutanées peuvent aussi se produire au niveau de la vulve en fin de traitement et relèvent de soins locaux. L’irritation de la vessie peut engendrer des douleurs et une pollakiurie transitoire associée parfois à la présence de sang dans les urines.

Troubles cutanés

Un érythème de la zone irradiée et du sillon interfessier en particulier est assez fréquemment observé. Il sera traité par application d’éosine.

Complications de la curiethérapie

L’action très localisée de la curiethérapie limite considérablement les effets secondaires, qui se manifestent principalement par une accentuation des pertes vaginales et une reprise des saignements.

Complications de la chimiothérapie

Dans le cadre de la radiochimiothérapie concomitante, les effets secondaires de la chimiothérapie sont des effets classiquement observés (nausées-vomissements, diarrhées, mucite, perte d’appétit, fatigue, syndrome main-pied, troubles cutanés, réactions allergiques) et peuvent être limités ou évités grâce aux traitements préventifs et aux conseils pratiques communément recommandés.

SUIVI MÉDICAL À DISTANCE

Le suivi post-thérapeutique est très important car 75 % des récidives surviennent dans les deux années qui suivent le traitement initial, et 10 % au-delà de cinq ans(9).

Protocole de surveillance

Il est essentiellement clinique et repose sur un examen gynécologique tous les quatre mois durant les deux années qui suivent la prise en charge initiale, tous les six mois pendant les trois années suivantes, puis tous les ans. Cet examen clinique peut être associé à des examens paracliniques dans certaines circonstances :

→ femmes ayant bénéficié d’une conisation simple : frottis cervico-utérin + colposcopie ± biopsie ;

→ femmes ayant bénéficié d’un traitement conservateur (trachéletomie ou radiochimiothérapie exclusive) : recherche d’HPV, voire IRM dans certains cas ;

→ à la demande : analyses sanguines (contrôle de la fonction hépatique), radiographie pulmonaire, scanner abdomino-pelvien, dosage et suivi du marqueur tumoral SCC, scintigraphie osseuse si des symptômes ou une anomalie à l’examen clinique suggèrent une récidive.

Attitude thérapeutique en cas de récidive

Dans quelques cas assez rares, la chirurgie reste possible mais fait appel à des interventions extrêmement mutilantes et étendues (ablation de la récidive, de la vessie, du rectum, remplacement de la vessie, voire du vagin par une chirurgie plastique) relevant d’équipes hautement spécialisées(4). Pour les femmes qui n’ont été initialement traitées que par chirurgie, un traitement de la récidive par radiothérapie peut être envisagé. En revanche, celles qui ont déjà été traitées par radiothérapie ne sont plus éligibles à ce traitement. Dans ce cas, si la chirurgie s’avère trop lourde, la chimiothérapie palliative reste le seul recours.

STRATÉGIE DE PRÉVENTION

Elle repose en prévention primaire sur la vaccination et en prévention secondaire sur le dépistage organisé (lire le sous-papier p. 41). Associées, ces deux stratégies ont permis de diminuer par quatre le nombre annuel de nouveau cas de CCU en 35 ans(3).

Prévention primaire : la vaccination

Vaccins bivalents, quadrivalents et bientôt nonavalents

Le CCU peut être prévenu par la vaccination contre l’infection par certains HPV. C’est le seul cancer pour lequel il existe depuis une dizaine d’années deux vaccins prophylactiques (le Cervarix et le Gardasil) qui préviennent l’infection par les HPV 16 et 18. Le Gardasil protège également contre deux autres génotypes (le 6 et le 11) en cause dans les condylomes acuminés (verrues génitales). La panoplie vaccinale devrait par ailleurs s’étoffer dans les mois à venir d’un troisième vaccin, le Gardasil?9 qui, en plus des génotypes 6, 11, 16 et 18, assurera une protection additionnelle contre les lésions et les infections dus aux HPV 31, 33, 45, 52, 58 permettant de couvrir 90 % des CCU. Disposant d’une AMM européenne et d’un avis du Haut Conseil de la santé publique récent (28 mars 2017) recommandant d’initier la vaccination par le vaccin nonavalent (9 valences), ce futur vaccin doit encore recueillir l’avis de la Commission de la transparence et de la Commission d’évaluation économique et de la santé publique de la HAS afin de permettre au Comité économique des produits de santé de négocier le prix avec le laboratoire en vue de sa commercialisation.

