Parler de soins palliatifs renvoie le plus souvent à l’idée de toute fin de vie. Ils peuvent être dispensés bien en amont de la mort, lorsque les traitements spécifiques sont encore en place, que la fin de vie n’est pas imminente et que la personne nécessite des soins de confort et un accompagnement.
Un sondage de l’IFOP
Enfin, la difficulté croissante à gérer des épisodes aigus à domicile (douleurs réfractaires, dyspnée…) pourrait expliquer que seulement 33 % des personnes vivant à domicile un mois avant leur décès y meurent effectivement
La loi du 9 juin 1999 visant à garantir le droit à l’accès aux soins palliatifs précise que « toute personne malade dont l’état le requiert a le droit d’accéder à des soins palliatifs et à un accompagnement ». Cela, quel que soit son lieu de soins. Par ailleurs, le code de déontologie des infirmiers énonce (article R. 4312-20 du Code de la santé publique, CSP) qu’ils ont « le devoir d’aider le patient dont l’état le requiert à accéder à des soins palliatifs et à un accompagnement », ne doivent pas « provoquer délibérément la mort » et assurer au patient « une vie digne jusqu’à la mort ». Ils ont également le devoir d’accompagner l’entourage du patient.
Bien que cet accès soit un droit contenu dans la loi, sa réalité n’est pas toujours optimale. Les personnes malades, leur famille et même les professionnels ne connaissent pas toujours les dispositifs (équipes mobiles, réseaux, associations de bénévoles, aide aux aidants…) qui pourraient faciliter la dispensation à domicile de ces soins dans de bonnes conditions. Pour connaître les dispositifs spécifiques près de chez eux, ils peuvent avoir accès à un annuaire national disponible sur www.sfap.org/annuaire.
Certains malades dont l’état de santé risque de s’aggraver sont identifiés tardivement et ne peuvent bénéficier de soins adaptés à la fin de vie. Si les patients atteints de pathologies cancéreuses sont repérés de plus en plus tôt comme pouvant bénéficier de soins de support (intégrant les soins palliatifs), pour les patients atteints de pathologies cardiovasculaires, une étude
Définir la fin de la vie est plus difficile qu’il n’y paraît. En effet, quand commence la fin ? La fin de la vie ne peut être réduite à la phase terminale d’une maladie, pas plus que l’existence ne débute dès lors que l’homme arrive à la vie. A priori, la question de la fin de la vie se pose dès lors que, en raison de l’évolution d’une maladie ou de l’âge, la question de la mort se dessine, s’immisce dans la conscience de la personne, souvent corrélativement à la perte de son indépendance
Il apparaît essentiel lors de l’annonce d’une maladie ou d’une insuffisance d’organe grave d’envisager assez vite avec la personne malade ce qu’il peut advenir. On explique bien sûr à ce moment, en s’appuyant sur les données de l’evidence-based médicine, que tel traitement ou stratégie thérapeutique est recommandé dans une visée a priori curative. Mais il est bon d’emblée d’exprimer une forme d’incertitude, consubstantielle à la médecine. Il convient de préciser que la médecine n’est pas une science exacte, que le traitement proposé, s’il est censé conduire à un résultat probable, peut aussi, parce que la personne est unique et que la maladie peut ne pas “répondre” au traitement, ne pas donner le résultat attendu. Puis, au fur et à mesure du suivi de la personne malade, le médecin pourra affiner les hypothèses en termes d’évolution et de traitements possibles selon ces différentes évolutions. Ainsi, petit à petit, l’idée qu’une maladie peut ne pas évoluer comme on l’espérait, qu’elle peut ne pas guérir, qu’un traitement peut ne pas être efficace, germera, puis fera son chemin dans l’esprit de la personne malade. Et si l’évolution de la maladie s’avère péjorative, l’annonce de l’aggravation puis celle des soins palliatifs n’auront pas la violence d’une annonce non anticipée, non préparée.
Le Comité consultatif national d’éthique, dans un récent avis
Le plus simple pour tenter d’approcher une définition de la fin de vie est certainement de raisonner en fonction des objectifs de soins avec plusieurs étapes au fil de l’évolution de la maladie
On peut donc considérer que la question de la fin de vie se pose progressivement au cours de l’évolution d’une maladie grave et qu’une définition arbitraire, figée, ne correspond pas à la réalité des personnes malades.
Les progrès considérables dans le champ social et sanitaire, en particulier les avancées techniques et scientifiques de la médecine moderne, ont conduit à l’augmentation inédite de l’espérance de vie sans incapacité et à la guérison de nombreuses maladies. En repoussant la frontière entre la vie et la mort, la médecine a suscité également l’émergence de situations cliniques jusqu’alors impensées, projetant les professionnels de santé dans un véritable no man’s land. C’est ainsi que la chronicisation de certaines maladies ou la suppléance d’insuffisances d’organes qui auraient très vite conduit dans le passé à la mort des personnes sont sources aujourd’hui de situations qui posent parfois la question de la qualité et du sens de l’existence. De fait, le progrès génère des situations de vulnérabilité, complexes et singulières.
