L'infirmière Libérale Magazine n° 341 du 01/11/2017

 

ACCÈS AUX SOINS

Dossier

Sandrine Lana  

Des inégalités de prise en charge liées au sexe féminin sont une réalité, en termes d’accès aux soins, de recherche biomédicale ou de messages de prévention (sur les risques cardiovasculaires par exemple). Sont aussi recensés des cas de non-respect du consentement voire des maltraitances.Les professionnelles de santé, quant à elles, peuvent souffrir de sexisme.

Lorsqu’il s’agit de prendre soin de soi, les femmes et les hommes ne sont pas sur un pied d’égalité, et plus la précarité s’installe, plus les soins passent à la trappe. Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE)(1) publiait en mai dernier une étude(2) alarmante à ce sujet. Il en ressort que la précarité touche en priorité les femmes. « Elle n’est pas seulement financière, elle est aussi psychologique et professionnelle », insiste Geneviève Couraud, co-rapporteure de l’étude. Les femmes représentent 57 % des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), 70 % des travailleurs les plus pauvres du pays et 85 % des familles monoparentales ont à leur tête une mère seule.

« Charge mentale »

Au sein de la famille, la santé des enfants passe avant celle des mères, souligne le HCE. « La prépondérance du sexisme continue de faire peser sur [les femmes] la charge mentale liée à l’organisation des charges domestiques et familiales, qui entrave leur accès aux soins par manque de disponibilité et par priorisation du soin des enfants et proches. » En mai 2017, Emma, une jeune illustratrice, mettait en lumière l’importance de cette charge mentale auprès des mères et des épouses dans une BD intitulée Fallait demander(3), sous-entendu : de l’aide. Elle met en exergue le fait que les besoins des femmes sont mis aux oubliettes pour parer à ce qui serait le plus urgent : la famille et la maison d’abord ! Elle vise juste puisque, chaque année, quelque 9,5 millions de femmes renoncent à se faire soigner(2). Les femmes sont plus exposées aux troubles psychologiques que les hommes. En outre, les femmes précaires bénéficient moins d’un bon suivi gynécologique, et souffrent notamment de plus de grossesses à risque que la moyenne.

Cette précarité est particulièrement préjudiciable au cours de la vie active. Les accidents au travail sont certes en baisse en France pour l’ensemble de la population. Mais si l’on dissèque les chiffres de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), le nombre d’accidents de travail a augmenté de 24,3 % pour les femmes entre 2001 et 2014(4). Leur nombre a même crû de 81 % dans les domaines de la santé, du nettoyage et du travail temporaire(2). « En dix ans, la sinistralité [dans le secteur de l’aide et des soins à la personne], en pleine croissance, aura augmenté de 45 % », rapporte l’Assurance maladie(5). Dans les services de la santé, de l’action sociale, du nettoyage et du travail temporaire, tandis que le nombre d’hommes victimes d’accidents diminue (- 30,2 %), les femmes sont de plus en plus touchées (+ 73,6 %) entre 2001 et 2014 selon l’Anact(4). Les maladies liées au travail ont augmenté entre 2001 et 2014 chez l’ensemble des travailleurs. Cette augmentation est toutefois exponentielle parmi les femmes : de 9 787 accidents par an en 2001, il y a en eu 25 302 en 2014. « Pendant longtemps, les statistiques sur la santé au travail n’étaient pas sexuées. On a donc fonctionné sur des stéréotypes pour définir les critères de pénibilité, précise Geneviève Gouraud. Ces critères, définis dans le Code du travail depuis 2014, sont basés sur une conception de la pénibilité calquée sur les métiers exercés par les hommes. Une aide-soignante portant plusieurs fois par jour un patient de 70 kg n’arrive pas au seuil journalier(6) de la pénibilité. Ni une caissière qui porte ou pousse un pack d’eau toutes les dix minutes. »

