Omerta à l’hôpital

Valérie Auslender

Cet ouvrage lance un pavé dans la mare… en espérant que l’agitation produite sur ces eaux stagnantes touche les professionnels chargés de la formation mais aussi les pouvoirs publics responsables de son organisation. Il s’attache à dénoncer les violences faites aux apprenants à l’institut de formation et en stages (à l’hôpital ou en secteur médico-social). Dans un premier temps, l’auteur présente des témoignages dont la lecture donne la nausée tant les cas sont nombreux et les faits cruels. L’expression la plus utilisée est celle de « la boule au ventre ». Au-delà de l’émotion, on peut s’interroger sur les raisons qui poussent à agir contre les valeurs de bienveillance et d’attention qui devraient sous-tendre les professions soignantes. La deuxième partie de l’ouvrage offre plusieurs analyses de ce « phénomène ancien », comme le rappelle Christophe Dejours, psychiatre, ainsi que des solutions, de l’organisation du système de santé au soutien psychologique, en passant par le respect des lois concernant le harcèlement moral, avec la dénonciation des mauvais traitements et un renforcement du partenariat entre instituts de formation et lieux de stage. La volonté de changer existe, mais il faut y mettre les moyens : former et rendre autonome un apprenant demande du temps. Pour recentrer l’attention sur ses besoins, lui donner la parole par l’évaluation de la qualité de son encadrement pourrait être un levier de changement.

→ Éditions Michalon, 320 p., 2017. 21 euros.