Quelque 22 millions de Français sont concernés par l’insuffisance veineuse et ses complications (troubles trophiques, ulcères veineux, thrombose veineuse). Les articles de compression constituent le traitement de base des affections veineuses chroniques.
Bien que souvent confondus et utilisés à tort l’un à la place de l’autre, ces deux termes ne sont pas synonymes.
→ La contention est exercée par un tissu inélastique (bande) et n’agit pas lorsque les membres inférieurs sont au repos.
→ La compression est exercée par un tissu élastique (bande ou bas) actif à la marche et au repos. Il est en général conseillé de la retirer la nuit.
La compression favorise le retour veineux et augmente la vitesse circulatoire par le biais de différents mécanismes :
→ en comprimant le revêtement cutané, la compression exerce une pression tissulaire puis vasculaire. La compression des veines superficielles facilite l’évacuation du sang vers le réseau veineux profond via les veines perforantes puis sa remontée vers le cœur ;
→ la compression diminue le calibre des veines et s’oppose à la stase veineuse ;
→ elle permet également le retour de liquides stagnant dans les compartiments extra-vasculaires vers les veines (effet anti-œdémateux).
La compression permet donc de diminuer les sensations de jambes lourdes, les œdèmes et les douleurs liées à l’insuffisance veineuse, d’accélérer la cicatrisation d’ulcères veineux et de prévenir ou traiter les thromboses veineuses, mais aussi de prévenir ou corriger une hypotension orthostatique.
La compression est indiquée dans les pathologies veineuses et les problèmes lymphatiques mais ne s’applique pas sur le système artériel (risque d’aggravation car elle majore l’ischémie).
Elle est contre-indiquée :
→ en cas d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs avec index de pression systolique (rapport entre la pression systolique mesurée à la cheville et celle mesurée au bras) inférieur à 0,6 ;
→ en cas de microangiopathie diabétique (articles exerçant une pression supérieure à 30 mm Hg) ;
→ en cas de thromboses septiques ;
→ en cas de Phlegmatia coerulea dolens (thrombose veineuse profonde accompagnée d’une cyanose due à un spasme artériel) ;
→ en cas d’insuffisance cardiaque décompensée ;
→ en cas de dermatose suintante ou eczématisée ;
→ en cas d’intolérance à l’article de compression.
→ On distingue les bas-jarrets (ou chaussettes) s’arrêtant sous le genou, les bas-cuisses ou bas “classiques” (auto-fixants ou non), s’arrêtant à la racine des cuisses, et les collants.
→ Les articles de compression exercent une pression dégressive à partir de la cheville : la pression est maximale à la cheville puis décroît le long de la jambe, elle est non significative au-dessus du genou. Ainsi, dans un rapport de 2010, la Haute Autorité de santé a précisé qu’il n’y a pas de différence d’efficacité démontrée entre les différents types de bas. Un bas-jarret est aussi efficace qu’un bas-cuisse ou qu’un collant. Le choix d’un article par rapport à un autre dépend donc davantage du confort et des habitudes vestimentaires du patient.
→ Il existe des articles avec pointes de pied ouvertes, parfois jugés plus confortables par les patients, car ils ne présentent pas de couture pouvant frotter dans les chaussures.
En fonction de la pression exercée au niveau de la cheville par les bas, on distingue quatre classes de bas, dont les indications varient (voir le tableau).
→ Les bas sont constitués de fibres élastiques (élasthane ou élastodiène) mélangées à d’autres fibres naturelles (coton, soie, bambou, lin, laine mérinos) ou synthétiques (polyamide, micro-fibre). Certains fils sont “guipés”, c’est-à-dire enrobés avec d’autres fibres textiles comme le coton ou le polyamide pour donner des textures alliant fibre naturelle et microfibre de type micro-coton ou micro-laine.
→ Le coton est bien toléré, en particulier en période de chaleur, hypoallergénique et doux. La soie est appréciée pour son élasticité, sa douceur au toucher, sa brillance et son effet thermorégulateur. La microfibre est une texture souple, qui présente l’avantage d’être facile à enfiler.
→ Il existe des modèles masculins. À noter, pour les femmes, qu’il existe des textures transparentes avec des motifs (losanges, diagonales, lignes…) et différents coloris.
Au domicile du patient, l’Idel peut être amenée à prendre les mesures permettant de déterminer la taille de l’article de compression, lorsque le patient ne peut se déplacer lui-même à la pharmacie qui délivrera les bas. Dans son exercice quotidien, elle est également amenée à prodiguer des conseils pour favoriser une bonne observance du traitement compressif, ainsi que pour enfiler les bas et les entretenir.
