Cahier de formation
Savoir
Deuxième cause de décès par cancer en France chez l’homme et troisième chez la femme, le cancer colorectal se développe à partir de tumeurs généralement bénignes, les polypes. Le dépistage à un stade précoce permet de guérir ce cancer dans neuf cas sur dix.
Le côlon et le rectum forment le gros intestin, qui s’étend de la valvule iléocæcale à l’anus (voir l’illustration ci-dessous). Le gros intestin comprend cinq zones : le côlon droit ou ascendant, commençant au cæcum et reliant le côlon à l’intestin grêle, le côlon transverse, le côlon gauche ou descendant, le côlon sigmoïde et le rectum.
Le côlon mesure environ 1,5 mètre. Il abrite la majeure partie de la flore intestinale. Grâce à ses capacités motrices et de réabsorption hydrosodée, sa fonction principale est d’assurer une déshydratation progressive de l’effluent iléal, aboutissant à la formation des fèces.
Les parois du côlon et du rectum sont formées d’une muqueuse repliée sur elle-même pour former des courtes villosités et des cryptes abritant différentes glandes : glandes à mucus, glandes de Lieberkühn, etc.
Selon la localisation des tumeurs colorectales, on parle de cancer du côlon (tumeurs se situant à plus de 15 cm de la marge anale) ou de cancer du rectum (tumeurs à moins de 15 cm de la marge anale). Environ 30 à 40 % des cancers colorectaux touchent le rectum, et 60 % touchent le côlon, principalement au niveau du côlon sigmoïde.
Le diamètre du côlon droit étant plus grand que celui du côlon gauche, l’obstruction de la lumière colique demande plus de temps, ce qui explique le diagnostic généralement plus tardif du côlon droit. En d’autres termes, la tumeur grossit, mais comme le côlon est plus grand, elle l’obstrue et provoque des symptômes plus tardivement. En cas d’obstruction du côlon gauche, une distension du cæcum est possible avec atteinte ischémique, ce qui peut entraîner dans le cas le plus grave une perforation du cæcum.
Les cancers du côlon apparaissent à partir de polypes, excroissances charnues ou planes qui se développent à la surface la plus superficielle (la muqueuse) de la paroi interne du côlon et du rectum. Il existe différents types de polypes. Certains n’évoluent pas et resteront toujours bénins : polypes hyperplasiques, polypes hamartomateux et polypes inflammatoires. D’autres peuvent devenir progressivement des tumeurs cancéreuses. Ce sont les polypes adénomateux, appelés aussi adénomes. Ils représentent 80 % des polypes.
Le plus souvent, les adénomes sont millimétriques, et ont un diamètre inférieur à 1 cm. Les adénomes avec un diamètre de plus de 1 cm sont les adénomes à risque de transformation cancéreuse après un long processus biologique d’environ dix ans. Seuls trois adénomes sur dix évoluent en cancer. Le risque de transformation d’un adénome en cancer varie selon sa taille, l’importance de la composante villeuse au sein de l’adénome et du degré de dysplasie. On distingue notamment trois types d’adénome (voir le tableau ci-contre).
80 % des cancers colorectaux se développent à partir d’un adénome. Les adénocarcinomes les plus fréquents (95 %) se développent à partir de l’épithélium lieberkühnien. Mais il existe d’autres formes rares comme les adénocarcinomes mucineux ou colloïdes muqueux, et les adénocarcinomes dits à “cellules indépendantes” ou en “bague à chaton”.
Les tumeurs carcinoïdes (moins de 1,5 % des cancers colorectaux) se développent à partir de cellules nerveuses digestives. Les sarcomes se développent à partir du tissu stromal ou conjonctif, les vaisseaux lymphatiques, les structures nerveuses, etc. Les lymphomes, quant à eux, se développent dans les organes lymphoïdes.
Le côlon et le rectum peuvent être envahis par des métastases provenant d’un cancer situé dans un autre organe du corps (comme l’ovaire, le poumon, la prostate, le sein ou l’estomac).
Le cancer colorectal est le cancer le plus fréquent, tout sexe confondu. Le nombre de nouveaux cas en 2012 a été évalué à 23 200 chez l’homme et 18 900 chez la femme.