Les chercheurs ont remarqué d’autres effets du milieu du travail sur la santé des femmes : selon l’Inserm(7), le risque de cancer du sein – première cause de mortalité féminine en France – s’avère plus élevé de 30 % chez les femmes ayant travaillé de nuit. « Le travail de nuit entraîne une perturbation du rythme circadien (contrôlant l’alternance veille-sommeil) qui régule de très nombreuses fonctions biologiques. Ce dysfonctionnement pourrait favoriser le développement du cancer du sein, en particulier chez les femmes ayant travaillé de nuit pendant plus de quatre ans, ou chez celles dont le rythme de travail était de moins de trois nuits par semaine, impliquant des décalages de phase plus fréquents entre le rythme de jour et le rythme de nuit », rapporte le HCE à propos de cette étude(2). D’après le ministère du Travail(8), le travail de nuit est plus pratiqué côté masculin (21,5 % des hommes pour 9,3 % des femmes), mais il est plus élevé qu’il y a trente ans et le nombre de femmes concernées a doublé depuis 1991.

Androcentrisme

Dans les champs de la recherche et de l’information médicales, les femmes sont aussi moins bien considérées que les hommes. Dès l’éprouvette, la médecine serait plutôt centrée sur la gent masculine. Cet androcentrisme « peut nier certaines spécificités des femmes, au détriment d’un dépistage et d’un traitement efficaces de certaines pathologies cérébro-cardiovasculaires notamment », rappelle le HCE. Prenons le cas des accidents vasculaires cérébraux (AVC), qui touchent 150 000 personnes par an(9). Les campagnes d’information sur l’AVC signalent les symptômes les plus fréquents : bouche pendant d’un côté, paralysie d’un membre et élocution confuse. Or, en 2009, des recherches américaines ont montré qu’homme et femme ne présentent pas toujours les mêmes symptômes et que les femmes montrent plus souvent des signes avant-coureurs “non-traditionnels”, dont des douleurs (maux de tête ou hémicorporelles), changement d’état mental (désorientation, confusion ou perte de conscience) et étourdissements(10). Cela peut retarder leur prise en charge. « Une patiente qui se plaint d’oppression dans la poitrine se verra prescrire des anxiolytiques alors qu’un homme sera orienté vers un cardiologue, déclarent Jennifer Merchant et Catherine Vidal, co-responsables du groupe Genre et recherche en santé, du Comité d’éthique de l’Inserm, qui tentent de sensibiliser le monde de la recherche à ces problématiques. Le risque de retard au diagnostic et à la prise en charge est donc fréquent. Il explique que la majorité des décès liés à l’infarctus concernent aujourd’hui les femmes. »

Là encore, la précarité est un fardeau. « On sait que la pauvreté accroît les situations de risques chez les femmes : mauvaise alimentation, mauvaise hygiène de vie, diabète, tabagisme », rapporte Geneviève Couraud.

Aux États-Unis, l’American Heart Association (AHA) propose des outils aux chercheurs et soignants pour endiguer ces disparités genrées face à l’AVC. Entre 1999 et 2009, de nombreuses campagnes ont eu lieu et « le taux de sensibilisation au fait qu’une maladie du cœur pouvait causer la mort a doublé. Durant la même période, le taux de décès dû à un AVC a été réduit de moitié chez les femmes », écrivent la professeure Lori Mosca et ses collègues(11). En France, rien de tel, et le nombre de décès dû aux accidents cardiovasculaires diminue, certes, mais surtout chez les hommes.

En France, « il y a moins de recherche médicale sur les femmes pour différentes raisons, explique Geneviève Couraud. On dit que les risques de grossesse peuvent être gênants [car la société tolère encore moins les effets secondaires chez une femme enceinte, NDLR] ou que leur taux d’hormones fluctue, ce qui peut influencer le résultat des recherches… ». En matière de tests pharmaceutiques, les eurodéputés se sont prononcés en faveur de plus d’égalité. Le Parlement européen a ainsi mis en lumière « la nécessité d’une action urgente afin de combler l’inégalité de représentation des genres dans les essais cliniques dans les domaines de la santé où cette inégalité est particulièrement préjudiciable, tels que le traitement de la maladie d’Alzheimer, du cancer, des accidents vasculaires cérébraux, les antidépresseurs et les maladies cardiovasculaires »(12).

