Idel en milieu rural, Charline a créé le blog “C’est l’infirmière”
Charline : À tout le monde ! Je veux simplement que les lecteurs ferment le livre en se disant : « Voilà, je sais ce que c’est qu’une infirmière libérale ! »
Charline : Même si on peut entendre que « la santé n’a rien à voir avec l’argent », moi, c’est ce qui fait tourner mon entreprise, ce qui permet de payer mes charges et de donner à manger à mes filles. Et il y a tellement d’incohérences au niveau des cotations que je me devais d’en parler. On entend souvent les gens nous dire que les infirmiers se plaignent de ne pas être augmentés mais qu’ils ont de gros salaires ; je veux expliquer ce que je gagne vraiment parce que les gens ne savent pas combien nous sommes rémunérés pour nos actes.
Charline : Il y a en eu quelques-unes lors de mon passage sur France 2 et encore récemment j’ai pu lire que « Charline ne représente pas la profession ». Au fond, c’est vrai, je ne représente personne à part moi… Mais les chiffres que je donne sont réels, même les 60 % de charge, je n’invente rien ! On est dans une profession pleine d’incohérences, qui grogne beaucoup mais, dès que quelqu’un peut faire passer un message, on s’attarde uniquement sur des détails. Et dans le même temps, on m’abreuve de messages “privés” pour me dire que je dois « absolument » parler aux médias de tel ou tel sujet…
Charline : C’est pour une sous-cutanée chez une patiente en fin de vie. Comme je n’ai pas été capable de fournir la prescription de l’acte que je facturais pourtant en gratuit (parce que je veux expliquer à la Sécurité sociale que, même pour un acte “gratuit” dans le cadre d’un AIS 3, je me déplace et je fais des actes), la Sécurité sociale m’a dit que j’avais un indu… à zéro euro. Or, comme mon indu était dans un lot, on m’a bloqué tout le lot ! Donc, pour une sous-cutanée à zéro euro, j’ai dû passer quatre appels pour m’expliquer avec eux… Avant qu’ils ne daignent débloquer mon lot.
Non, non, c’est du tout moi, du tout vrai, je ne vois pas trop l’intérêt de raconter de la fiction…
Charline : Parce que je m’en sers dans mon travail, donc ce n’est plus vraiment personnel. Le but de ce chapitre est de montrer qu’on peut parfois donner un peu de soi, dépasser la norme du soin, et que ce n’est pas forcément une mauvaise chose… Derrière la blouse, derrière le statut d’Idel, il y a des vraies personnes à qui il arrive aussi de vraies histoires, on peut les partager. De plus, je pense qu’il faut arrêter de rendre tabou le sujet des agressions sexuelles et des viols ; moi aussi, j’ai passé une part de ma vie couverte de honte, mais maintenant il faut arrêter ! Lorsque j’avais évoqué cela sur mon blog, j’ai reçu beaucoup de messages qui me disaient que « ça fait du bien que tu en parles parce que moi je n’en suis pas encore capable », donc il n’y a plus aucune raison que je me taise…
Charline : Pour l’instant, je prends ce qui se présente, mais je ne sais pas ce qui va se passer après le livre et ce n’est pas très important. J’ai la chance d’être invitée dans les médias pour parler de mon travail dans ma petite brousse et je trouve ça très bien. J’espère qu’au final cela fera un peu plus écouter la profession parce qu’on n’entend pas assez parler de nous, sauf pour les détournements de la Sécu… Si on peut entendre une libérale qui dit simplement que son travail est parfois « chouette », et parfois « moins bien », eh bien, cela me va !
(2) Émission “Dans les yeux d’Olivier”, épisode Infirmière à l’épreuve de la vie, le 1er juin 2016.
• Chronique à lire page de droite et bonnes feuilles à retrouver p. 3.