L’incidence a augmenté depuis 2000 en raison de l’augmentation de l’espérance de vie et du développement des campagnes de dépistage.
Le cancer colorectal est la deuxième cause de décès par cancer chez l’homme (9 200 décès par an), derrière le cancer du poumon (21 300). Chez la femme, le cancer colorectal se positionne au troisième rang derrière le cancer du sein (11 800).
Le taux de mortalité décroît progressivement grâce aux progrès des traitements.
Lorsque le cancer colorectal est dépisté à un stade précoce (stade I, atteinte superficielle de la paroi intestinale), le taux de survie à cinq ans dépasse 90 % alors qu’il n’est que de 11 % en cas de métastases à distance.
95 % des cancers colorectaux se déclarent après 50 ans et 46 % après 74 ans. L’âge moyen du diagnostic est de 70 ans.
Le risque est multiplié par trois si la personne a déjà eu un cancer du côlon. Une femme ayant été atteinte d’un cancer de l’endomètre, de l’ovaire ou du sein présente également un risque accru de cancer colorectal.
Près de 10 à 15 % des cancers colorectaux surviennent chez des personnes avec des antécédents familiaux. Le risque est deux à deux fois et demi plus élevé lorsqu’un membre de la famille au premier degré (parent, frère, sœur) a déjà eu un cancer colorectal. Cette prédisposition n’est pas forcément d’origine héréditaire. Elle peut être liée à des habitudes de vie ou une exposition à une substance carcinogène.
Deux formes de cancers colorectaux sont associées à des anomalies génétiques : la polypose adénomateuse familiale et le syndrome de Lynch. La polypose adénomateuse familiale est causée par une mutation génétique du gène APC (Adenomatous Polyposis Coli) et est responsable de moins de 2 % des cancers colorectaux
La sédentarité, l’inactivité physique et le surpoids, une alimentation riche en graisses animales, la consommation d’alcool et de tabac, une alimentation trop calorique, une alimentation pauvre en fibres végétales, une consommation importante de viande rouge sont associés à un risque accru.
Le risque de cancer est lié à la durée d’évolution de la maladie de Crohn et de la rectocolique hémorragique (le risque augmentant après dix ans d’évolution) ainsi qu’à l’étendue de l’inflammation de la muqueuse colorectale.
Si le diagnostic est tardif (70 ans en moyenne), une détection plus précoce est pourtant possible. De fait, quelque 80 % des cancers colorectaux se développeraient à partir d’un polype adénomateux
Les polypes volumineux (adénomes avancés) et les cancers colorectaux sont fréquemment sujets à des saignements. Ceux-ci sont souvent invisibles (saignement occulte) mais peuvent être détectés par la recherche de sang occulte dans les selles à l’aide d’un test immunologique (OC-Sensor).
Dans le cadre du dépistage organisé, ce test est proposé tous les deux ans aux personnes de 50 à 74 ans à niveau de risque modéré.
→ Chez les patients à risque élevé, une coloscopie est préconisée tous les cinq ans, dès 45 ans ou cinq ans avant l’âge de découverte du cancer dans les cas familiaux.
→ Chez les patients à risque très élevé, un suivi spécifique précoce, à intervalles réguliers, est nécessaire.
Très longtemps asymptomatique, le cancer colorectal peut néanmoins se révéler par :
→ un inconfort ou une gêne abdominale (ballonnements, crampes, douleurs, etc.) ;
→ des saignements : les selles sont mêlées ou recouvertes de sang rouge (rectorragies), ou noir et très foncé (méléna) ;
→ des sécrétions glaireuses ;
→ des troubles ou une modification du transit intestinal : une constipation soudaine ou qui s’aggrave, une diarrhée prolongée, une augmentation du volume abdominal, des besoins impérieux et fréquents, une tension au niveau du rectum, une sensation d’évacuation incomplète, des vomissements. Les troubles du transit sans cause apparente sont d’autant plus évocateurs qu’ils sont survenus ou se sont modifiés récemment ;
→ un essoufflement ou des douleurs thoraciques (dus à l’anémie et à la fatigue) ;
→ un amaigrissement involontaire ou une fatigue inhabituelle.