Des pratiques « non-consenties »

Par ailleurs, la notion de non-consentement des patientes a été largement médiatisée récemment. En 2015 notamment avec les révélations sur des touchers pelviens réalisés par des étudiants en médecine – raison invoquée : leur formation… – sur des patientes endormies, sans leur consentement préalable. L’Ordre des médecins avait alors condamné cette pratique « inacceptable ». Ces derniers mois, ce sont les déclarations de la secrétaire d’État à l’Égalité qui ont mis le sujet à l’agenda médiatique : Marlène Schiappa a annoncé « un taux d’épisiotomie de 75 % » et « des pratiques obstétricales non consenties ». Ce chiffre issu d’une étude menée sur moins de 1 000 femmes par l’association Maman Travaille (créée par Marlène Schiappa) a été remis en cause notamment par le Collège nationale des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Dans une lettre ouverte, le Dr Israël Nisand, président du CNGOF, estime que ces propos sont infondés : « Il n’y a pas 75 % d’épisiotomies en France puisque la dernière évaluation officielle et publique réalisée en 2010 en rapportait 27 %, avec une réduction de moitié depuis le décompte précédent qui était de 55 % en 1998. » Le taux a même baissé de 27 à 20 %, selon les premiers résultats, dévoilés en octobre, de l’enquête nationale périnatale mise en œuvre par le ministère de la Santé, l’agence Santé publique France et l’Inserm.

Les propos de la secrétaire d’état ont, quoi qu’il en soit, rouvert la boîte de Pandore sur les violences verbales ou physiques (notamment la non-prise en compte de la douleur, l’absence d’information et de demande de consentement sur certains gestes…) subies par les femmes pendant leur maternité. Le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes en pointe du doigt une cause : « La majorité des professionnels concernés a à cœur d’offrir aux femmes un accompagnement de qualité. Toutefois, les conditions dans lesquelles ils exercent et l’organisation actuelle dans les maternités (sous-effectif, surcharge dans les salles de travail…) ne sont pas sans conséquence sur la qualité de cette prise en charge. » Un rapport sur les violences obstétricales a été commandé au HCE par la secrétaire d’État.

Secrétariat d’État aux moyens réduits

La discrimination des femmes est maintenant mise en avant et prise en considération, et des institutions publiques luttent pour l’égalité. Cependant, les moyens y étant consacrés sont en baisse depuis l’investiture d’Emmanuel Macron, alors qu’il avait annoncé dans un tweet, lorsqu’il était candidat, la création d’un ministère « plein et entier du droit des femmes ». Il faudra finalement se contenter d’un secrétariat d’État aux moyens réduits de 25 %, soit 7,5 millions d’euros, par rapport au budget du ministère précédent. C’est peut-être en guise de compensation que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles est devenue une “grande cause nationale du quinquennat”, permettant ainsi à des associations de bénéficier gratuitement de spots télévisés ou radiophoniques. Un projet de loi est annoncé en 2018.

(1) Le HCE a été créé en 2013 sous l’impulsion de François Hollande et fait état chaque annéede l’état du sexisme en France.

(2) HCE, “La santé et l’accès aux soins : une urgence pour les femmes en situation de précarité”, rapport publié le 29 mai 2017 (à consulter via le lien raccourci bit.ly/2uvrzFU).

(3) Emma, Fallait demander (à lire via bit.ly/2q7XzOL).

(4) Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), “Photographie statistique des accidents de travail, des accidents de trajet et des maladies professionnelles en France selon le sexe entre 2001 et 2014” (à consulter via bit.ly/2x3LhJz).

(5) Assurance maladie, “L’essentiel 2016 – Santé et sécurité au travail” (à consulter via bit.ly/2xOPwxg).

(6) Le seuil de cumul de manutention de charges est de 7,5 tonnes par jour (article D 4161-2 du Code du travail).

(7) Unité Inserm 1018, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, “Étude cas-témoins sur la relation environnement et cancer du sein en Côte d’Or et en Ille-et-Vilaine (Enquête Cecile)”, 2012.

