L'infirmière Libérale Magazine n° 339 du 01/09/2017

 

Actualité

A.R.  

Le moins que l’on puisse dire est que les négociations conventionnelles ne se sont pas ouvertes sous des auspices très dépensiers. Quelques semaines avant le coup d’envoi des discussions paraissaient en effet deux documents qui soulignaient vigoureusement la nécessité de faire des économies. C’est la Caisse nationale d’Assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts) qui a tiré la première, avec son traditionnel rapport “charges et produits” paru à la fin du mois de juin. Intitulé “Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses”, ce document passait assez rapidement sur la partie “qualité”, pour s’appesantir sur les économies à effectuer.

Et celles-ci sont loin d’être négligeables : la Cnamts les chiffre à 1,94 milliard d’euros. Le gros des coupes intervient sur les produits de santé (génériques, liste en sus…) : 750 millions d’euros à eux tous seuls. L’Assurance maladie compte aussi améliorer la pertinence et le bon usage des soins : 510 millions d’euros en moins. À cela s’ajoute la traditionnelle lutte contre la fraude (210 millions), la limitation des dépenses de transport (160 millions). Le rapport contient tout de même un bonne nouvelle pour les Idels : la Cnamts entend économiser 470 millions d’euros par an grâce au virage ambulatoire, ce qui est plutôt de bon augure pour les soins à domicile.

Les Idels (encore) dans le collimateur de la Cour des comptes

Le document de la Cnamts fait d’ailleurs presque figure d’ordonnance homéopathique en comparaison du remède de cheval prescrit par la Cour des comptes dans son propre rapport annuel, lui aussi sorti à la fin du mois de juin. « Une maîtrise plus rigoureuse et plus active de la dynamique des dépenses de santé est indispensable au maintien d’un haut niveau de protection », tonne-t-elle en introduction du chapitre consacré à la santé. Et en matière de maîtrise des dépenses, la Cour ne manque pas d’idées. Dans son collimateur : les prescriptions hospitalières, les transports sanitaires, les dialyses… et, une fois n’est pas coutume (on se souvient du rapport de septembre 2015 de la même Cour), les Idels.

« La progression des dépenses de soins infirmiers et de masso-kinésithérapie en exercice libéral (…) excède l’incidence normale du vieillissement de la population et du développement des maladies chroniques », assènent les magistrats de la rue Cambon.

Ceux-ci préconisent donc un renforcement des contrôles, jugés « notoirement insuffisants », et la fixation d’objectifs de maîtrise des dépenses « liant les évolutions des tarifs des actes à celle de leur volume ». En clair : si les Idels travaillent plus, on baissera le tarif des lettres-clés. Un moyen assez simple de tenir une enveloppe budgétaire… et de quoi doucher quelques espoirs chez les négociateurs conventionnels.