Tous ces symptômes ne sont pas spécifiques. Au fur et à mesure que la tumeur grossit, ces symptômes peuvent s’aggraver et conduire à :
→ une altération de l’état général (perte d’appétit, amaigrissement, fatigue…) ;
→ des douleurs au niveau des localisations métastatiques ;
→ une complication au niveau de la tumeur colorectale (occlusion intestinale, hémorragie avec déglobulisation, voire perforation intestinale avec péritonite - c’est la tumeur qui saigne, il y a ulcération des vaisseaux).
À noter : les polypes ne provoquent habituellement pas de symptôme.
Le bilan diagnostic repose en premier lieu sur l’examen clinique (qui peut mettre en évidence une masse palpable au niveau abdominal ou au toucher rectal), puis une exploration du côlon et du rectum par coloscopie (lire l’encadré ci-dessus) qui permet de confirmer la présence d’une lésion et de la localiser. Une biopsie suivie d’un examen anatomopathologique permet d’affirmer la présence du cancer et de déterminer le type histologique tumoral.
Il sert à évaluer la propagation du cancer aux organes proches et/ou lointains. Il définit le stade du cancer (voir le tableau p. 38) et ainsi les modalités thérapeutiques chirurgicales et médicales adaptées. Les principaux examens sont :
→ l’examen anatomopathologique de la pièce opératoire colorectale obtenue après la chirurgie, afin de déterminer si les ganglions lymphatiques juxta-tumoraux (régionaux) sont envahis par des cellules cancéreuses ;
→ le scanner du thorax, de l’abdomen et de la région pelvienne afin de rechercher d’éventuelles métastases ;
→ une IRM de la région pelvienne ou du foie est parfois proposée ; plus rarement, un TEP Scan est prescrit en complément d’exploration.
Les deux principales armes thérapeutiques sont la chirurgie et la chimiothérapie. La radiothérapie n’est généralement pas indiquée dans le cancer du côlon, elle est réservée pour certains cas de cancer du rectum. Quant aux thérapies ciblées, elles sont proposées dans le cadre du traitement des formes métastatiques (stade IV). Le choix du traitement doit prendre en compte le type histologique de la tumeur, son extension, sa localisation mais aussi les symptômes, l’état général, l’âge et les antécédents médicaux du patient. De façon plus récente, des analyses biologiques et moléculaires de la tumeur sont réalisées afin de proposer certaines thérapies ciblées en fonction de l’existence de certaines mutations génétiques spécifiques de la tumeur.
La chirurgie, traitement de référence, consiste à retirer la portion du côlon comprenant la tumeur (colectomie).
Il existe deux techniques :
→ la laparotomie qui consiste à ouvrir la cavité abdominale pour retirer la tumeur et le réseau de ganglions lymphatiques correspondant ;
→ la cœlioscopie ou laparoscopie est une technique plus récente à ventre fermé, qui consiste à réaliser trois ou quatre petites incisions au niveau du ventre pour introduire des petits instruments chirurgicaux et une mini-caméra reliée à un écran extérieur que le chirurgien regarde pour opérer. Ces voies d’abord mini-invasives permettent une diminution de la douleur et des complications après l’intervention, une récupération plus rapide du transit, une diminution du séjour hospitalier, et donc des frais d’hospitalisation réduits, ou encore de préserver la paroi abdominale avec un bénéfice esthétique (pas de grande cicatrice).
Il est parfois nécessaire de prévoir une petite ouverture ou stomie (stoma en grec signifie “bouche”) pour évacuer et dériver les selles lorsqu’elles ne peuvent pas l’être par les voies naturelles. On parle de colostomie si c’est le côlon qui est relié à la peau, et d’iléostomie si c’est l’iléon. Les selles sont alors recueillies dans une poche spéciale (lire la partie Savoir faire p. 44).