(8) Dares (Drection de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), “Le travail de nuit en 2012 – Essentiellement dans le tertiaire”, août 2008 (à consulter via bit.ly/2x3FCU1).

(9) Données de France AVC (bit.ly/29nuCaS).

(10) Étudié par Lynda Lisabeth et expliqué dans l’article scientifique “Acute Stroke Symptoms : Comparing Women and Men”, 2009.

(11) Lori Mosca, Elizabeth Barrett-Connor, Nanette Kass Wenger, “Sex/Gender Differences in Cardiovascular Disease Prevention, What a Difference a Decade Makes”, 2011.

(12) Résolution du Parlement européen du 14 février 2017 sur la promotion de l’égalité des genres en matière de santé mentale et de recherche clinique (via le lien bit.ly/2zy2jBc).

LE SEXE DU MÉDECIN INFLUENCE LE DIAGNOSTIC DU PATIENT… ET VICE VERSA

Les médecins généralistes, hommes ou femmes, n’évaluent pas de la même façon les risques d’accidents cardiovasculaires chez leurs patients et leurs patientes. Une étude de 2016 menée dans la région parisienne auprès de 52 médecins et de 2 262 patients l’a démontré. D’après les résultats, les patriciens hommes rapportent moins souvent les informations sur les facteurs de risque (cholestérol, glucose, tabagisme) dans les dossiers médicaux des patientes. Les médecins sont plus attentifs à ces facteurs chez les patients hommes, certainement, rapporte l’étude, en raison de la « réalité épidémiologique » : les maladies cardiovasculaires sont plus fréquentes chez les hommes « plus enclins à adopter des comportements à risque (tabagisme, alcool) ». Cette différence de traitement était moins marquée chez les patientes des praticiennes. Le stéréotype voulant que les femmes aient « une propension à être plus conformiste », à mieux suivre les règles, est également évoqué dans les résultats pour expliquer la façon plus égalitaire des praticiennes de traiter les patients des deux sexes.

Source : R. Delpech, Vi. Ringa, H. Falcoff, L. Rigal, “Primary prevention of cardiovascular disease: More patient gender-based differences in risk evaluation among male general practitioners”, paru dans European Journal of Preventive Cardiology, Vol 23, Issue 17, juin 2016.

Sexisme Le Pr Buzyn parmi les victimes

« Comme beaucoup de femmes, j’ai eu affaire à des comportements très déplacés dans mon milieu professionnel », a témoigné Agnès Buzyn, ancien médecin et professeur spécialisé en hématologie, aujourd’hui ministre de la Santé, dans une interview au Journal du dimanche (22/10). « Des chefs de service qui me disaient : “Viens t’asseoir sur mes genoux.” Des choses invraisemblables… qui faisaient rire tout le monde », a-t-elle détaillé, relevant qu’une « femme qui réagit face à un propos sexiste n’est jamais prise au sérieux ». La ministre attend « que les hommes se rebellent publiquement, à nos côtés ».

3 questions à…

Geneviève Couraud, co-rapporteure et présidente de la commission Santé, droits sexuels et reproductifs, Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes

« On commence à regarder en face les choses qui étaient jusque-là cachées »

1 Les femmes sont “ignorées” dans certains pans du parcours de soins, est-ce symptomatique d’une société qui va mal ? Le fait d’en parler de plus en plus me semble au contraire le signe d’une société qui va mieux. On commence à regarder en face les choses qui étaient jusque-là cachées. Il y a une prise de conscience des professionnels travaillant avec les personnes précaires, comme le prouvent de nombreuses initiatives de qualité qui émergent, en santé communautaire ou dans le domaine de la formation au diagnostic des maladies cérébro-cardiovasculaires.

2 Les infirmières libérales ont-elle un rôle à jouer dans le combat pour l’égalité dans les soins ? Oui, elles peuvent même, d’une certaine manière, en devenir les fers de lance car elles sont partout sur le territoire. Il faudrait qu’elles soient convaincues de la nécessité d’accorder du temps aux femmes en situation de précarité qu’elles rencontrent et qui sont facilement reconnaissables grâce à leur couverture sociale (CMU). Par ailleurs, elles peuvent vérifier les habitudes de prévention de ces femmes : ont-elles par exemple bien fait leur frottis à temps pour détecter un cancer du col de l’utérus ?