Dans de telles situations, la question se pose parfois de la pertinence de mettre en œuvre ou de poursuivre certains traitements qui contribuent au maintien dans une vie qui n’est parfois plus que souffrance. La question qui se pose est souvent la suivante : est-ce qu’au seul motif que la médecine sait apporter des réponses à des questions, ces réponses sont justifiées, pertinentes ? Autrement dit, est-ce qu’au seul motif que l’on sait faire, on doit faire ?
Le soignant contemporain est de plus en plus souvent confronté au questionnement éthique sans s’être formé à la construction de la réflexion éthique et sans avoir appris à débattre de ces questions en interdisciplinarité. Qui plus est, il est souvent contraint par le temps et la non-reconnaissance de cet “acte réflexif collectif” qui pourrait pourtant être la source de bien des économies.
Ne pas se poser ou mal se poser ce type de question en tant que professionnel de santé conduit parfois à une contradiction difficile à résoudre. Certaines survies générées par une logique de l’action non interrogée (je fais ce que j’ai appris à faire sans interroger le sens de cette action) constituent une obstination déraisonnable. La loi fait référence au terme d’obstination déraisonnable en le définissant comme suit (article L1110-5 du CSP) : « Si un acte est inutile, ou disproportionné, ou qu’il n’a pas d’autre effet que de maintenir artificiellement en vie, il peut être suspendu ou ne pas être entrepris, conformément à la volonté du malade. »
Selon les recommandations de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), « la souffrance est définie comme réfractaire si tous les moyens thérapeutiques et d’accompagnement disponibles et adaptés ont été proposés et/ou mis en œuvre sans obtenir le soulagement escompté par le patient, ou qu’ils entraînent des effets indésirables inacceptables ou que leurs effets thérapeutiques ne sont pas susceptibles d’agir dans un délai acceptable. Le patient est le seul à pouvoir apprécier le caractère insupportable de la souffrance, du délai ou des effets indésirables ».
Une obstination déraisonnable peut conduire à des situations de souffrance réfractaire
Elles reflètent l’expression de la volonté d’une personne qui, en fin de vie, serait hors d’état d’exprimer ses souhaits. Ceux-ci, au sens de la loi, concernent le refus, la poursuite, l’arrêt ou la limitation de traitements ou d’actes médicaux, y compris le maintien artificiel de la vie. Les directives anticipées peuvent également concerner la sédation profonde et continue jusqu’au décès dans les situations expressément prévues par la loi (lire Point sur p. 48).
Toute personne majeure malade ou bien portante peut en rédiger, elles sont modifiables et révocables à tout moment et n’ont pas de limite de validité. Il s’agit d’un document écrit, daté, signé avec nom, prénom, date et lieu de naissance. Elles peuvent être écrites sur papier libre mais deux modèles ont été prévus par la Haute Autorité de santé (HAS) (cf. le lien raccourci bit.ly/2ydqg2c), selon que la personne est bien portante ou se sait atteinte d’une maladie grave au moment de leur rédaction. Il est important que ces directives soient facilement accessibles pour le médecin qui aurait besoin de les consulter (confiées au médecin traitant, à la personne de confiance…).
Une personne pouvant s’exprimer mais ne pouvant écrire peut les faire rédiger en présence de deux témoins, dont sa personne de confiance si elle existe.
À noter : une personne sous tutelle peut les rédiger et également désigner une personne de confiance avec l’autorisation du juge (ou du conseil de famille s’il a été constitué). Le tuteur ne peut ni l’assister ni la représenter à cette occasion. Depuis 2016, les directives anticipées sont devenues contraignantes pour les médecins.
Instaurée par la loi du 4 mars 2002, la personne de confiance peut être désignée par toute personne majeure (par un document écrit, daté, signé et cosigné par la personne de confiance) qui peut être un parent, un proche ou le médecin traitant. Elle sera consultée au cas où la personne malade serait hors d’état d’exprimer sa volonté. Elle peut « l’accompagner dans ses démarches et assiste aux entretiens médicaux afin de l’aider dans ses décisions ». Depuis la loi de 2016, le médecin traitant doit s’assurer que la personne malade est informée de cette possibilité. La personne de confiance n’a pas d’accès direct au dossier médical, sauf si ce dossier est reçu des mains de la personne malade. En cas d’arrêt et de limitation de traitement, dans le cadre de la loi de 2016, hormis les directives anticipées, son témoignage prévaut sur tout autre.
