Son blog d’Idel devient un livre

Depuis quand exercez-vous la profession ?

Myriam Lahitte : J’ai été diplômée en 1999. J’ai démarré à l’hôpital mais je ne m’y retrouvais plus. Je suis en libéral depuis 2007. Après deux années en remplacement, je me suis installée en 2009.

L’écriture, c’est une passion depuis longtemps ?

M. L. : Je suis d’abord une lectrice. J’ai toujours deux ou trois livres en cours. J’aime la science-fiction. Là, je viens de lire quelques livres de Delphine de Vigan, et j’ai beaucoup aimé. Souvent, je prends des livres audio et je les écoute pendant les tournées. Avant le blog, j’écrivais des petites choses, notamment pendant mes grossesses. Mais c’est vrai que j’ai eu envie d’écrire de façon plus régulière. Au départ, je ne savais pas trop sous quelle forme. Le blog s’est imposé car la régularité requise impose une certaine rigueur. Et je me suis lancée !

Dans quel but écrivez-vous ?

M. L. : Pas mal de choses m’interpellaient dans mon quotidien d’infirmière en milieu rural. Et, souvent, j’avais l’impression qu’autour de moi, la famille ou les amis n’imaginaient pas trop le quotidien des infirmières libérales. C’est un moyen de partager ce que je vivais tous les jours. J’avais aussi ce désir d’évoquer ces zones rurales dont on parle peu. L’isolement, le mauvais accès à Internet… Toutes les difficultés auxquelles on peut être confronté. Mais aussi les bons côtés, le cadre de vie agréable, l’environnement… Je ne voulais pas faire un livre “coup de gueule” ! Il y a aussi une part d’autocritique.

Pourquoi avoir opté pour un ton léger ?

M. L. : J’aime bien plaisanter, même si ce n’est pas tous les jours facile. J’essaye de garder le sens de l’humour sans toutefois occulter les situations sombres. Parfois, on en a assez, on a envie d’arrêter. Au niveau humain, c’est fort. C’est rempli d’échanges et le retour des patients nous apporte beaucoup. J’aime être étonnée par les gens, même quand le premier contact n’est pas chaleureux. Je cherche à voir ce qui se cache derrière la carapace. Je vis dans une zone oubliée où les services se dégradent, voire disparaissent. Beaucoup de personnes ont ici une résidence secondaire mais peu s’y installent à l’année. Concernant le nombre de services liés à la santé, les médecins, les spécialistes, c’est catastrophique… Nous sommes très isolés.

Comment êtes-vous passée du blog au livre ?

M. L. : Je n’avais jamais pensé en faire un livre ! C’est l’éditeur qui m’a contactée. Il a vu le blog. En lisant quelques-uns des articles, il a bien aimé le ton, le style d’écriture et la spontanéité. Les chroniques ont été réorganisées.

À qui destinez-vous ce livre ?

M. L. : Pas seulement aux infirmières. Tout le monde peut s’y retrouver. J’ai déjà quelques retours positifs de lecteurs qui ne travaillent pas dans le médical. Cela peut aussi intéresser des élèves en Ifsi ou des personnes tentées par ce travail.

À quel moment écrivez-vous ?

M. L. : Souvent le soir, ou quand je ne travaille pas l’après-midi. Quand j’ai une idée pendant la tournée, je la note sur mon portable et je la reprends plus tard.

Et le regard de vos patients sur cette activité littéraire ?

M. L. : J’attends qu’ils m’en parlent ! Ils sont ravis qu’on parle de leur vie, de la campagne et aussi de notre métier. Ils respectent beaucoup notre profession.

Continuez-vous à écrire ?

M. L. : J’essaye de publier un article par semaine. Je suis suivi par des collègues, des aides-soignantes mais aussi des personnes qui ne sont pas dans le milieu du soin. J’ai plusieurs projets de livres. Cela demande de l’organisation, un cadre. En cela, le blog, avec la production régulière d’articles, me va bien.

INFO

• Retrouvez Myriam sur son blog : bit.ly/2sHQkBI