L'infirmière Libérale Magazine n° 339 du 01/09/2017

 

QUALITÉ DES SOINS

Actualité

Hélène Colau  

Une enquête menée par le ministère de la Santé auprès des professionnels de ville montre qu’ils sous-évaluent le risque infectieux associé pour un quart des gestes qu’ils effectuent.

C’est une première : le ministère de la Santé vient de rendre publics les résultats d’une enquête* sur les IAS (infections associées aux soins) menée auprès de toutes les catégories de professionnels de santé de ville. Tous ont été interrogés sur leur perception du niveau de risque infectieux associé à 62 actes de soins. Une consultation d’une ampleur inédite, qui a permis « d’identifier des axes de prévention, de formation et de documentation à développer », selon le ministère.

Les Idels figurent en bonne place dans le rapport d’enquête. « C’est l’une des professions les plus concernées, mais aussi qui a le plus répondu », explique Anne Raimbault, infirmière libérale et membre du groupe de travail. On apprend ainsi que, parmi les gestes qu’elles considèrent comme les plus risqués, figurent l’entretien et les injections sur voie veineuse (88 %), les réinjections sur cathéter péridural/périnerveux (88 %), les perfusions (75 %) ou encore les pansements complexes (75 %). Des perceptions qui collent majoritairement aux référentiels officiels… mais pas intégralement, comme le montre l’exemple de l’irrigation colique, considérée comme à bas risque par 50 % des infirmières interrogées alors que la Haute Autorité de santé la classe dans les actes à haut risque. Pour l’ensemble de l’enquête, si 33 des actes présentés sont référencés “à haut risque”, seuls 19 sont perçus ainsi par les soignants. « On observe une cohérence des avis avec la définition qui sert de référentiel pour 50 % des actes. Il existe une sous-évaluation du risque pour 16 actes (26 %) », pointe l’enquête. Qui note une absence de consensus « particulièrement intéressante pour des gestes tels que les infiltrations, la pose de dispositif intra-utérin, le toucher vaginal, l’échographie endovaginale, la radiologie interventionnelle, les soins dentaires ».

Pour un guichet unique

« Cela montre que les critères servant à classer les actes dans les différentes catégories restent mal connus », pointe Anne Raimbault. Une observation confirmée par le souhait, exprimé par 52 % des répondants, de voir une amélioration des supports des référentiels relatifs à la gestion du risque infectieux. Ils sont même 75 % à souhaiter la rédaction de recommandations. Car l’enquête démontre que la gestion des IAS est insuffisamment abordée, voire pas du tout, lors de la formation initiale (pour 70 % des répondants). Ainsi, 77 % réclament un module sur la gestion du risque infectieux dans le cadre du développement professionnel continu. Les sondés souhaitent aussi un guichet unique vers lequel se tourner en cas de doute (58 %). En attendant, depuis la réalisation de l’enquête, achevée en 2015, un portail unique pour accéder aux bases de données des Cclin-Arlin a été mis en place et une actualisation des précautions standard a été mise à disposition par la SF2H (cf. notre numéro 323 de mars 2016).

* Étude mise en ligne début juin, à consulter via le lien raccourci bit.ly/2wgLdZ2