Entre le 6 octobre et le 11 décembre, plus de 130 000 personnes ont été vaccinées contre la grippevia l’expérimentation des pharmaciens. En revanche, chez les Idels, il n’existe pas de données en temps réel pour cette même activité. « Un vrai problème », selon un responsable d’URPS.
Au 11 décembre, 85 364 personnes ont été vaccinées en officine en Auvergne-Rhône-Alpes et 48 408 en Nouvelle-Aquitaine.
Dans ces deux régions, 3 000 pharmaciens participent depuis le 6 octobre à l’expérimentation de la vaccination antigrippale des adultes de 18 ans et plus, ciblés par les recommandations vaccinales en vigueur, à l’exception des femmes enceintes et des personnes n’ayant jamais été vaccinées contre la grippe.
Le nombre de vaccinations en officine est comptabilisé en temps réel par une plateforme informatique miseen place par l’Ordre des pharmaciens. Elle permet notamment de recueillir les données relatives à chaque acte de vaccination et au vaccin délivré, d’éditer le formulaire de consentement et le certificat d’administration du vaccin, d’accéder aux statistiques d’activités et de déclarer le bilan d’activité en matière de vaccination.
Le seul chiffre officiel concernant les Idels est celui de la campagne précédente : elles ont vacciné 1 265 914 personnes contre la grippe en 2016, selon l’Assurance maladie.
Contrairement aux pharmaciens, les Idels ne disposent pas de plateforme pour comptabiliser en direct les vaccinations qu’elles réalisent. Et même si un tel outil existait, comme « nous vaccinons aussi les patients âgés chroniques que nous soignons quotidiennement, nous ne pouvons pas comptabiliser cet acte, rappelle Frédéric Deubil, trésorier de l’Union régionaledes professionnels de santé (URPS)-infirmiers Nouvelle-Aquitaine. Ne pas disposer de données chiffrées sur notre travail est un vrai problème pour nous, que ce soit pour la vaccination ou pour nos autres actes d’ailleurs. De ce fait, la teneur de notre activité n’est ni connue ni reconnue. »
L’URPS-infirmiers Auvergne-Rhône-Alpes a cependant menés a propre enquête en envoyant un e-mail aux Idels du territoire. « Actuellement, dans les secteurs où les pharmaciens vaccinent, les infirmières vaccinent moins, constate Lucien Baraza, présidentde l’URPS. Certaines Idels annoncent plus de 30 % de perte. En revanche, le taux de vaccination, lui, n’a pas augmenté. » Pourtant, l’expérimentation de la vaccination par les pharmaciens vise à améliorer le taux de couverture vaccinale des populations à risque, qui s’élevait à 46 % au 31 décembre 2016, alors que les objectifs de santé publique sont fixés à 75 %. C’est à la Direction générale de la santé (DGS) qu’il appartiendra de juger si l’expérimentation est concluante et donc d’envisager sa généralisation sur l’ensemble du territoire français.
« Il n’y a eu ni pédagogie ni concertation, pas davantage de courrier des pharmaciens pour expliquer aux Idels que l’idée n’était pas de prendre leurs soins », regrette Frédéric Deubil. Pour Lucien Baraza, il s’agit « d’une distorsion de concurrence, car le pharmacien vend le vaccin et peut ensuite vacciner le patient. Certains pharmaciens cherchent à garder de bonnes relations avec nous [les Idels], mais d’autres ne font pas vraiment d’efforts », dit-il. Les textes prévoient que les pharmaciens soient rémunérés 4,50 euros par personne éligible vaccinée bénéficiant d’une prescription médicale, et 6,30 euros pour celles disposant d’un bonde prise en charge de la Sécurité sociale. S’ajoute un forfait de 100 euros pour chaque pharmacien ayant réalisé au moins cinq vaccinations. « Les Idels perçoivent 6,30 euros pour la vaccination des patients au cabinet, rappelle Lucien Baraza. Les pharmaciens sont donc mieux payés que nous. »