Les paroles du mois
« Si les gens ont élu une aide-soignante à l’Assemblée nationale, c’est pour que le quotidien du peuple puisse être crié dans cet hémicycle. (…) Cette loi d’habilitation [destinée à permettre au gouvernement de réformer le Code du travail par ordonnances] est-elle réellement une urgence ? N’y a-t-il pas plus préoccupant aujourd’hui en France ? Des soignants, des agriculteurs, des précaires, des chômeurs, des salariés mettent fin à leur vie. J’ai vu des enfants dormir dans des détritus. J’ai vu des femmes enceintes dormir dans une tente en pleine période caniculaire. J’ai vu des gens réunis dans une mare d’excréments. J’ai vu l’inimaginable. J’ai vu l’inacceptable. Et tout ceci, je l’ai vu samedi, à Metz, en Lorraine, en France, le pays des droits de l’homme. (…) Êtes-vous bien sûrs que la casse du Code du travail est une réelle urgence, aujourd’hui, en France ? »
Caroline Fiat, aide-soignante, élue députée (France Insoumise), à la tribune de l’Assemblée nationale, le 10 juillet.
« Mon but n’est pas de légiférer, je ne souhaite pas qu’une loi porte mon nom. Je pense que beaucoup de choses peuvent être faites par la voie réglementaire, en libérant les énergies, et je souhaite expérimenter et ne légiférer que lorsque j’y serai vraiment contrainte.»
Agnès Buzyn, ministre de la Santé, devant la Commission des affaires sociales, le 18 juillet.
« Devant l’Assemblée nationale et le Sénat, la ministre de la Santé a indiqué que certaines mesures concernant notamment la prévention et l’accès aux soins seront dévoilées en septembre, afin d’être applicables en 2018. (…) Ayant déjà été négligés et laissés-pour-compte pendant tout le mandat de Mme Touraine, les 87 400 infirmières et infirmiers libéraux espèrent qu’Agnès Buzyn osera dépasser les “cloisonnements institutionnels” qu’elle dénonce elle-même. Et qu’elle consacrera autant de temps à rencontrer et écouter les Idels que les médecins généralistes. »
Le Syndical national des infirmières et infirmiers libéraux, dans un communiqué, le 31 juillet. Après la publication de cette lettre, le Sniil a obtenu audience auprès de la ministre ; le rendez-vous est fixé en septembre.
« 25 à 30 % des détenus présentent des pathologies graves, c’est-à-dire des psychoses, des schizophrénies ; ils devraient être soignés en hôpital et n’ont rien à faire, à mon sens, dans les prisons. (…) [Et] si on englobe des pathologies comme les troubles anxio-dépressifs ou les dépressions nerveuses, on aboutit à une proportion de détenus absolument énorme. »
Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, le 17 août, sur France Inter.
« Et si, à défaut de les encourager, l’on commençait par laisser les Idels faire leur travail, et arrêter de les harceler (CPAM) en les considérant d’office comme des fraudeuses ? Et si l’on s’intéressait au temps passé hors nomenclature pour faire fonctionner leur entreprise et assurer la continuité des soins ? Et si l’on faisait un petit récapitulatif de toutes les économies faites dans une seule tournée au lieu de se polariser sur le seul critère administratif ? Et si l’on cotait à la nomenclature le cœur que l’on met à notre travail et que le pouvoir administratif tente de réduire comme peau de chagrin ? Et si tout le temps gaspillé à devoir se justifier et à encombrer les TASS [tribunaux des affaires de Sécurité sociale] était assimilé à des actes valorisant notre travail ? Et si, au lieu de rester dans un fonctionnement dépassé, soupçonneux et réducteur, l’on écoutait comment nous innovons, comment nous revendiquons cette audace et faisons évoluer sur le terrain le cœur de notre métier ? Et si l’on n’attendait pas qu’ils soient malades pour se rendre compte que les soignants sont en souffrance et en colère ? Que ce n’est pas parce qu’ils aiment leur métier qu’on a le droit de le bafouer ! »
Natsoleil, en réaction à notre interview de Nicolas Revel, patron de l’Assurance maladie, avant les négociations conventionnelles, paru dans notre numéro d’été et sur notre site Espaceinfirmier.fr à la date du 7 juillet.