La Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) a organisé le 30 mars la première journée des acteurs en soins infirmiers. L’occasion d’aborder une étude d’impact d’une PCA connectée sur la triade unité de soins palliatifs/réseau de soins palliatifs/Idel.
L’ANALGÉSIE AUTOCONTRÔLÉE (PCA pour Patient Controlled Analgesia) est une technique permettant au malade de s’auto-administrer, à l’aide d’une pompe programmable, des doses prédéterminées d’antalgique par voie parentérale (intraveineuse ou sous-cutanée). Elle peut être connectée via le réseau GSM, ce qui permet une télésurveillance à domicile. Le Dr Bernard Devalois, chef de service de médecine palliative au centre hospitalier de Pontoise (Île-de-France), l’utilise dans son unité depuis quatre ans.
Ils sont environ une douzaine à pouvoir bénéficier tous les ans de cet outil connecté. Le Dr Devalois le réserve aux patients confrontés à une situation complexe sur le plan de la douleur, qui viennent du domicile et souhaitent y retourner. « La PCA connectée permet une meilleure surveillance du paramètre douloureux », explique Stéphane Bourez, infirmier, cadre de santé à l’hôpital Sainte-Périne dans le XVIe arrondissement de Paris, qui a décidé en 2015-2016, dans le cadre de son master 2 à l’École des hautes études en santé publique, de mesurer l’impact de l’usage de la PCA connectée sur les infirmières libérales et le réseau de soins palliatifs.
Lorsque le patient bénéficie de ce dispositif, il est automatiquement pris en charge par les professionnels du réseau Oncologie du Nord Ouest Francilien qui lui trouvent une infirmière libérale. « Le réseau privilégie les Idels formées à l’utilisation de la PCA connectée, précise Stéphane Bourez. Cependant, si le patient a déjà son Idel et qu’elle n’est pas formée, elle va bénéficier d’une formation accélérée par le prestataire de soins à domicile. »
Trois personnes assurent donc la surveillance de la PCA. Tout d’abord, le médecin de l’unité de soins palliatifs et l’infirmière coordinatrice du réseau (car le médecin ne peut pas toujours être présent), qui ont accès aux données par l’intermédiaire d’un logiciel sécurisé. « Quant à l’infirmière libérale, elle assure la surveillance quotidienne du patient, rapporte Stéphane Bourez. Elle a, à sa disposition, une fiche de traçabilité papier fournie par le prestataire et la remplit à chaque visite chez le patient. » L’Idel effectue aussi une évaluation de la douleur, « qui peut parfois être liée à l’angoisse », souligne-t-il. De fait, lorsque la consommation de morphine augmente, le médecin de soins palliatifs contacte l’Idel afin de comprendre si la hausse de la consommation est liée à la douleur ou davantage à un aspect psychologique. En fonction de la réponse, il peut décider de programmer une consultation en unité de soins palliatifs ou en hôpital de jour.
Le réseau de soins palliatifs est aussi présent en support pour le patient. « L’assistante sociale, la psychologue et l’infirmière coordinatrice du réseau se déplacent au domicile du patient afin de voir s’il a besoin d’une prise en charge sociale et sanitaire, par exemple pour une aide à la toilette ou le portage du repas », ajoute Stéphane Bourez. Le réseau fournit également à l’Idel des informations sur les antécédents du patient ainsi que sur le sens de la prise en charge, et lui assure un soutien car, face à un problème avec la PCA connectée, c’est au réseau de solliciter le prestataire. Par ailleurs, les professionnels d’Oncologie du Nord Ouest Francilien se rendent toutes les semaines à l’unité de soins palliatifs du centre hospitalier de Pontoise pour un staff sur les patients. En amont, les Idels leur font un retour sur la situation de ceux-ci. Ce dispositif rapproche ainsi les acteurs du soin palliatif des professionnels libéraux. « C’est le cas entre l’Idel et le médecin de soins palliatifs qui est un soutien à l’utilisation de la PCA et pour les voies de recours si le maintien à domicile devient trop difficile », rapporte Stéphane Bourez. De nombreux autres avantages peuvent être pointés du doigt. « Ce dispositif permet au patient de rester plus longtemps à son domicile », indique le cadre de santé. Il a aussi le sentiment d’être acteur de ses soins puisqu’il contrôle lui-même sa douleur.
Malgré tout, les outils de transmission entre acteurs « n’enlèvent pas forcément la crainte liée à la fin de vie au domicile ressentie par les proches, le patient et les Idels, conclut Stéphane Bourez. Il n’est en effet pas rare que la dernière semaine, le patient soit réhospitalisé. »