Mieux vivre pendant les traitements - L'Infirmière Libérale Magazine n° 343 du 01/01/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 343 du 01/01/2018

 

Cahier de formation

Savoir faire

LE DIFFUSEUR

Présentation du dispositif

Il s’agit d’un système de perfusion continue, muni d’un petit réservoir portatif (ballon), qui contient le médicament en solution. Lorsque le ballon est rempli, cela génère une pression qui diffuse le médicament dans un tube relié à la chambre implantable (réservoir relié au cathéter). Le diffuseur fonctionne sans pile ni branchement électrique. La réduction du diamètre du ballonnet, reportée à une échelle visuelle graduée, permet de contrôler l’administration du médicament. Au début de l’administration, le médicament est visible, le ballon est gonflé. Le ballon est placé dans une coque de protection avec un orifice de ventilation. L’air y rentre quand le réservoir se vide. La présence de cet orifice rend possible la pénétration d’eau dans le système. Le patient doit donc faire attention à ne pas immerger le dispositif s’il se douche ou prend un bain, car cela risquerait de stopper la perfusion.

Vitesse de perfusion et température

Le diffuseur se vide très lentement, d’environ 2 ml/heure ou 5 ml/heure suivant le dispositif. Le débit est établi à l’aide d’un régulateur situé à la fin de la tubulure. Il est préréglé et ne peut être modifié. Toutefois, la vitesse de perfusion est fonction de plusieurs facteurs.

→ La chaleur augmente la vitesse de perfusion alors que le froid la diminue. Pour un débit constant, le diffuseur doit être placé à température ambiante, entre 20 et 27 °C. Le patient ne doit donc pas rester près d’une source de chaleur. À l’inverse, il faut le protéger du froid, le placer près du corps sous les vêtements.

→ En raison de la force de gravité, le fait de poser le diffuseur en hauteur augmente la vitesse de perfusion, le placer au sol la ralentit : il faut le garder au même niveau que le cathéter.

CONSEILS PRATIQUES

L’alimentation

C’est un point très important. Il existe plusieurs facteurs de dénutrition : aliments moins bien digérés, vomissements liés aux effets de la chimiothérapie/radiothérapie ou à l’obstruction intestinale, appétit et goût diminués. Il peut en résulter un amaigrissement, une fatigue et une moins bonne tolérance aux traitements.

À respecter :

→ Faire plusieurs petits repas plutôt que deux (plus longs à digérer). Aucun aliment n’est interdit, l’alcool est proscrit. L’aide d’une diététicienne peut être utile pour composer les menus.

→ Choisir des aliments appréciés par le patient.

→ Manger des aliments froids ou tièdes, moins odorants que les aliments chauds en cas de nausées et vomissements.

→ Manger lentement.

→ En cas de nausées après la chimiothérapie, manger des fruits et aliments frais. Sucer des glaçons peut apporter un soulagement. Boire par petites gorgées des boissons gazeuses sucrées.

→ En cas de diarrhée, éviter les fruits et légumes, qui peuvent l’aggraver. Des ralentisseurs de transit et des extraits pancréatiques peuvent être prescrits par le médecin. Les ralentisseurs doivent être pris avant les repas, les extraits au milieu ou au début.

→ La diminution du goût après la chimiothérapie peut être améliorée par des cures de zinc.

→ L’utilisation de couverts en plastique peut diminuer la sensation de goût métallique consécutif à certains traitements.

→ Parfois, les médecins peuvent proposer des compléments nutritionnels, aliments enrichis en vitamines, sels minéraux et protéines… par voie orale, sonde ou en perfusion (solutés de nutrition artificielle).

→ Maintenir, si cela est possible, au moins trente minutes d’activité physique par jour. Mais attention, pas de fatigue, car elle peut augmenter nausées et vomissements.

À éviter :

→ La position allongée après la prise de repas.

→ Les vêtements qui serrent trop le haut du corps ou la taille.

→ Faire parler la personne lorsqu’elle se sent le plus mal, car le fait de parler peut accentuer la sensation de nausées.

→ Boire pendant les repas.

→ Le tabac. Mieux : le supprimer.

→ Les aliments frits et épicés, lourds à digérer.

→ Le patient se pèse trop souvent : une fois par semaine suffit largement, sauf en cas de nausées ou de vomissements.

Les lésions de la bouche

Pour limiter les mucites ou stomatites occasionnées par certains médicaments comme le 5-FU, il est indispensable de prévenir le médecin pour qu’il prescrive des antidouleurs.

Penser à :

→ S’hydrater les lèvres en appliquant un lubrifiant gras (vaseline, beurre de cacao).

→ Privilégier les aliments mous ou mixés.

→ Boire beaucoup d’eau, thé, tisane, boisson à base de cola (facilitant la digestion).

→ Sucer des glaçons, de la glace pilée, des glaces à l’eau, des bonbons à la menthe.

→ Se brosser les dents avec une brosse à dent souple.

→ Faire des bains de bouche avec des produits prescrits par le médecin.

À éviter :

→ Les aliments (noix, gruyère) favorisant la survenue de mucites.

→ Les bains de bouche avec des produits qui dessèchent la bouche et risquent de provoquer des sensations de brûlure. Par contre, le bicarbonate 9 ‰ peut être utile.

→ Le tabac et l’alcool dans les semaines suivant le traitement

→ Les aliments acides ou épicés (jus de citron, vinaigrette, moutarde), secs et croquants.

Cas pratique

M. F. vient de débuter un traitement de type Folfirinox associant trois molécules (5-FU, oxaliplatine et irinotécan). À l’hôpital, les soignants ont mis en place un diffuseur permettant l’administration à domicile des médicaments. M. F. se sent très affaibli. Il a maigri. Il se plaint de nombreux effets secondaires, notamment de nausées, vomissements et ulcérations de la bouche.

Vous contrôlez à chaque intervention le fonctionnement du diffuseur et le déroulement de la perfusion.

Par ailleurs, pour lutter contre la dénutrition, vous lui conseillez de fractionner ses repas de manière à augmenter la quantité journalière. La chimiothérapie peut perturber le goût des aliments. Vous lui conseillez de manger les aliments qu’il apprécie et d’effectuer les soins de bouche prescrits. Vous vous renseignez pour savoir si des compléments alimentaires ont été donnés pour passer le cap.

Point de vue

« Les soins de confort, indispensables pour accompagner la chimiothérapie »

Pr Pascal Hammel, gastro-entérologue, chef du service d’oncologie digestive à l’hôpital Beaujon (AP-HP)

« L’infirmière en libéral joue un rôle clé dans la prise en charge de ce que je nomme les “6 D” : douleur, digestion, drainage (prothèse obstruction biliaire et digestive), dénutrition, dépression et dépense physique (exercice physique adapté pour réduire le risque de déconditionnement). Quand un patient débute une chimiothérapie, c’est un peu comme s’il allait traverser l’Atlantique en solitaire sur un bateau. S’il laisse tomber un objet (un des 6 D), en refusant par exemple les dérivés morphiniques pour apaiser la douleur ou en ne faisant pas “d’effort” sur le plan nutritionnel, je m’inquiète pour la sécurité du voyage et l’arrivée à bon port (contrôle tumoral). Je suis extrêmement drastique sur les soins de confort qui accompagnent la chimiothérapie. »