Il y a un peu plus d’un an, une commune bretonne avait annoncé, faute de médecin, le recrutement d’un druide ; en mai, pour la même raison, un maire picard a interdit à ses administrés de calancher à domicile(1). Dans les deux cas, un coup de bluff parfaitement assumé pour attirer l’attention sur la désertification médicale. La voilà donc enfin, la solution : interdire la mort par arrêté, rendre légalement obligatoire l’état de complet bien-être physique, mental et social, organiser un référendum du peps, du punch et de la banane. À côté de telles initiatives, la réforme du Code du travail fomentée à coups d’ordonnances par notre nouveau président semblerait même manquer d’ambition, et son fameux slogan, En marche !, s’apparenter à un énième rappel rabougri des recommandations officielles en matière d’activité physique quotidienne. À défaut de mesures fortes contre les déserts médicaux, comme un conventionnement sélectif pour les médecins ou un corps de généralistes dépêchés sur place, ce sont donc les canulars mi-drôles mi-amers de nos élus locaux qui ont le plus d’audace, et de souffle, à défaut de réalité. Mais rire un peu de l’impossible, ça fait du bien, et provoquer peut susciter la réflexion, le débat, et peut-être, un jour, une solution. À ce propos, nous, on propose carrément que le bonheur soit inscrit dans la Constitution ! Ah non, en fait, on me dit que c’est déjà fait…(2)
(1) « Considérant le temps mis à constater un décès sur la commune (cinq heures) », justifie notamment l’arrêté du 17 mai (lien : bit.ly/2rUjKre).
(2) Dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, citée en préambule de notre Constitution.