Le Premier ministre a annoncé le 13 février l’ouverture de cinq chantiers. Les modes de financement, à l’hôpital et en ville, vont entre autres être examinés.
Opération déminage pour le gouvernement alors que les directeurs d’hôpitaux s’alarment de la baisse de leurs tarifs et qu’un mouvement social se prépare dans les Ehpad le 15 mars, avant une probable mobilisation des soignants hospitaliers en avril. C’est lors d’une visite à l’hôpital Simone-Veil d’Eaubonne (Val-d’Oise) que le Premier ministre, Édouard Philippe, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ont lancé une nouvelle « stratégie de transformation du système de santé ». « Le temps des rafistolages est révolu », a affirmé, dans un discours plutôt centré sur l’hôpital, le Premier ministre, qui souhaite une « transformation globale, cohérente et méthodique ». Ainsi, une brève concertation jusqu’au mois de mai a été ouverte autour de cinq chantiers : qualité et pertinence des soins, modes de financement, virage numérique, formation et qualité de vie au travail des soignants et organisation territoriale des soins. Sur ce point, « continuer à structurer les soins de ville, ce n’est pas à l’État de le faire, mais aux professionnels », a insisté Édouard Philippe. S’agissant de la profession infirmière, il a rappelé qu’une mission doit aboutir cette année sur « l’universitarisation » des professions sanitaires et sociales. Il a surtout insisté sur le développement des pratiques avancées en soins infirmiers « pour leur donner un rôle plus central dans la prise en charge des patients, notamment du suivi des maladies chroniques, comme le risque cardiovasculaire ».
Enfin, il a rappelé que le gouvernement visait comme objectif « 50 % maximum de tarification à l’activité » à l’hôpital, tout en ajoutant que « ces évolutions doivent concerner tout le monde, y compris la médecine de ville pour laquelle la différenciation des modes de rémunération doit aussi s’accélérer ».
De quoi faire réagir la Fédération nationale des infirmiers (FNI). « Il s’agit d’un changement inédit alors qu’aucune étude n’est venue démontrer l’inefficacité de la rémunération à l’acte, s’alarme cette dernière. Cette annonce est faite alors même que des négociations conventionnelles sont en cours pour les infirmières libérales. » Une “task force” a été constituée sous la houlette de Jean-Marc Aubert, directeur des statistiques au ministère et ancien de l’Assurance maladie, pour réfléchir à cette refonte du financement du système de santé. Cette mission doit effectivement examiner à la fois le sujet de la tarification hospitalière et la rémunération des professionnels de santé de ville. La FNI a également fait connaître son opposition à l’introduction d’une rémunération à l’épisode de soins « dont la gestion serait confiée aux établissements » et qui « de surcroît, ouvrirait la porte à une captation d’une partie du marché des soins infirmiers par des prestataires de soins faisant appel à des infirmiers salariés ». À noter que des syndicats de médecins libéraux ont également exprimé des craintes à la suite des annonces du gouvernement.