Protocole vaccinal

La vaccination étant d’autant plus efficace que les jeunes filles n’ont pas encore été exposées au risque d’infection par le HPV, les autorités de santé recommandent de les primo-vacciner avant les premiers rapports sexuels, soit entre 11 et 14 ans, et de procéder à un rattrapage vaccinal entre 15 et 19 ans révolus. Chez les jeunes filles devant bénéficier d’une greffe d’organe, la vaccination contre les HPV peut être proposée dès l’âge de 9 ans car le risque d’infections à HPV est beaucoup plus élevé chez les patients transplantés d’organe solide que chez les personnes immunocompétentes. En attendant la mise à disposition du Gardasil 9, la primo-vaccination peut être effectuée indifféremment(10) avec le Gardasil 4 ou le Cervarix, selon le schéma vaccinal suivant(11) :

→ vaccin quadrivalent (Gardasil) : entre 11 et 13 ans révolus, deux doses espacées de six mois ; entre 14 et 19 ans révolus, trois doses administrées selon un schéma zéro, deux et six mois ;

→ vaccin bivalent (Cervarix) : entre 11 et 14 ans révolus, deux doses espacées de six mois ; entre 15 et 19 ans révolus, trois doses administrées selon un schéma zéro, un et six mois.

→ vaccin nonavalent (Gardasil, non encore commercialisé(12)) : entre 11 et 14?ans révolus, deux doses espacées de six à treize mois ; entre 15 et 19?ans révolus, trois doses administrées selon un schéma zéro, deux et six mois.

La vaccination par Gardasil (4 ou prochainement 9) est également recommandée aux hommes, jusqu’à 26 ans, ayant des relations homosexuelles.

À noter : la vaccination anti-HPV peut être réalisée par un médecin, une infirmière (sur prescription médicale) ou une sage-femme, en libéral, à l’hôpital ou dans un centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd), un centre de planification familiale et certains centres de vaccination publics. Elle est remboursée à 65 %, sur prescription médicale(13).

Controverse vaccinale

Reposant sur une démarche individuelle, la vaccination anti-HPV fait l’objet de débats contradictoires, de polémiques, voire d’attaques en règle, que l’OMS et de nombreux spécialistes déplorent et dénoncent, leur imputant une baisse de la couverture vaccinale d’année en année (elle est passée de 39 % en 2011 à 18 % en 2016) et une perte de chance pour les jeunes femmes. Ainsi, lorsque huit à neuf jeunes filles sur dix sont vaccinées contre le HPV dans certains pays industrialisés (Royaume-Uni par exemple), la France en vaccine moins de deux sur dix, ce qui la place au dernier rang des pays européens(14). Une situation qui interpelle nécessairement les Idels dans leur exercice quant aux informations à connaître et à délivrer, et à la posture à adopter en réponse aux questions et aux inquiétudes des patientes.

(1) Institut national du cancer (INCa), “Les cancers en France en 2016, l’essentiel des faits et chiffres. Focus sur la généralisation du dépistage organisé du CCU” (à télécharger via bit.ly/2mxcyBX).

(2) INCa, “Les traitements du cancer invasif du col de l’utérus” (à télécharger via bit.ly/2pRfkjO).

(3) Intervention du Dr Jean-Claude Darmon, 11e rencontre de cancérologie du réseau Oncosud, Avignon, novembre 2016.

(4) Entretien avec le Pr Denis Querleu, chrirugien dans le service de chirurgie générale de l’Institut Bergonié à Bordeaux (Gironde), l’un des vingt centres régionaux de lutte contre le cancer, mars 2017.

(5) Haute Autorité de santé (HAS), “Conditions pre-analytiques de réalisation de la recherche du génome (ADN) des HPV oncogénes à partir de frottis cervico-utérins”, Rapport d’évaluation technologique, octobre 2013 (à lire via bit.ly/2os0GOI).

(6) HAS, INCa, Guide ALD “Cancer invasif du col utérin”, janvier 2010 (à lire via bit.ly/2o6D1YQ).

(7) “Les vaccins des papillomavirus humains, leur place dans la prévention du cancer du col utérin”, Rapport et recommandations, Bulletin de l’Académie nationale de médecine, 2007, 191, n° 9, 1805-1817, séance du 11 décembre 2007.

(8) INCa, “Effets secondaires de la chirurgie” (à lire via bit.ly/2pFm98M). (9) InfoCancer, “Le suivi médical”, juin 2016 (à lire via bit.ly/2oNw3H3).

(10) Toute vaccination initiée avec l’un doit cependant être menée à son terme avec le même vaccin.

