L'infirmière Libérale Magazine n° 338 du 01/07/2017

 

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Marie-Claude Daydé  

Monsieur V., 62 ans, souffre d’un cancer en phase avancée et souhaite être soigné chez lui jusqu’au bout. Il bénéficie de soins infirmiers quotidiens (soins de confort, pompe PCA…) par une infirmière libérale. Sous hormonothérapie, il est aussi suivi en hospitalisation de jour de cancérologie tous les quinze jours avec un suivi téléphonique de l’infirmière coordinatrice de cancérologie. En fin d’après-midi, cette dernière appelle sa collègue libérale pour la première fois pour lui demander de bien vouloir perfuser le patient le soir même, car le bilan biologique qu’elle avait effectué le matin révélait une hyponatrémie (la prescription devant être faxée à la pharmacie). À la demande de l’infirmière libérale s’inquiétant de savoir si le patient était prévenu et d’accord d’être perfusé la nuit, la collègue hospitalière lui répond : « Je lui ai téléphoné et, comme il ne répondait pas, je lui ai envoyé un mail. » Que le patient n’a pas lu, bien entendu, puisqu’il est au fond de son lit ! Se “dédouaner” de sa responsabilité juridique n’enlève rien de la responsabilité morale. Face aux outils connectés, qui peuvent faire oublier la relation de soin et incitent au “toujours plus vite” mais pas nécessairement au “toujours mieux”, il convient de garder un regard critique, car ces outils pourraient bien nous asservir ! Dommage !