→ La prise de mesures est primordiale car, si la taille des articles est mal adaptée, les bas glissent (et peuvent induire des irritations) ou font des plis à l’origine de strictions et/ou ne sont pas portés par les patients. Les mesures se prennent préférentiellement le matin (le soir les jambes étant plus “gonflées”) ou éventuellement après la sieste pour les personnes âgées.
→ Pour prendre les mesures, le patient doit être déchaussé et jambes nues, en position debout et pieds bien à plat.
→ Utiliser un mètre-ruban et penser à prendre les mesures sur les deux membres. Il faut mesurer des circonférences qui définissent la taille de l’article (la mesure du tour de cheville est déterminante) et des hauteurs qui déterminent sa longueur.
→ Pour les bas-jarrets : prendre la circonférence de la cheville à l’endroit le plus fin (soit 1 à 2 cm au-dessus de la malléole) et la circonférence du mollet à l’endroit le plus fort. Mesurer la hauteur, généralement déterminée par la distance allant du sol jusqu’à deux doigts (ou 2 cm) sous le creux poplité.
→ Pour les bas-cuisses et les collants : mesurer le tour de cheville à l’endroit le plus fin, le tour de mollet à l’endroit le plus fort et le tour de cuisse à l’endroit le plus fort (environ trois doigts ou 5 cm sous le pli fessier). Mesurer la hauteur sol/entrejambe. Pour cette mesure, on peut proposer au patient de tenir lui-même l’extrémité du mètre au zéro et dérouler le mètre jusqu’au sol.
Il est important de prendre le temps d’enseigner la méthode par retournement au patient ou à l’aidant, afin de l’aider à enfiler les bas et favoriser une bonne observance du traitement.
→ Commencer par retourner l’article sur l’envers jusqu’au talon pour ne laisser que le pied à l’endroit.
→ Enfiler la pointe de pied jusqu’au fond, puis passer le coup de pied pour enfiler le talon.
→ Dérouler délicatement le bas depuis la cheville jusqu’au mollet ou la cuisse pour le remonter. Ne pas tirer.
→ Repositionner éventuellement la couture de la pointe et du talon. En cas de pli, lisser l’article en massant délicatement la jambe de bas en haut.
→ Laver les bas tous les soirs. Dans l’idéal, ils sont lavés à la main et essorés en les mettant dans une serviette-éponge sur laquelle on appuie – et non par torsion pour ne pas casser les fibres élastiques. Ils peuvent éventuellement être lavés à la machine dans un filet (en choisissant un programme à 30° avec essorage doux). Éviter l’emploi d’assouplissant susceptible d’altérer les fibres.
→ Les faire sécher à plat et non sur une corde avec des pinces à linge. Ne pas les faire sécher en machine, ni sur un radiateur.
→ Dégraisser régulièrement la bande auto-fixante des bas-cuisses avec un coton imbibé d’alcool à 60 % vol/vol.
→ La compression doit être portée quotidiennement : expliquer au patient qu’il s’agit d’un traitement qui doit être considéré comme un médicament et correctement observé.
→ Les bas doivent être enfilés le matin, le plus tôt possible.
→ Convaincre le patient de porter les bas même l’été en période de chaleur, en lui expliquant que la stase veineuse et les œdèmes peuvent encore tenir plus chaud que les bas eux-mêmes et que ces derniers, par leur effet drainant, procurent un soulagement et paradoxalement un effet de fraîcheur, rapidement ressenti après l’enfilage. En outre, les extensions de gamme des divers fabricants et les différentes textures permettent de répondre aux contraintes de chaque saison.
→ Les articles de compression veineuse sont des dispositifs médicaux inscrits sur la liste des produits et prestations remboursables (LPPR). Ils sont remboursés sans entente préalable à condition d’être prescrits sur une ordonnance indépendante des autres prescriptions.
→ Les Idels ont le droit de prescrire des bas de compression, mais seulement dans le cadre d’un renouvellement à l’identique d’une primo-prescription médicale (même forme et même classe, et si le médecin a rédigé son ordonnance sous nom de marque, l’Idel doit se conformer à cette même marque).
→ Bien que les articles de compression soient garantis six mois, le nombre de paires pris en charge n’est pas limité à deux par an. Cependant, pour limiter les éventuels abus, certaines caisses régionales d’Assurance maladie limitent le nombre de paires remboursables annuellement.
L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.
Retrouvez un chapitre sur la compression dans notre Mémento de la prescription infirmière, réactualisé annuellement