INTERVENTION EN EHPAD
L’exercice au quotidien
À Nanterre (Hauts-de-Seine), Yassin Trikha intervient dans un Ehpad afin de prendre en charge un patient sous dialyse péritonéale.
→ Nous sommes huit infirmiers au sein du cabinet, dont quatre formés aux dialyses péritonéales (DP). C’est un acte que nous effectuons quotidiennement et pour lequel nous avons un réel savoir-faire. Après plusieurs épisodes hospitaliers, un de nos patients a dû être accueilli en Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en septembre 2016. Âgé et présentant une démence de type Alzheimer, il était jusqu’alors maintenu chez lui grâce aux passages quotidiens des professionnels de santé. Son fils tenait néanmoins à ce que nous continuions la prise en charge pour la DP. Il estimait que son père serait moins perturbé par des visages familiers. Nous avons accepté, car la DP est un acte que l’Idel peut accomplir en Ehpad et coter de la même façon qu’à domicile.
Pour assurer une prise en charge de qualité, nous fonctionnons en binôme. Chacun ajuste sa tournée en fonction de la première DP de la journée ; les suivantes doivent être effectuées à intervalle de quatre heures maximum. Finalement, Ehpad ou domicile, cela ne modifie pas notre pratique. Une bonne coordination avec les soignants de l’établissement est néanmois nécessaire, notamment avec l’infirmière, qui doit nous transmettre les constantes du patient et nous informer de son état général lorsqu’il évolue. Nous faisons le point lors des transmissions ou par SMS. La situation est plus singulière pour l’Ehpad : les personnels soignants ne sont pas du tout habitués à voir des Idels intervenir au lit du patient. En raison du fort turnover de personnels, ils peinent parfois à nous situer. Et ils ne savent pas toujours à qui s’adresser concernant notre patient. À l’infirmière de l’Ehpad ou à nous ? Eux comme nous savons maintenant que les Idels peuvent assurer ce type de prise en charge en établissement. Nous quittons notre patient l’esprit tranquille, ce qui n’est pas toujours le cas à domicile. S’il se passe quelque chose, l’équipe est présente et peut orienter le patient à l’hôpital si besoin. »
« Tous les patients hébergés en Ehpad et bénéficiant d’une DP peuvent faire appel à une Idel pour recevoir ce soin, comme le prévoit le décret n° 2011-1602 du 21 novembre 2011. Toutefois, cet acte reste assez rare en Ehpad : il concerne un patient sur cent environ. Les établissements ignorent souvent l’existence du décret et refusent les demandes d’admission de ce type de résidant. C’est vraiment dommage, car ces patients sont confrontés à une très grande fatigabilité et auraient assurément besoin du service hôtelier qu’offrent les Ehpad aujourd’hui. L’Idel n’intervient pas comme un électron libre, mais doit s’inscrire dans une organisation et, par conséquent, travailler en équipe avec nous. Il incombe d’ailleurs à l’infirmière coordinatrice de s’assurer de cette coopération. »