L'infirmière Libérale Magazine n° 345 du 01/03/2018

 

LUTTE CONTRE LA VIOLENCE

Actualité

Laure Martin  

Depuis 2012, l’Ordre national des infirmiers s’est doté, au sein de ses représentations départementales et interdépartementales, de 56 référents violence. Ils accompagnent les infirmières lorsqu’elles sont confrontées à des violences. Précisions avec le référent en Bourgogne-Franche-Comté.

Comment sont nés les référents violence ?

Lionel Vincent : En 2012, l’ONI, l’ensemble des ordres professionnels et les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de la Santé, ont signé un protocole d’accord ayant pour but d’améliorer la sécurité des professionnels de santé exerçant sur le territoire national. Les référents violence ont été créés dans ce contexte.

Quel est votre rôle ?

L. V. : Le référent violence sert à accompagner les infirmières qui sont confrontées à des situations de violence ou d’agressivité verbales ou physiques, de la part d’un patient notamment. Lorsque c’est le cas, elles peuvent appeler le conseil de l’Ordre auquel elles sont rattachées pour être mis en relation avec le référent violence. Lorsqu’une infirmière m’appelle, je lui demande dans un premier temps de m’expliquer sa situation et je cherche à savoir si elle a eu des séquelles physiques ou psychologiques. J’évalue aussi sa capacité à travailler. Si j’estime qu’elle n’est pas en mesure d’y retourner, je lui recommande d’aller voir un psychologue ou un médecin. J’ai aussi pour rôle d’accompagner juridiquement les infirmières. Notre objectif est de faire en sorte qu’elles puissent exprimer davantage leurs difficultés. Elles doivent donc se sentir soutenues et reconnues dans leur détresse. Pour le moment, très peu d’infirmières portent plainte. Alors, nous ne pouvons rien faire. Mais si elles portent plainte, nous pouvons les aider. Celles qui font appel aux référents violence sont encore peu nombreuses… Nous avons seulement deux ou trois cas par an dans ma région.

De quelle manière pouvez-vous les soutenir juridiquement ?

L. V. : Le rôle du référent violence est de conseiller l’infirmière. Sans remplacer l’avocat, nous assurons le suivi juridique de son dossier et lui apportons un accompagnement pendant le procès. L’Ordre peut se constituer partie civile à la place d’une infirmière et porter l’affaire en justice en son nom, uniquement au pénal, afin qu’elle ne se retrouve pas en porte-à-faux. Cela évite que son nom apparaisse dans les affaires car souvent, c’est un frein pour l’infirmière. C’est en séance plénière du conseil départemental ou interdépartemental que le dossier est discuté et que l’Ordre décide de s’en saisir ou non. Si c’est le cas, le président du conseil départemental ou interdépartemental de l’Ordre dépose plainte auprès du tribunal rattaché au département.

Êtes-vous formé à cette mission ?

L. V. : Nous recevons une formation une fois par an pour l’aspect juridique de l’accompagnement. Pour le reste, cela relève de notre formation initiale d’infirmier et de notre activité quotidienne. C’est notre expérience qui nous permet de juger au mieux les situations problématiques et de représenter nos pairs.

COMPTABILISER LES VIOLENCES

L’Ordre national des infirmiers (ONI) a créé en 2012 un Observatoire des violences commises envers les infirmières. Cet outil permet aux infirmières libérales comme salariées de déclarer en ligne les violences qu’elles ont subies. Pour l’ONI, cet observatoire est un moyen de disposer de statistiques afin d’agir auprès des autorités en attirant leur attention sur ces violences portées à l’encontre de professionnels assurant une mission de service public. Il communique d’ailleurs les chiffres au ministère de la Santé. « Nous n’avons pas de données récentes mais nous travaillons aux statistiques 2017 », indique l’ONI.

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