Emmanuel Macron n’a pas inventé l’eau chaude. En campagne, il s’est en effet déclaré pour l’innovation en santé – qui se dirait contre ? Cela implique, à ses yeux, de l’investissement privé, plus d’objets connectés, davantage de simplicité dans les procédures d’autorisation de mise sur le marché(1). Agnès Buzyn, elle, n’a pas inventé l’eau tiède. La nouvelle ministre a en effet érigé l’innovation au rang de priorité - qui se dirait contre, surtout après que son patron s’est dit pour ? Qu’on nous comprenne bien : nous aussi, on est pour – qui serait contre ? – mais on attend juste des précisions pour juger, au-delà des mots, la politique de nos gouvernants. Prôner l’innovation, ça fait jeune et dynamique. Mais, concrètement, se fera-t-elle bien d’abord au service du patient et des professionnels de santé ? Les enveloppes seront-elles à la hauteur des intentions affichées ? L’objectif sera-t-il de faire mieux, et non plus avec moins ? Sinon, l’innovation ferait l’effet d’une douche froide.
Pour l’heure, c’est l’Assurance maladie qui a présenté les pistes les plus explicites(2). Elle prône notamment un fonds spécifique et un cadre juridique dérogatoire pour expérimenter et diffuser plus facilement de nouveaux modes d’organisation des soins. Les parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d’autonomie (Paerpa) auraient pu s’inscrire dans un tel dispositif, selon la Cnamts, de même, dans l’avenir, que de nouveaux modes d’organisation des soins de ville, un regroupement des acteurs sanitaires et médico-sociaux du domicile autour de plateformes intégrées ou encore de nouveaux parcours de soins déportés au domicile grâce aux objets connectés. En attendant, nous nous penchons dans ce numéro sur les innovations industrielles en termes de pansements, et celles, personnelles, des Idels, inventrices de terrain, as de la trouvaille et de la débrouille.
(1) www.placedelasante.fr/candidat/emmanuel-macron
(2) www.ameli.fr, rapport “Charges et produits pour l’année 2018”.