L'infirmière Libérale Magazine n° 337 du 01/06/2017

 

ÉPIDÉMIOLOGIE

Actualité

Anne-Lise Favier  

Une cohorte épidémiologique de grande envergure, baptisée Constances, vise à suivre la santé des Français tout au long de leur vie.

RECRUTER 200 000 ADULTES : c’est, à terme, l’objectif de Constances*, un programme mené par l’Inserm, l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, l’Assurance maladie, l’Assurance retraite et le ministère de la Santé, et qui doit établir un portrait de la santé des Français. Lancée en 2012, cette cohorte épidémiologique recrute des adultes de 18 à 69 ans – déjà plus de 135 000 – pour mettre à la disposition des chercheurs une très grande base de données. Toutes les thématiques relatives à la santé – inégalités sociales, risques professionnels, vieillissement… – seront traitées, surtout parmi celles souvent oubliées des grandes études. Plusieurs rapports publiés dans les années 2000 avaient en effet mis en exergue le manque de dispositifs capables de suivre la population au long cours. Constances prend en compte tous les éléments qui peuvent influer sur la santé, pollution, environnement de travail, habitudes de vie, etc., et permet de mieux appréhender la survenue de nombreuses pathologies aux causes multifactorielles.

Les premiers enseignements commencent à voir le jour. Tout d’abord sur le volet de l’obésité, dont on voit l’évolution grimpante dans les pays développés. L’étude le confirme puisque 45 % des personnes de plus de 30 ans sont en surpoids ou obèses, et l’obésité abdominale touche plus de 40 % d’entre eux. Autre enseignement, les inégalités sociales et de la précarité, de plus en plus prégnantes : 31 % des femmes et 29,8 % des hommes en recherche d’emploi déclarent avoir renoncé aux soins contre respectivement 15 et 11 % en cas d’emploi. L’étude s’attèle aussi aux risques professionnels : parmi eux, les troubles musculo-squelettiques, touchant davantage les femmes. Une observation qui pourrait conduire à réévaluer postes de travail et outils, conçus à l’origine pour les hommes. Les soignants ne sont pas oubliés, une étude s’intéresse en effet au lien entre l’utilisation de désinfectants et le risque de diabète chez les infirmières.

* Plus d’informations sur www.constances.fr