Généralement provisoire, la stomie est indiquée dans deux cas :
→ le chirurgien décide de ne pas réaliser tout de suite la “jonction” (anastomose) entre les deux segments digestifs, car il existe trop d’inflammation dans l’abdomen et le risque d’une mauvaise cicatrisation est important ;
→ le chirurgien réalise une “jonction” entre le côlon gauche et le rectum, par exemple après résection du côlon sigmoïde, mais cette jonction est fragile. Il peut réaliser une iléostomie, c’est-à-dire qu’il va suturer l’iléon à la peau pour dériver de manière temporaire les selles afin d’éviter leur passage au niveau de la zone opérée et permettre ainsi sa cicatrisation optimale.
Après six à douze semaines, une nouvelle opération est programmée pour refermer la stomie.
Dans certains cas de cancer rectal, en particulier s’il faut retirer le sphincter rectal, la colostomie peut être définitive.
Parfois, le cancer est découvert à cause d’une occlusion intestinale : en grossissant, la tumeur bloque le passage des selles et des gaz à l’intérieur du côlon.
En urgence, l’intervention consiste :
→ soit à réaliser une colostomie temporaire afin de dériver les selles et de comprimer rapidement le côlon en évacuant les selles et les gaz. Une deuxième intervention peut être programmée plus tard pour retirer la tumeur et rétablir la continuité digestive ;
→ soit à retirer la portion du côlon atteinte directement. Lors de l’opération, un lavage du reste du côlon est effectué et la continuité du transit assurée si le côlon n’est pas trop endommagé ou dilaté. Si le côlon est endommagé ou dilaté, une colostomie temporaire est nécessaire. Une dernière intervention est alors programmée quelques mois plus tard pour refermer la stomie ;
→ soit à réaliser une résection du côlon dans sa totalité, par exemple dans le cas d’une tumeur du côlon gauche qui provoque une distension du côlon droit trop importante avec des lésions à la limite de la perforation. Une anastomose est réalisée entre l’iléon et la partie haute du rectum.
La prothèse colique : elle est parfois utilisée par certaines équipes, pour éviter une chirurgie d’urgence chez des patients trop fragiles ou instables. Il s’agit d’un tube métallique auto-expansible mis en place lors d’une coloscopie.
Son utilité et son efficacité dépendent du stade du cancer (voir le tableau page ci-contre). Généralement, seuls les cancers qui sont étendus au-delà de la paroi du côlon sont traités par chimiothérapie. Elle est réalisée à l’hôpital ou en hospitalisation à domicile.
Les cytotoxiques employés sont notamment le 5-fluorouracile (5-FU, généralement associé à l’acide folinique qui accroît son efficacité) ; l’oxaliplatine (forme injectable) ; la capécitabine (il s’agit de comprimé de 5-FU) ; l’irinotécan (forme injectable) et le raltitrexed (pour les personnes qui ne tolèrent pas le 5-FU, souvent en raison de contre-indications cardiaques).
En situation adjuvante, après l’intervention chirurgicale, et donc dans un contexte curatif, le traitement de référence est le protocole Folfox 4 (5-FU, acide folinique, oxaliplatine). En cas de contre-indication, on a recours au LVFU2 (5-FU et acide folinique en perfusion intraveineuse) ou au 5-FU oral (capécitabine). Ce traitement a pour objectif d’éradiquer la “potentielle” maladie micrométastatique, permettant de réduire le risque de rechute et d’augmenter la survie des patients.
Existe également le régorafénib, dans le cancer colorectal métastatique chez des patients préalablement traités ou non éligibles aux traitements disponibles.
Les molécules de chimiothérapie présentent des toxicités différentes et donc des effets secondaires spécifiques.
Les effets indésirables sont essentiellement hématologiques, neurologiques et digestifs (nausées et vomissements). L’atteinte neurologique se caractérise par une neuropathie périphérique sous forme de dysesthésies ou de paresthésies, aggravées par l’exposition au froid et le plus souvent régressives à l’arrêt du traitement. Le patient doit signaler au médecin l’apparition de fourmillements, d’engourdissements dans les extrémités ou parfois dans la gorge, de difficultés à marcher ou à saisir un objet. Les symptômes étant majorés par le froid, éviter les jours suivant la chimiothérapie de saisir des objets froids sortant du réfrigérateur ; l’hiver, porter des gants et des chaussettes épaisses. Cette toxicité neurologique est cumulative et, dès que les symptômes sont permanents et/ou invalidants, l’oxaliplatine sera interrompue.
