L'infirmière Libérale Magazine n° 342 du 01/12/2017

 

ENVIRONNEMENT

Actualité

Isabel Soubelet  

Un rapport publié par The Lancet confirme les effets du changement climatique sur la santé humaine au niveau mondial. Des conséquences déjà ressenties par les communautés les plus vulnérables.

Alors que la 23e Conférence des parties (COP23), organisée en Allemagne et présidée par les Îles Fidji du 6 au 17 novembre, affiche un bilan en demi-teinte, très loin de l’engouement généré par l’Accord pour le climat signé à Paris en 2015, les effets du changement climatique affectent déjà la santé humaine(1). Un rapport publié le 30 octobre par The Lancet(2) propose une évaluation des effets du changement climatique sur la santé humaine et des implications sanitaires des actions de mise en œuvre de l’Accord de Paris. Ce travail repose sur une collaboration mondiale de 24 établissements universitaires et organisations intergouvernementales et s’appuie sur les recherches de climatologues, écologistes, économistes, géographes… mais aussi professionnels de la santé publique et médecins. Tous les ans, et jusqu’en 2030, ce consortium va établir un rapport sur la base de 40 indicateurs dans cinq domaines : l’exposition et la vulnérabilité au changement climatique et ses effets ; les plans d’adaptation pour la santé et la résilience ; les mesures d’atténuation et les co-bénéfices pour la santé ; l’aspect économique et financier ; l’engagement public et politique.

Canicules, moustiques et particules fines

Le rapport de 2017 précise, en introduction, que « les symptômes humains du changement climatique sont sans équivoque et potentiellement irréversibles, et qu’ils touchent dès aujourd’hui la santé des populations dans la monde entier ». L’étude reconnaît sans ambiguïté « l’exposition plus fréquente et plus intense aux canicules […] entre 2000 et 2016 ». Rappelons qu’une exposition à des canicules répétées et plus intenses accroît les risques sanitaires liés à la déshydratation ou aux problèmes cardiaques. Par ailleurs, « la modification des conditions climatiques contribue à un accroissement de la capacité vectorielle des moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus à transmettre la dengue ». En outre, « la hausse des températures ambiantes a des effets négatifs sur la productivité du travail, et les populations exposées entre 2000 et 2016 affichent une réduction de 5,3 % de leur productivité globale ». Autre point négatif, l’exposition globale aux particules fines en suspension, ramenée à la population, a augmenté de 11,2 % depuis 1990 ; 71,2 % des 2 971 villes figurant dans la base de données sur la pollution atmosphérique de l’Organisation mondiale de la santé dépassent les limites recommandées d’exposition annuelle. Un fait non négligeable dans le développement de l’asthme, des allergies et des problèmes respiratoires. L’étude rappelle aussi « le rôle et la place des professionnels de santé […] pour stimuler le progrès en matière de lutte contre le changement climatique, et [pour faire] en sorte que le rôle central du changement climatique pour la santé humaine soit bien compris par le public et les décideurs politiques ».

(1) Relire aussi notre dossier de décembre 2016 (n° 331) sur le sujet.

(2) En anglais sur le site du Lancet (lien : bit.ly/2zclkM9).