Pour composer son cabinet, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a fait appel à des profils d’expérience, d’horizons divers.
Plus familière du système de santé, en particulier à la tête de l’Institut national du cancer et de la Haute Autorité de santé (HAS), que du monde politique, Agnès Buzyn fait partie des ministres dits de la “société civile”. Ainsi, pour guider ses premiers pas en politique, son cabinet a été choisi parmi des experts qui avaient déjà fait leurs classes dans des cabinets précédents, de droite et de gauche.
Ainsi, son conseiller spécial est Lionel Collet, professeur de médecine et conseiller d’État, qui avait été chargé d’organiser la “grande conférence de santé” en janvier 2016 pour Marisol Touraine. En même temps, des conseillers proches de la droite ont également été recrutés, comme Yann Bubien, qui fut directeur adjoint de cabinet de Roselyne Bachelot à la Santé et dernièrement directeur du CHU d’Angers (Maine-et-Loire). Il sera chargé des questions de santé au sein du cabinet. Laurent Habert, qui avait été conseiller de Xavier Bertrand avenue de Ségur, s’occupe des questions budgétaires. Directeur de l’Agence régionale de santé d’Alsace, il dirigeait jusqu’à présent la Caisse autonome nationale de la Sécurité sociale dans les mines.
Plus surprenant, pour le poste clé de directeur de cabinet de la ministre, c’est un assureur qui a été nommé. Gilles de Margerie était numéro 3 du groupe de protection sociale Humanis. Inspecteur des finances et énarque, il avait travaillé dans les cabinets ministériels dans les années 1980, en particulier auprès de Michel Rocard à Matignon. Il devra notamment piloter la délicate réforme des retraites prévue pour l’année prochaine. Au poste de cheffe de cabinet, c’est une proche d’Emmanuel Macron, avocate passée par les écoles de commerce Audencia Nantes et HEC, Sophie Ferracci, qui a été retenue.
Le cabinet est également composé d’un médecin généraliste, Jacques-Olivier Dauberton, ancien président du Regroupement autonome des jeunes généralistes installés et remplaçants exerçant dans la Marne et qui va s’occuper de sécurité sanitaire. La ministre a également emmené avec elle un ancien de la HAS : Nicolas Labrune, normalien et énarque, qui a été très récemment notamment directeur délégué de l’institution. Enfin, la communication a été confiée à Isabelle Jourdan, directrice de la communication de l’Unedic, le gestionnaire de l’Assurance chômage.
Pour le Président de la République, chaque cabinet ministériel doit compter au maximum dix membres.
Ce sont deux postes stratégiques au ministère de la Santé, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et la Direction de la Sécurité sociale (DSS), qui viennent de changer de tête. La première, qui a notamment pour mission de développer les soins primaireset les compétences des professionnels, a été confiée à la directrice de l’Agence régionale de santé des Pays de la Loire, Cécile Courrèges. Cette énarque de 41 ans a été la conseillère santé de Jean-Marc Ayrault puis de Manuel Valls à Matignon. Elle remplace Anne-Marie Armanteras de Saxcé, partie au collège de la HAS. La DSS, qui assure la tutelle sur les caisses d’Assurance maladie et qui écrit le budget de la Sécu chaque année, a été confiée à une ancienne conseillère d’Éric Woerth à Bercy puis de François Fillon à Matignon : Mathilde Lignot-Leloup. Cette autre énarque de 43 ans était jusqu’à présent déléguée à la gestion et à l’organisation des soins à la Caisse nationale d’Assurance maladie des travailleurs salariés. Elle remplace Thomas Fatome, nommé directeur de cabinet adjoint du Premier ministre.
La feuille de route remise par Agnès Buzyn au Premier ministre a été révélée par le journal spécialisé L’Argus de l’Assurance. Dans cette note d’une dizaine de pages, la ministre réclame au gouvernement « une forte inflexion dans la conduite de la politique de santé ». Plusieurs mesures devraient être prises rapidement pour la Sécurité sociale. Tout d’abord, la gestion de la protection sociale des étudiants devrait être confiée au régime général dès l’année prochaine. De même, le Régime social des indépendants, qui cumule les difficultés depuis sa création, devrait également rejoindre le giron du régime général. En outre, comme Marisol Touraine, Agnès Buzyn souhaite l’adoption avant la fin de l’année d’une “stratégie nationale de santé”. Quant au tiers payant, il ne sera plus “généralisé” mais “généralisable”. Nuance.