Par ailleurs, le risque d’oto- et néphrotoxicité est moindre qu’avec les autres sels de platine.
Outre une toxicité hématologique, il peut être à l’origine d’une toxicité cardiaque (ischémies myocardiques, troubles du rythme), de troubles digestifs (nausées, diarrhées, mucites, stomatites) et d’un syndrome main-pied (dessèchement de la paume des mains et des pieds, picotements, rougeurs, voire apparition de cloques et, à des stades sévères, d’œdèmes et d’ulcérations). En prévention, il faut éviter tout traumatisme des mains et des pieds (port de gants pour les travaux ménagers, chaussures confortables…) et appliquer régulièrement des topiques émollients sur les mains et les pieds. La prévention des mucites repose sur une bonne hygiène bucco-dentaire.
Les effets indésirables de cette molécule utilisée par voie orale (administration biquotidienne) sont similaires à ceux du 5-FU, avec notamment une plus grande fréquence du syndrome main-pied.
Il peut être à l’origine d’une neutropénie, d’une diarrhée parfois sévère, d’une mucite et d’une alopécie dans 10 à 20 % des cas. Bien suivre les recommandations médicales en cas de survenue d’une diarrhée (traitement symptomatique type lopéramide, hydratation suffisante, éviter les aliments riches en fibres, etc.).
Il est surtout à l’origine d’une toxicité hématologique et digestive (diarrhées, mucites).
Administré par voie orale, il est à l’origine d’une toxicité importante : syndrome main-pieds, troubles hépatiques, hémorragies, infections, ischémie cardiaque, hypertension artérielle, rash cutané, stomatite.
La radiothérapie est le traitement de première intention des tumeurs du rectum localement avancées les plus distales, c’est-à-dire situées à 10 cm ou moins de 10 cm de la marge anale. Cette radiothérapie est couplée à une chimiothérapie radiosensibilisante par capécitabine et dure environ cinq semaines. Elle a un double objectif : le contrôle évolutif de la tumeur (et donc la régression en taille de cette tumeur) et la conservation du sphincter anal. Cet objectif est atteint pour 80 % des cancers du canal anal traités par radiothérapie
La radiothérapie peut induire une irritation de la peau, des diarrhées ou des douleurs abdominales, une cystite, une ménopause précoce. Une fatigue est très fréquente.
Les réactions cutanées induites par la radiothérapie (ou radiodermites) sont classées en différents stades de gravité allant de l’érythème avec desquamation sèche (parfois troubles de la pigmentation, télangiectasies, atrophie cutanée…) à une desquamation suintante, voire une ulcération. En prévention, il est recommandé d’hydrater quotidiennement la peau mais pas avant les séances de radiothérapie (risque de brûlures), de porter des vêtements amples pour éviter toute irritation au niveau de la zone concernée. Il ne faut pas exposer la zone irradiée au soleil l’année qui suit les rayons.
Par ailleurs, une alimentation pauvre en fibres (légumes verts…) et en corps gras (sauces, fritures…), à débuter dès le début de la radiothérapie abdominale, est recommandée pour limiter la diarrhée. Des antispasmodiques et/ou des antidiarrhéiques peuvent être prescrits par le médecin si besoin. Les nausées et vomissements, fréquents, nécessitent d’adapter son alimentation (fractionner les repas, consommer froids ou tièdes des aliments peu odorants…). Boire suffisamment pour limiter les symptômes de la cystite radique.
Elles sont utilisées en association avec la chimiothérapie pour les cancers colorectaux métastatiques, donc de stade IV.
Les trois principales molécules utilisées, faisant partie de la famille des anticorps monoclonaux, sont le bévacizumab (Avastin), le cétuximab (Erbitux) et le panitumumab (Vectibix).