(1) Institut français d’opinion publique (IFOP), “Fin d’un tabou ! La mort, la fin de vie, le deuil, ma mort, ça concerne et intéresse les Français”, 2010, (à consulter via bit.ly/2xPV31B).
(2) Elsa Gisquet et al., “Où meurt-on en France ? Analyse des certificats de décès (1993-2008)”, Bulletin épidémiologique hebdomadaire n° 48, décembre 2012 (à consulter via bit.ly/2kVZwid).
(3) Insee, “Statistiques d’état civil sur les décès en 2016”, rapport, octobre 2017 (à consulter via bit.ly/2xkWcie).
(4) Commission de réflexion sur la fin de vie, “Penser solidairement la fin de vie”, rapport Sicard, décembre 2012 (à consulter via bit.ly/2i0TcFc).
(5) Mc Kinley and all, “Care of people dying with malignant and cardiorespiratory disease in general practice”, The British Journal of General Practice, décembre 2004.
(6) Scott A. Murray, Sébastien Moine, Jordi Amblàs-Novellas et Kirsty Boyd, membres du groupe référent de l’EAPC sur les soins primaires (bit.ly/2zLYFnC).
(7) Régis Aubry, “Quand commencent les soins palliatifs et qui décide ?”, La Revue du praticien, 2009, monographie “Soins palliatifs” ; 59 :1-4.
(8) Comité consultatif national d’éthique, “Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir”, Avis n° 121, 1er juillet 2013 (à consulter via bit.ly/2xwiVXT).
(9) Espace éthique de la Fédération hospitalière de France, “Avis surles contraintes éthiques des directives anticipées contraignantes concernant une personne atteinte d’une maladie grave”, février 2016 (bit.ly/2y602PV).
(10) D. Folscheid, “La question de la médicalité”, Philosophie, éthique et droit de la médecine, Paris, PUF, p. 121.
(11) Loi n° 2016-87 du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie.
(12) R. Aubry, D. D’Hérouville, M.-C. Daydé, G. Hirsch, “Soins palliatifs et soins de support”, Oncologie, volume 7, mai 2005.
(13) SFAP, “Recours, à la demande du patient, à une sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès – Évaluation du caractère réfractaire de la souffrance”, fiche repère, mai 2017 (à consulter via bit.ly/2i0Agq0).
La seule cotation spécifique aux soins palliatifs est la majoration de coordination infirmière (MCI), qui s’applique pour :
→ les soins à domicile à un patient en soins palliatifs (actes techniques ou séances de soins). La situation palliative est définie comme « relevant d’une pathologie grave, évolutive, mettant en jeu le pronostic vital »,
→ les pansements lourds et complexes.
La MCI ne peut être facturée qu’une seule fois par intervention au domicile du patient.
→ Assistance pharmacologique au suicide
L’assistance au suicide consiste à donner les moyens à une personne de se suicider. Dans ce cas, la personne se donne elle-même la mort en absorbant un produit létal qui lui a été préalablement délivré. La seule volonté à l’origine de l’acte létal est celle de la personne qui peut, dans sa sphère privée, mettre fin à sa vie. La personne détentrice du produit létal reste libre de décider de ne pas l’absorber.
L’assistance au suicide mobilise certes l’intervention d’autrui, mais elle fait peser sur la personne qui demande l’assistance la responsabilité de l’acte final. Il faut noter que la notion d’assistance au suicide vient en tension avec une autre notion qui est le devoir d’assistance à une personne suicidaire.
→ Suicide assisté
La notion de suicide assisté signifie a priori à la fois la volonté de la personne de se donner la mort et l’impossibilité concrète de le réaliser elle-même. On peut ainsi imaginer que certaines personnes parfaitement conscientes et autonomes au plan psychique mais tétraplégiques, ou encore atteintes de syndrome d’enfermement (locked-in syndrom), ne peuvent absolument pas arrêter de vivre, même si elles le décident en toute autonomie. Dans ce contexte, la personne demande à un tiers, médecin (on parle alors de suicide médicalement assisté) ou non, de faire ce qu’elle ne peut accomplir par elle-même.
→ Euthanasie
L’euthanasie est, selon toutes les définitions communément admises, un acte destiné à mettre délibérément fin à la vie d’une personne atteinte d’une maladie grave et incurable, à sa demande, afin de faire cesser une situation qu’elle juge insupportable.
Certaines personnes peuvent exprimer à la fois le désir de mourir et leur refus, ou leur impossibilité psychologique de se donner elles-mêmes la mort – et ce, en dehors de tout empêchement lié à la maladie – ou encore leur préférence pour qu’un médecin mette fin, à leur demande, à leur existence, plutôt que de le faire elles-mêmes.