(11) Ministère de la Santé, “Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2017”, mise à jour avril 2017 (à lire via bit.ly/2oLlEJH).

(12) La recommandation de recourir au Gardasil 9 pour les jeunes filles et jeunes femmes non antérieurement vaccinées “sera applicable dès lors que ce vaccin sera disponible et remboursé”, lit-on dans les recommandations vaccinales parues en avril.

(13) Vaccination infos service, en savoir plus sur la vaccination (à lire sur vaccination-info-service.fr).

(14) “Le Pr Descamps appelle les présidentiables à relancer la vaccination HPV”, Le Quotidien du médecin, 16/03/2017 (à lire via bit.ly/2ouitoz).

Cancer de l’endomètre : l’essentiel

Avec 5 000 nouveaux cas par an, le cancer de l’endomètre ou cancer du corps de l’utérus est le cancer gynécologique pelvien le plus fréquent en France. Il occupe le troisième rang des cancers féminins. Il est suspecté devant des métrorragies post-ménopausiques et une hypertrophie endométriale identifiée par échographie. Son diagnostic est confirmé par l’examen anatomopathologique d’une biopsie endométriale et le bilan d’extension, réalisé à l’aide d’une IRM pelvienne associée à une exploration IRM des aires ganglionnaires lombo-aortiques.

Lorsque le stade du cancer et l’état de la patiente le permettent, la chirurgie (hystérectomie totale associée à une salpingo-ovariectomie bilatérale) constitue le traitement de référence du cancer de l’endomètre. Le stade clinique, le type histologique et le grade déterminent la réalisation supplémentaire d’une lymphadénectomie (ablation chirurgicale des ganglions lymphatiques ) et/ou d’une omentectomie (ablation de l’épiploon, membrane constituée de graisse qui tapisse les organes de l’abdomen). Une radiothérapie externe et/ou curiethérapie adjuvante à haut débit de dose peuvent compléter la chirurgie et une chimiothérapie peut être discutée selon les cas. L’hormonothérapie n’est indiquée qu’en cas de métastases.

Le suivi, essentiellement clinique (examen au spéculum et toucher pelvien), doit être réalisé tous les quatre à six mois durant les trois premières années et une fois par an ensuite.

Dans les formes localisées, la survie à cinq ans est de 95 % et plaide en faveur d’un diagnostic précoce. Les Idels doivent ainsi encourager les patientes à se soumettre à un suivi gynécologique régulier d’autant plus important qu’il n’existe ni stratégie de dépistage, ni vaccin pour prévenir le cancer de l’endomètre.

Source : HAS, INCa, Guide ALD 2010, “Tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique ou hématopoïetique. Cancer de l’endomètre” (à lire via bit.ly/2pUeToW).

Dissocier les HPV oncogènes des autres

Parmi les papillomavirus humains (HPV), tous les génotypes ne présentent pas le même risque d’oncogénicité. Selon la classification de l’IARC (International Agency for Research on Cancer) Monograph Working Group(1), on distingue :

– les HPV oncogènes : HPV 16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58 et 59 ;

– les HPV probablement oncogènes : HPV 68 ;

les HPV possiblement oncogènes : HPV 5, 8, 26, 53, 66, 67, 70, 73, 82, 30, 34, 69, 85, 97 ;

– les HPV non classables comme oncogènes : HPV 6, 11, 42, 44, 50, 53, 83.

→ Les HPV oncogènes : l’HPV 16 est impliqué dans 57 % des cas de CCU. Il est suivi en fréquence décroissante par les HPV 18 (14 % des cas), 45 (8 %) et les HPV 31 (4 %), 33, 52, 58, 35, 59, 56 et 39(2). qLes HPV non oncogènes sont responsables d’infections ano-génitales bénignes dont les principales sont les condylomes acuminés(3) provoqués dans 90 % des cas par les HPV 6 et 11. Les lésions à HPV non oncogène régressent dans environ 20 % des cas, se stabilisent dans 50 % des cas ou s’étendent à d’autres sites (anus, vagin, col, vulve) dans 30 % des cas. Elles sont symptomatiques et récidivent fréquemment, ce qui les différencie des lésions précancéreuses. Leur prise en charge thérapeutique fait appel à des traitements immunostimulants locaux (Aldara ou imiquimod) en application locale ou à des traitements destructeurs physiques ou chimiques (laser pour les lésions étendues, crèmes, pommades pour les lésions plus localisées). Répétitifs et parfois douloureux, ces traitements retentissent sur la qualité de vie et la sexualité.