Le bévacizumab détruit les vaisseaux sanguins qui irriguent la tumeur, bloquant l’apport d’oxygène et de nutriments indispensables au développement des cellules cancéreuses afin assurer la survie et la croissance tumorale. Une surveillance de la pression artérielle est nécessaire durant le traitement. Le cétuximab et le panitumumab agissent en bloquant le récepteur à l’EGF (Epidermal Growth Factor), exprimé à la surface des cellules cancéreuses et impliqué dans leur prolifération et leur survie prolongée.
Ces deux médicaments ne sont indiqués que chez certains patients, selon le profil moléculaire de la tumeur (molécules spécifiques synthétisées dans la tumeur) (lire le point de vue ci-dessous). Ils peuvent être à l’origine de réactions cutanées sévères (acné, hypersensibilité…), d’affections oculaires, de troubles cardiovasculaires et de complications pulmonaires pour le panitumumab.
(1) F. Binder-Foucard, A. Belot, P. Delafosse, L. Remontet, A.S. Woronoff, N. Bossard, “Estimation nationale de l’incidence et de la mortalité par cancer en France entre 1980 et 2012. Partie 1 – Tumeurs solides”, Institut de veille sanitaire, 2013 (via le lien raccourci bit.ly/2iEavXk).
(2) Haute Autorité de santé, “Le cancer colorectal : importance d’une prise en charge partagée”, (via le lien raccourci bit.ly/2rdcMgZ).
(3) bit.ly/2ru7eCS (Ligue contre le cancer).
(4) bit.ly/2ryBh7W (Institut national du cancer, INCa).
(5) bit.ly/2rjgeXG (INCa).
(6) bit.ly/2rjo7vV (Société savante des maladies et cancers de l’appareil digestif).
→ Le risque modéré est celui de la population générale (entre 50 et 74 ans, le risque d’avoir un cancer colorectal est estimé à 3,5 %).
→ Le risque élevé concerne les individus ayant des antécédents personnels (maladie de Crohn et rectocolite hémorragique, cancer colorectal, acromégalie, adénome supérieur à 10 mm, ou exérèse d’au moins deux adénomes) et/ou familiaux (cancer colorectal chez un parent de premier degré avant 65 ans, adénome supérieur à 10 mm chez un parent de premier degré).
→ Le risque très élevé concerne les personnes ayant des antécédents familiaux de type syndrome de Lynch ou polypose adénomateuse familiale.
En ambulatoire, sous anesthésie générale dans la majorité des cas. Une préparation au domicile est nécessaire pour faciliter l’observation du côlon au moment de l’examen en le vidant des matières fécales. Un régime sans résidus est nécessaire durant généralement les trois jours précédant la coloscopie. Les aliments autorisés sont notamment : viandes, volailles sans matières grasses, œufs, poissons, jambon blanc, pâtes, riz blanc, pomme de terre sans la peau, fromages à pâte cuite, biscottes au froment, gâteaux secs. Les aliments interdits sont entre autres : fruits, légumes, lait, yaourts, fromage blanc, pain, jus de fruits. Ce régime est suivi, la veille de l’examen, d’une purge intestinale (par la prise d’un médicament) et, à partir du soir, d’un jeûne.
Tout trouble ou modification du transit inexpliqué, d’installation récente et durable, a fortiori chez un patient de plus de 45-50 ans, doit amener à consulter son médecin.
20 à 25 % des patients sont diagnostiqués initialement avec des métastases.
20 à 25 % des patients opérés en développeront au cours de leur suivi.
Source : Institut Curie, “Les cancers digestifs à l’Institut Curie : de la prise en charge précoce à la recherche”, février 2013 (à lire via bit.ly/2srHRRo)
Inciter en particulier les patients ayant eu un cancer colorectal et ceux à risque (antécédents familiaux…) à intégrer de bonnes habitudes d’hygiène de vie :
→ augmenter la consommation de fibres alimentaires : légumes verts, légumes secs et céréales peu transformées (400 g par jour) ;
→ augmenter la consommation de laitages (la consommation de lait sans excès est associée de manière probable à une diminution du cancer colique) ;
→ augmenter l’activité physique (par exemple 30 minutes par jour, cinq jours par semaine). Le pourcentage de diminution du risque de cancer du côlon en fonction du type d’activité physique varie de 18 à 29 %.
