Le conflit d’intérêts ne prend pas de vacances. Début juin, la Haute Autorité de santé (HAS) a rendu publiques les premières propositions élaborées par son déontologue, Daniel Ludet.
la HAS est désormais souComme d’autres autorités et organismes sanitaires
La mise en place d’un réseau de référents en déontologie dans chaque service a également été lancée. Ce réseau se réunira régulièrement afin de travailler sur ses bonnes pratiques et les difficultés rencontrées. Des modules de formation devront également être conçus à l’intention des nouveaux arrivants dans l’institution, agents comme experts. Sur le plan organisationnel, des alertes informatiques seront créées pour faciliter la mise à jour périodique des DPI, et celles-ci, qu’elles concernent les agents ou les experts œuvrant pour la HAS, seront gérées par un même agent. L’ensemble des mesures sera complété par la révision du “Guide des déclarations d’intérêts et de gestion des conflits d’intérêts” mis en œuvre depuis 2013.
Enfin, le déontologue a recommandé que les DPI soient rapprochées des données disponibles sur la base de données Transparence santé. Depuis 2012, celle-ci publie les avantages, conventions et rémunérations perçues par les professionnels de santé, étudiants, associations, ordres, etc., à partir des déclarations produites par les industriels de la santé et des cosmétiques. Mais le rapprochement n’était pas fait jusqu’à présent. « En effet la HAS ne dispose pas, et ne souhaite pas disposer de pouvoirs d’investigations », souligne Florence Aubin, chef du service presse de l’institution. En tout état de cause, le dispositif repose donc sur la volonté de chacun de respecter ses obligations légales. « Mais une DPI non actualisée, c’est l’impossibilité pour un expert de retravailler avec nous », souligne Daniel Ludet. Et le magistrat honoraire de rappeler qu’il existe des sanctions pénales à une déclaration mensongère ou omissive, celle-ci pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
* Oniam, ANSM, INCa, INPES, EPRUS, Établissement français du sang, Agence de la biomédecine, Agence nationale de santé publique, ANSES, sont soumis à la même obligation. Ce recrutement répondà une obligation créée par la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé.
Pour vérifier les liens d’intérêts d’un professionnel de santé, la base Transparence santé est utile, mais pas suffisante. D’autres industries peuvent tenter d’influer sur les professionnels du soin.
En témoigne le procès mené début juin à l’encontre de Michel Aubier, pneumologue, pour “faux témoignage sous serment”. Ancien chef de service à l’hôpital Bichat (Paris, AP-HP), celui-ci avait témoigné en 2015 devant une commission d’enquête sénatoriale, minimisant les effets du diesel sur la santé. Il avait déclaré n’avoir aucun lien d’intérêts avec les acteurs économiques concernés, alors qu’il était employé par Total comme médecin-conseil. 30 000 € d’amende ont été requis contre lui. La décision était attendue pour le 5 juillet.
Les travaux de la sous-section des médecins généralistes, instance de la Commission scientifique indépendante des médecins, chargée entre autres d’évaluer les programmes à l’Agence nationale du DPC, sont au point mort depuis fin mars. En cause, la mise au jour de conflits d’intérêts de trois titulaires et trois suppléants, sur les 24 membres titulaires et suppléants que compte la sous-section, puisqu’ils siègent toujours au sein de différents conseils d’administration d’organismes DPC alors que la mission de la sous-section est justement d’évaluer la qualité des actions proposées par ces prestataires… Présidé par Édouard Couty, le comité d’éthique de l’ANDPC a estimé que ces médecins devraient démissionner ou, au moins, ne pas évaluer des actions de formation destinées à des généralistes. Mais les médecins concernés campent sur leur position. Arguant d’une iniquité de traitement, la sous-section des médecins des autres spécialités a également suspendu ses évaluations. Le dossier est suffisamment sensible pour qu’il soit désormais traité par le cabinet de la ministre de la Santé.
Françoise Vlaemÿnck