Dans son exercice, l’Idel peut être régulièrement confrontée à des situations et des questions relatives à l’usage du cannabis et aux inquiétudes qu’il suscite. Mais que sait-on précisément des retentissements à court et long termes de sa consommation sur la santé ?
Les études observationnelles rétrospectives
Les risques sont directement corrélés à trois facteurs.
L’absorption par inhalation de la fumée du cannabis est non seulement plus rapide
À noter : le cannabis sous forme d’huile ou de produit de synthèse est également « vapoté ». La nocivité de cet usage récent n’est pas connue.
Un usage régulier de cannabis est logiquement plus à risque qu’un usage sporadique. Toutefois, il est difficile d’établir une échelle de risques ou un seuil de dangerosité liés à la fréquence d’utilisation car la toxicité de l’usage dépend aussi de la composition du produit, très variable selon la provenance du cannabis, notamment au niveau des taux des principaux cannabinoïdes, le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD).
À noter : si le THC est responsable du principal effet psychoactif, le CBD en revanche a des vertus plus « régulatrices ». Ainsi, en fonction de la teneur en THC et CBD, certains cannabis seront plus ou moins toxiques que d’autres.
Comme pour toutes les substances psychoactives, plus l’usage du cannabis est précoce, plus l’effet est délétère, et le risque, majoré de développer une addiction et de perturber le développement psychoaffectif et cognitif (perte de points de QI). L’adolescence est donc une période cruciale pour détecter les conduites à risque et proposer un accompagnement (lire l’encadré ci-contre).
À noter : en 2010, un collégien sur dix déclarait avoir expérimenté l’usage de cannabis, selon l’Observatoire français des drogues et de la toxicomanie (OFDT)
Pour la grande majorité des usagers, la consommation de cannabis restera sporadique et pourra être diminuée ou arrêtée sans difficulté et sans effet majeur sur leur santé. En revanche, ceux qui en font un usage régulier, intensif et durable s’exposent à des troubles cognitifs, psychiques, psychiatriques et physiques. Selon plusieurs études, 5 à 10 % des usagers de cannabis développeraient un trouble lié à cet usage. Certains surviennent de manière aiguë tandis que d’autres s’installent sur le long terme.
Le cannabis diminue les capacités d’attention, de concentration, de mémorisation immédiate et d’encodage des informations, ce qui peut nuire aux apprentissages et engendrer des difficultés scolaires importantes. La perception visuelle, la vigilance et les réflexes sont également modifiés
Chez certaines personnes fragiles, le cannabis peut engendrer ou aggraver des troubles psychiques (anxiété, crises de panique…) et favoriser la survenue d’une dépression. « Il est aujourd’hui également attesté que la consommation de cannabis, associée à d’autres facteurs de risque (âge d’exposition, composition du cannabis consommé
Les principales complications somatiques du cannabis concernent l’arbre respiratoire. L’association du tabac et du cannabis favorise et entretient les pathologies respiratoires (toux, infections pulmonaires, broncho-pneumopathie chronique obstructive…) et entraîne des cancers du poumon plus précoces que le tabac seul
(1) Cf. notammentune revue de la littérature internationale de 2013 sur le site de l’Observatoire français des drogues et de la toxicomanie (OFDT) (lien : bit.ly/2zVHAdK).
(2) Le tétrahydro-cannabinol (THC) absorbé par inhalation est détecté dans le sang environ deux minutes après la première bouffée, et son pic est obtenu après 10 à 20 minutes. En cas d’administration orale, le pic de THC est obtenu entre 60 et 120 minutes en moyenne, explique Maad digital (lien : bit.ly/2yTG0Wh).
(3) À lire sur le site de l’OFDT (lien : bit.ly/2zKSUcy)
(4) Selon la fiche de 2015 sur le cannabis de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (lien : bit.ly/2zIIwlL).
(5) Le THC augmente le risque alors que le CBD aurait plutôt des effets antipsychotiques.
L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.
Cet article est le premier volet d’un diptyque consacré aux effets du cannabis. Dans notre prochain numéro, nous en évoquerons les usages à visée thérapeutique.
→ Chez un consommateur occasionnel, la concentration en tétrahydrocannabinol (THC) dans le sang est divisée par deux après environ une heure et demie. Ensuite, le THC capté par les tissus graisseux (il est lipophile) repasse très lentement dans le sang et s’élimine totalement en deux à trois jours. Son accumulation dans les graisses explique pourquoi, en cas de consommation régulière, les tests de recherche urinaires du cannabis peuvent rester positifs jusqu’à quatre à six semaines après arrêt de l’usage.
Si les professionnels de santé libéraux repèrent assez facilement les signes d’un usage de substances psychoactives, il leur est plus difficile d’aborder franchement ce sujet avec le patient ou la famille. Afin de les y aider, la Haute Autorité de santé (HAS) propose, sur son site, un outil d’aide au repérage précoce et à l’intervention brève
(1) Sur le site de la HAS (lien : bit.ly/2zLWW45).