L'infirmière Libérale Magazine n° 344 du 01/02/2018

 

Édito

Nos amis américains tremblent, et pas seulement à cause de la mèche de Donald Trump. “La crise des opiacés”, comme la surnomment les médias, fait rage et ravage - 60 000 morts en 2016. La même année, plus de 11,5 millions d’Américains ont témoigné d’un mésusage, dans les douze mois précédents, d’opioïdes prescrits. Cette « spirale infernale » s’explique notamment par « la prescription d’opiacés pour la douleur chronique non cancéreuse », selon le médecin Daniel Annequin(1). Le fléau n’épargne ni les anonymes, ni les stars, comme les chanteurs Prince et Tom Petty, frappés d’une overdose de fentanyl, utilisé contre la douleur. Et en France ? « L’appétence des Français pour les opiacés faibles s’exprimait il y a sept ans par la consommation massive de Di-Antalvic (…). L’arrêt de la vente de codéine sans ordonnance en juillet 2017 a mis au jour une consommation occulte et massive, observe Daniel Annequin. L’estimation du nombre de patients avec une consommation problématique d’opiacés antalgiques est encore inconnue. » L’addiction aux psychotropes (anxiolytiques et hypnotiques, au premier rang, devant les antalgiques, produits de substitution et antitussifs) s’avère « fréquente, mais méconnue et sous-estimée », complète le professeur Maurice Dematteis(2). La dépendance la plus fréquente s’installe à des doses thérapeutiques, par une prise prolongée pendant des mois voire des années. Auprès des patients âgés (sous benzodiazépines pour 30 % d’entre eux) et des plus jeunes, face à la dépendance aux “benzos” et aux antalgiques opioïdes, l’IDE croise prise en charge individuelle et santé publique.

(1) Le Monde, 16/1.

(2) Formation en ligne « Comprendre les addictions » (www.fun-mooc.fr).