3 Justement, le nouveau gouvernement a-t-il saisi l’enjeu de la prévention pour parer aux inégalités ? La culture de la prévention en France n’est pas suffisante. On l’a bien vu avec l’ampleur irrationnelle prise par l’opposition à la vaccination. La loi travail en discussion [cet entretien a été réalisé avant la promulgation des ordonnances sur le Code du travail, NDLR] fait craindre pour l’égalité. Le rôle du HCE est de travailler en amont des textes de loi, et des débats du Sénat et de l’Assemblée nationale. Tous ses rapports sur les sujets qui lui incombent (parité, violences, santé sexuelle et reproductive, santé des femmes, international) veillent à mettre en évidence les freins à l’égalité ou les discriminations subies par les femmes, et comportent des recommandations destinées à éclairer le législateur.

DES PAROLES ET DES ACTES

Des soignantes à domicile victimes de sexisme

Le sexisme, par les mots ou les actes, sévit aussi au travail : une femme sur cinq y a connu un acte de harcèlement sexuel(1). Des soignantes à domicile n’y échappent pas, victimes du patient ou de son entourage.

« Le harcèlement est une réalité dans les soins à domicile, indique Nadia Flicourt, infirmière-sexologue et formatrice de professionnels à domicile. Des infirmières me parlent d’exhibitionnisme, de gestes déplacés dans la salle de bains et même de séquestration. Les plus vulnérables sont les aides-soignantes, les auxiliaires de vie et les stagiaires. Les Idels ont une stature qui leur permet de répondre plus facilement au patient. »

Les Idels femmes recevraient un accueil différent de leurs homologues hommes. Pour le meilleur, certes : « Les patients se confient davantage aux soignantes, je m’en rends compte en parlant avec mes collègues hommes », témoigne N., Idel à Marseille (Bouches-du-Rhône). Mais aussi pour le pire : « Je n’ai jamais connu de situation trop compliquée, mais, parce que je suis une femme, les patients sont enclins à me faire, plus qu’à mes deux collègues de cabinet hommes, de petites doléances : changer la literie, faire les courses, ouvrir le courrier, leur tenir compagnie… C’est très chronophage. » Et sexiste… Pour cette Idel, patients et patientes se comportent à l’identique sur ce point. Nadia Flicourt précise le portrait-robot du sexiste : « Les débordements interviennent principalement chez les hommes de la vieille génération, voulant prouver leur virilité ou dont l’inconscient travaille autour du fantasme de l’infirmière. La nouvelle génération d’hommes agit différemment. »

Mesures de protection

Difficile parfois d’appréhender le sexime dans ce lieu non neutre qu’est le domicile. Un cadre légal protège toutefois les professionnels intervenant auprès des patients. « Si la soignante le pense nécessaire, elle peut déposer une main courante auprès de la gendarmerie [ou de la police]. Dans ce cas, aucune plainte n’est déposée, aucune enquête n’est déclenchée, mais cela permet de dater l’événement », note Nadia Flicourt. Dans cette situation, ou si une plainte est déposée, le patient doit être prévenu de la procédure mise en route. Autre solution : passer le relais. « L’infirmier a le droit de refuser ses soins pour une raison professionnelle ou personnelle (…). Il doit (…) en expliquer les raisons [au patient], l’orienter vers un confrère ou une structure adaptée », stipule le Code de la santé publique(2). Aujourd’hui, seuls 5 % des cas de harcèlement sexuel au travail sont portés devant la justice, avec des résultats mitigés (40 % de sanctions contre les auteurs présumés, selon les victimes). « La lutte contre les violences est une priorité du nouveau gouvernement, mais cela ne pourra se réguler que par une instruction et une éducation égalitaire », conclut Nadia Flicourt.

(1) Le Défenseur des droits, “Enquête sur le harcèlement sexuel au travail”, étude de 2014 (bit.ly/2yIx2x6).

(2) Article R 4312-12.