Afin de lutter contre l’épuisement professionnel, les techniques d’optimisation du potentiel pourraient aussi aider les infirmières, et plus seulement les athlètes et les soldats.
“Aide-toi, le ciel t’aidera.” C’est dans cette maxime millénaire que pourrait se trouver l’arme ultime contre le stress au travail. Telle semble en tout cas être l’intuition de Pascale Wanquet-Thibault, cadre de santé spécialisée dans les questions de formation. Celle-ci veut en effet importer dans les Instituts de formation en soins infirmiers les techniques d’optimisation du potentiel (TOP) mises au point par le Dr Édith Perreault-Pierre pour aider les sportifs de haut niveau et les militaires à résister à la pression. L’infirmière a présenté cette idée moins saugrenue qu’il n’y paraît lors du Salon infirmier, mi-mai.
« La profession infirmière est concernée par l’ensemble de ce qu’on appelle les risques psychosociaux », explique Pascale Wanquet-Thibault. Mais elle regrette que les réponses apportées laissent penser que les soignants sont passifs dans un environnement à risque. « Je ne dis pas que l’environnement ne recèle pas des facteurs de risque, mais je pense qu’il y en a aussi au niveau individuel », indique-t-elle.
D’où l’idée d’aider les professionnels à s’armer eux-mêmes contre les risques psychosociaux. Et, pour cela, les TOP sont, d’après Pascale Wanquet-Thibault, un outil particulièrement intéressant : faisant appel à des techniques variées (simulation, retour au calme, récupération…), elles regroupent des méthodes qui permettent au participant de se confronter aux situations qu’il va rencontrer, d’y identifier son niveau de stress, d’apprendre à ajuster et faire évoluer ses comportements…
« Ce sont des outils très opérationnels, qui partent des pratiques des professionnels pour travailler sur les facteurs de stress de leur métier. » Cerise sur le gâteau : les TOP lui semblent particulièrement adaptées à la profession infirmière. C’est pourquoi Pascale Wanquet-Thibault s’est lancée dans leur adaptation au monde du soin.
« Nous sommes en train de structurer tout cela, et les programmes sont prêts », annonce-t-elle. Un petit groupe de formateurs, comprenant notamment la fondatrice de la méthode, est constitué. L’idée est de proposer les TOP au titre de la formation continue dans un avenir très proche, avec un module de trois jours.
Par la suite, Pascale Wanquet-Thibault voudrait diffuser les TOP plus largement. « Je voudrais former un groupe d’encadrants comprenant des médecins et des cadres », explique-t-elle. Mais c’est un investissement qui demande du temps : la formation des formateurs s’effectue sur un module d’au moins onze jours. Et pourquoi pas lors de la formation initiale ? La cadre de santé dit en rêver, car elle sait que les choses que l’on apprend le plus tôt sont celles que l’on parvient à intégrer le plus facilement. « Mais ça, je n’en ai pas le pouvoir », soupire-t-elle.
La Haute Autorité de santé (HAS) vient de publier sur son site la fiche mémo “Repérage et prise en charge cliniques du syndrome d’épuisement professionnel ou burn-out” (lien : bit.ly/2s6Hnh1). Elle évoque les « particularités des soignants », « population à risque historiquement identifiée », soulignant « la pénibilité de leur travail ». « L’analyse des conditions de travail est faite prioritairement avec le médecin du travail » ou, précise la HAS, pour les personnes ne disposant pas de médecin du travail, avec le centre de consultation de pathologie professionnelle.