L’effet antabuse - L'Infirmière Libérale Magazine n° 339 du 01/09/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 339 du 01/09/2017

 

Pharmacologie

Cahier de formation

Point sur

Maïtena Teknetzian  

Manifestation iatrogène potentiellement grave, l’effet antabuse peut aussi être recherché chez le patient alcoolo-dépendant comme aide au maintien de l’abstinence.

Qu’est-ce que c’est ?

→ L’effet antabuse est une réaction désagréable due à une accumulation d’acétaldéhyde (ou éthanal), molécule vasodilatatrice, dans l’organisme.

→ Il s’exprime par un flush facial, des bouffées de chaleur, des céphalées, des sueurs abondantes et une hypotension artérielle avec tachycardie réactionnelle, mais aussi par des nausées/vomissements, et éventuellement par une confusion et une ataxie, des convulsions, un bronchospasme, et des troubles cardiaques potentiellement graves.

→ L’effet antabuse apparaît 10 minutes à 1 heure après l’ingestion d’alcool par une personne prenant des médicaments inhibiteurs de l’aldéhyde déshydrogénase (ALDH). Présente dans le foie, cette enzyme catalyse l’oxydation de l’alcool éthylique (ou éthanol) en aldéhyde.

→ L’inhibition de l’ALDH provoque ainsi une accumulation toxique d’éthanal.

Quels sont les médicaments responsables ?

Plusieurs médicaments peuvent être responsable d’effet antabuse, comme :

→ de nombreux antifongiques ou antiparasitaires : griséofulvine (Griséfuline), antifongiques azolés, métronidazole – y compris par voie vaginale (Flagyl, Rodogyl, Tergynan) ;

→ certains sulfamides hypoglycémiants : glibenclamide (Daonil) et glipizide (Glibénèse, Ozidia) ;

→ certaines bêta-lactamines ;

→ un cytotoxique : la procarbazine (Natulan) ;

Si l’effet antabuse est un effet indésirable (donc non souhaité), il peut également être recherché dans le cadre d’un sevrage alcoolique pour dégoûter le patient de l’alcool.

C’est le cas d’un traitement par disulfirame (Espéral) qui a pour objectif de provoquer une réaction aversive vis-à-vis de l’alcool. Il est nécessaire d’être à jeun ­d’alcool depuis 24 heures avant de débuter le traitement par disulfirame. Les réactions à l’alcool peuvent survenir jusqu’à deux semaines après l’arrêt du disulfirame.

Attention aux interactions entre les médicaments à effet antabuse et ceux contenant de l’alcool comme excipient (sirops, bains de bouche, solutions buvables par exemple).

Quelle est l’évolution ?

→ Les symptômes régressent habituellement en 30 minutes à plusieurs heures.

→ En cas de choc réfractaire dans un contexte de rechute alcoolique chez un patient sous disulfirame, le Fomépizole AP-HP, un inhibiteur de l’alcool déshydrogénase, peut être utilisé (hors autorisation de mise sur le marché, AMM) pour sa capacité à inhiber la synthèse d’éthanal.

L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.

Métabolisme de l’éthanol

L’éthanol est métabolisé en acétaldéhyde par l’alcool déshydrogénase (ADH), puis oxydé en acétate par l’acétaldéhyde déshydrogénase (ALDH).

En inhibant l’ALDH, certains médicaments sont responsables d’effet antabuse par accumulation d’acétaldéhyde.