Source : Haute Autorité de santé, “Dépistage et prévention du cancer colorectal”, 2013 (bit.ly/2sXNxki).
Quelles sont les techniques pour retirer les polypes ?
Le choix des techniques d’ablation dépend de l’emplacement, de la taille, du type et du nombre de polypes. Deux options sont possibles.
→ Ablation du ou des polypes au cours d’une coloscopie : les adénomes tubuleux (voir tableau p. 35) sont faciles à enlever au cours d’une coloscopie à l’aide d’une anse métallique flexible qui permet de sectionner le pied du polype. L’intervention a lieu en ambulatoire. Dans le cas d’adénomes volumineux, l’intervention peut nécessiter une ou deux journées d’hospitalisation.
→ Ablation de la partie du côlon ou du rectum où se trouvent les polypes pour retirer les adénomes plans qui reposent à plat sur la paroi du côlon et du rectum, et qui sont parfois très étendus.
Trois facteurs nutritionnels sont impliqués de façon convaincante dans la survenue d’un cancer colorectal : la consommation d’alcool, le surpoids ou l’obésité et la consommation de viandes et de charcuteries.
→ Surpoids ou obésité
Une augmentation de l’indice de masse corporelle de 5 kg/m2 entraîne une augmentation de 15 % du risque de cancer colorectal.
→ Alcool
Un verre de boisson alcoolisée par jour augmente de + 9 % le risque de cancer colorectal.
→ Viande rouge et charcuterie
Une portion de viande rouge (bœuf, veau, mouton, agneau, porc, chèvre) 100 g chaque jour et de charcuterie de 50 g chaque jour augmente repectivement de 29 % et de 21 % le risque de survenue de cancer colorectal. De manière générale, ne pas dépasser 2 500 g de viande rouge par semaine.
NB : le tabac augmente le risque de cancer colorectal d’autant plus qu’il est important et ancien. Il est classé cancérogène de groupe 1 par le Centre international de recherche sur le cancer avec des preuves convaincantes pour les cancers colorectaux.
Source : Haute Autorité de santé, “Dépistage et prévention du cancer colorectal”, 2013 (bit.ly/2sXNxki).
« Aujourd’hui, grâce au progrès de la biologie et au développement de nouveaux outils d’analyse moléculaire, il est possible de r les tumeurs en différents groupes selon leurs profils et leur caractéristiques biologiques et moléculaires. Une telle classification ouvre la voie à des traitements personnalisés plus efficaces car adaptés au profil moléculaire de chaque tumeur pour chaque patient. Certaines anomalies moléculaires ont déjà été repérées dans le cancer du sein, du rein ou du poumon. Des outils thérapeutiques ciblant ces anomalies ont déjà été développés. Nous commençons maintenant à les proposer aux patients ayant un cancer colorectal métastatique en échec thérapeutique, ayant ces mêmes anomalies moléculaires. L’autre grand axe de progrès récent vient de l’immunothérapie (anticorps anti-PD1 ou anti-PDL1), particulièrement efficace dans des formes de cancer colorectal métastatiques que l’on dit instables sur le plan génétique, donc plus immunogènes que les autres tumeurs colorectales. Ces formes touchent entre 5 et 10 % des patients atteints d’un cancer colorectal. L’objectif principal de l’immunothérapie est de reprogrammer et de restaurer efficacement le fonctionnement du système immunitaire, première barrière contre le développement des cellules cancéreuses, en empêchant l’interaction entre ces cellules cancéreuses et les cellules immunitaires du patient. Enfin, les résultats de l’étude IDEA (International Duration Evaluation of Adjuvant chemotherapy) attendus courant de l’année 2017 pourraient bouleverser prochainement la prise en charge post-opératoire des cancers colorectaux opérés nécessitant un traitement adjuvant. L’objectif de cette étude menée auprès de plus de 10 000 patients est de comparer l’efficacité d’un traitement adjuvant (à base d’oxaliplatine) qui dure six mois actuellement, avec le même traitement pour une durée de trois mois. Ce qui pourrait tout changer, vis-à-vis de la toxicité neurologique limitante de l’oxaliplatine à laquelle sont exposés les patients en cours de traitement. »