L'infirmière Libérale Magazine n° 341 du 01/11/2017

 

La vie des autres

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Laure Martin  

La Mexicaine Lizeth Chacon Zlatkin a décidé, après un mariage et un déménagement aux États-Unis, de se reconvertir pour travailler dans le secteur de la santé. Assistante médicale pendant plusieurs années, elle reprend aujourd’hui ses études pour devenir infirmière.

« Lorsqu’à 17 ans, j’ai dû choisir mon orientation professionnelle, raconte la Mexicaine Lizeth Chacon Zlatkin, j’étais un peu perdue et j’ai décidé de faire des études de sciences politiques et d’administration, pensant que je pourrais travailler pour l’État, à Nuevo Laredo au Mexique. » Mais un stage lui fait prendre conscience que la “bureaucratie”, ce n’est pas pour elle. Elle s’envole alors pour Vancouver (Canada), afin d’obtenir un diplôme de traductrice. De retour à Nuevo Laredo, elle travaille dans les entreprises implantées à la frontière avec les États-Unis en tant que traductrice et assistante de direction. Elle rencontre alors son mari, Alexander, un militaire de l’armée de l’air américain. Après leur mariage en 2008, elle s’installe à San Antonio (Texas). « À cette période, les États-Unis traversaient une très grande récession. Je n’ai pas réussi à trouver du travail dans ma filière. »

Elle se renseigne alors pour une reconversion et constate qu’il y a beaucoup d’embauches dans la filière sanitaire. « J’ai toujours été intéressée par le secteur médical et j’ai toujours aimé aider les autres, être utile. Si, plus jeune, je ne savais pas quelle orientation prendre, cette fois-ci, j’étais plus mature, et je me suis dit qu’à 27 ans, c’était le moment. »

Un appui au médecin

Elle prend alors rendez-vous avec un conseiller de l’Université Kaplan qui l’encourage à devenir assistante médicale. Elle reprend donc ses études avec un programme accéléré d’un an à temps plein à l’issue duquel elle passe le test national, qui lui permet d’obtenir sa licence pour exercer le métier. Embauchée dans une clinique de cardiologie, elle aide le médecin et l’infirmière dans leur exercice. Elle remplit les dossiers médicaux des patients en vérifiant l’historique médical. Elle s’assure que tous les documents, les ordonnances, les examens, sont bien dans le dossier avant la consultation. « L’assistante médicale peut également contacter les assurances privées afin de s’assurer que le médecin sera bien payé », rapporte-t-elle. Et de poursuivre : « Nous devons également préparer les ordonnances des médecins car, lorsqu’un patient vient uniquement pour un contrôle médical et un renouvellement d’ordonnance, elle doit être prête pour que le praticien n’ait plus qu’à la signer. Dans d’autres cas, nous la rédigeons en tenant compte des consignes du médecin. » Aux États-Unis, l’assistant médical est également formé à prendre les constantes vitales, faire des phlébotomies, mesurer la glycémie capillaire, effectuer un électrocardiogramme, assister le médecin pendant une intervention. Enfin, Lizeth annonce aux patients les résultats de leurs analyses médicales. Elle travaille pendant huit mois dans cette clinique, jusqu’à ce que son mari soit envoyé sur la base américaine de l’armée de l’air de Spangdahlem, en Allemagne. À l’époque, impossible d’exercer à la clinique de la base, trop petite, ou même en Allemagne puisqu’elle ne maîtrise pas la langue. Après cinq ans et demi en Europe, son mari prend sa retraite de l’armée américaine. De retour aux États-Unis, à Lancaster (Pennsylvanie), Lizeth, n’ayant pas exercé le métier d’assistante médicale pendant plusieurs années, repasse son examen avant d’être embauchée dans une clinique d’oculoplastie. « Le médecin de la clinique m’a encouragée à devenir infirmière », indique Lizeth. Elle reprend donc ses études en août 2017 au sein du Pennsylvania College of Health. Pour le moment, elle suit deux classes, une de mathématiques et l’autre d’anatomie, physiologie et biologie. « Mes études peuvent durer quatre ans, mais elles sont divisées en deux parties, avec tout d’abord un programme de deux ans à l’issue duquel il faut passer le test national pour obtenir l’autorisation d’exercer en tant qu’infirmière. » Ensuite, il est possible de poursuivre ces études encore deux ans pour obtenir sa “licence” en sciences infirmières. « Cette reprise d’études est plus difficile que la précédente. Désormais, j’ai 38 ans, je suis mariée, j’ai une petite fille de cinq ans et je continue de travailler trente heures par semaine à la clinique d’oculoplastie en plus de mes cours, des devoirs à la maison et des examens à préparer. Mais je veux aller jusqu’au bout pour être capable d’aider les autres. Parfois, j’ai des doutes, mais ils s’effacent très rapidement lorsque je pense aux patients qui nous remercient lorsque nous les aidons. »

Trois voies pour devenir infirmière aux États-Unis

Pour être considérée comme “Registered Nurse” aux États-Unis, il faut obtenir sa licence d’exercice exigée par tous les États. Elle s’obtient après avoir effectué ses études dans une école spécialisée accréditée et réussi les épreuves d’un examen national, le National Council Licensure Examination for Registered Nurses (NCLEX-RN). Les études effectuées dans les “community” et “junior colleges” durent deux à trois ans, et permettent d’obtenir le diplôme d’Associate degree in Nursing (ADN). Il est également possible de suivre des études dans le cadre de programmes hospitaliers pendant trois ans pour obtenir un “Diploma in Nursing program”. Enfin, le candidat, comme Lizeth, peut choisir de faire ses études à l’université pendant quatre ans pour obtenir un “Bachelor of Science in Nursing degree” (BSN).

Ces trois filières permettent de se présenter à l’examen national. Il est également possible d’obtenir des diplômes d’études supérieures spécialisées tels que Master’s degree et PhD, qui se préparent après avoir obtenu le BSN pour les personnes qui se destinent à la recherche, à l’enseignement ou à des spécialisations cliniques.

Source : Fulbright, commission franco-americaine, “Les études de nursing aux USA” (bit.ly/2yK0vYC).

Elle dit de vous !

« Aux États-Unis, il existe des programmes gouvernementaux ainsi que des contrats d’assurance santé privé qui permettent à des patients de recevoir des soins à domicile dispensés par des infirmières. Mais, contrairement au système français, elles ne sont pas indépendantes. Elles travaillent pour le gouvernement et/ou pour ces assurances privées dont elles sont salariées. C’est une bonne chose que des infirmières interviennent à domicile pour les patients ayant des problèmes pour se déplacer, qui n’ont pas la possibilité de conduire ou de se rendre dans un centre de soins. Des études ont d’ailleurs démontré que les patients ayant reçu un traitement à domicile obtiennent de meilleurs résultats car ils sont dans un meilleur environnement, le leur ! »