(1) Haute Autorité de santé (HAS), “Conditions pré-analytiques de réalisation de la recherche du génome (ADN) des HPV oncogènes à partir de frottis cervico-utérins”, Rapport d’évaluation technologique, octobre 2013 (à lire via bit.ly/2os0GOI).

(2) Pierre Bégué et col., “Les vaccins des papillomavirus humains, leur place dans la prévention du cancer du col utérin”, Rapport et recommandations, Bulletin de l’Académie nationale de médecine, 2007, 191, n° 9, 1805-1817, séance du 11 décembre 2007.

(3) Verrues génitales externes touchant les deux partenaires sexuels. Elles sont encore appelées “crêtes de coq” ou “végétations vénériennes” et peuvent apparaître au niveau du gland chez l’homme, et dans la zone périnéale, vaginale ou cervicale chez la femme. Leur incidence annuelle en France est estimée à 107 pour 100 000 habitants, dont 40 % des cas concernent des femmes.

Classification FIGO des CCU

→ Stade I : localisation stricte au col

– Stade IA : carcinome micro-invasif non visible macroscopiquement (profondeur d’invasion sous la basale inférieure à 5 mm ; 1A1 < 3 mm et 1A2 = 3 à 5 mm)

– Stade IB : cancer invasif visible à l’examen clinique (IB1 : lésion < 4 cm ; IB2 : lésion de plus de 4 cm)

→ Stade II : tumeur dépassant le col sans atteindre la paroi pelvienne ni le tiers inférieur du vagin

→ Stade III : cancer étendu à la paroi pelvienne et/ou au tiers inférieur du vagin et/ou ou comprimant l’uretère

→ Stade IV : tumeur étendue aux organes de voisinage (vessie, rectum et au-delà de la cavité pelvienne)

Source : HAS, INCa, Guide ALD “Cancer invasif du col utérin”, janvier 2010 (à lire via bit.ly/2o6D1YQ)

Point de vue du spécialiste

CCU et grossesse : un champ des possibles limité

« Pourrais-je envisager une grossesse malgré mon cancer ? »…

Régulièrement confronté à cette question délicate, le Pr Querleu explique pourquoi elle donne généralement lieu à des réponses peu satisfaisantes.

« Dans le cas des cancers déjà évolués au moment du diagnostic, la réponse est « non », car soit la patiente nécessite une colpohystérectomie élargie qui supprime l’utérus et anéantit toute possibilité de grossesse ultérieure, soit la tumeur n’est pas opérable car trop étendue, et le traitement par radiochimiothérapie détruit non seulement la tumeur mais aussi les tissus utérins. Dans ce cas, les chances de grossesse sont nulles car l’utérus n’est plus capable d’accueillir la formation et le développement d’une grossesse, même si on a pris la précaution de préserver les ovaires de la radiothérapie. Quant aux femmes opérées par trachélectomie, on estime que la moitié d’entre elles donneront naissance à un enfant vivant. La fragilité de la zone de jonction entre l’utérus et le vagin (elle est cerclée par des points de suture au décours de l’intervention) les expose en effet à des accouchements prématurés ou des fausses couches tardives qui justifient une surveillance de la grossesse par des maternités de niveau 3, capables de gérer une chirurgie hautement spécialisée et de très grands prématurés. »

Curiethérapie et CCU en pratique

Complémentaire à la radiothérapie externe, la curiethérapie permet d’irradier la tumeur in situ, soit à son contact (curiethérapie endocavitaire), soit directement dans la tumeur (curiethérapie interstitielle). Elle permet de délivrer des doses radioactives de césium ou d’iridium plus élevées qu’en radiothérapie externe et d’optimiser ainsi la destruction des cellules cancéreuses en préservant les organes voisins. Le choix du débit avec lequel la source radioactive est projetée conditionne les modalités de réalisation du traitement. Les curiethérapies à bas débit de dose et à débit pulsé sont les plus couramment utilisées pour traiter le CCU. Dans le premier cas, les sources radioactives sont diffusées en continu par l’intermédiaire de câbles et nécessitent une hospitalisation et un alitement en chambre protégée de 2 à 6 jours jusqu’au retrait du dispositif. Dans le cas du débit pulsé, l’irradiation est intermittente (15 à 30 minutes toutes les heures), ce qui permet à la malade de se lever, de se déplacer et de recevoir ses proches le reste du temps.

Source : INCa, “Les traitements du cancer invasif du col de l’utérus” (à télécharger via bit.ly/2pRfkjO).

Prévention secondaire

Du dépistage opportunisteau dépistage organisé

Article réalisé avec la collaboration du Dr Catherine Rumeau-Pichon, chef du service évaluation économique et santé publique à la Haute Autorité de santé, et de son adjoint le Dr Olivier Scemama.

Le CCU est le seul cancer qui bénéficie, depuis 2006, d’une prévention vaccinale associée à un dépistage permettant de détecter les cancers qui échappent à la vaccination ou qui se développent chez des femmes non vaccinées. Par ailleurs, la lenteur avec laquelle l’infection HPV évolue en cancer et l’absence fréquente de symptômes à un stade précoce de la maladie constituent des arguments qui ont conduit la HAS à recommander la mise en place d’un dépistage organisé du CCU. Retenue par le Plan cancer 2014-2019, cette proposition devrait se mettre en place sous l’égide de l’INCa d’ici le début de l’année prochaine. Pour l’heure, le dépistage opportuniste s’organise de la manière qui suit.

→ Population concernée : 17 millions de femmes âgées de 25 à 65?ans vaccinées ou non contre le HPV. Toutefois, seulement 61 % d’entre elles suivent les recommandations(1).

Moyens : réalisation d’un test cytologique par frottis cervico-utérin (FCU) associé à un examen clinique des organes génitaux externes et internes au spéculum(2).

Périodicité : tous les trois ans après deux frottis normaux à un an d’intervalle. Seules les femmes qui présentent un risque aggravé de CCU (femmes atteintes du VIH, sous traitement immunosuppresseur, exposées au Distilbène jusqu’à la troisième génération) doivent bénéficier d’un dépistage par FCU tous les ans, voire davantage en cas d’immunodépression sévère(3).

Bénéfices : le dépistage a permis de diminuer de moitié le nombre des nouveaux cas de cancers et le nombre de décès depuis vingt ans(4).

Perspectives liées au dépistage organisé : la mise en place du dépistage organisé a pour objectif d’atteindre 80 % de la population cible en touchant les femmes qui n’ont pas spontanément recours au dépistage et de réduire l’incidence et le nombre de décès par CCU de 30 % à dix ans(1). Pilotée par l’INCa, sa mise en œuvre opérationnelle reposerait sur un système d’invitation ciblée adressée uniquement aux femmes qui ne se font pas régulièrement dépister dans la tranche d’âge concernée. Cette stratégie devrait permettre de ramener vers le dépistage les femmes qui ne s’en préoccupent pas par négligence ou parce qu’elles sont éloignées du système de santé. Quant à celles qui s’y refusent par rejet de l’examen gynécologique (problème de rapport au corps, frein culturel, social ou religieux…), les réflexions en cours portent sur des modalités alternatives qui permettraient de rendre le dépistage plus accessible notamment en termes de lieux (laboratoires de biologie médicale, cabinets médicaux…) et d’acteurs (IDE dans le cadre de coopération entre professionnels) mais aussi de pratiques (test HPV versus FCU). Au regard de l’essai réalisé en Indre-et-Loire pour tester l’intérêt du kit d’autoprélèvement du test HPV (il fait accéder au dépistage 10 à 15 % de femmes supplémentaires)(5), la HAS a émis des recommandations en 2010(6). Elle devrait se prononcer dans les mois à venir sur la place que pourrait occuper le test HPV dans la stratégie de dépistage. Des orientations qui témoignent de la mobilisation active des autorités de santé pour mettre en œuvre tous les moyens de faire reculer ce cancer doublement évitable.

(1) INCa, “Les cancers en France en 2016. L’essentiel des faits et chiffres” (à télécharger via bit.ly/2oBxFRP).

(2) HAS, “Dépistage et prévention du cancer du col de l’utérus. Actualisation du référentiel de pratiques de l’examen périodique de santé (EPS)”, juin 2013 (à lire via bit.ly/2prWcNd).

(3) Réseau régional de cancérologie OncoPACA-Corse (via bit.ly/2prS8MT).

(4) INCa, “Quelques chiffres sur le cancer du col de l’utérus” (bit.ly/2oBopNE).

(5) Dr Isabelle Leroy, “CCU : le dépistage s’organise enfin”, Le Généraliste, n° 2782, 27 janvier 2017.

(6) HAS, “État des lieux et recommandations pour le dépistage du cancer du col de l’utérus en France” (à consulter via bit.ly/2pV7RAW).