L'infirmière Libérale Magazine n° 346 du 01/04/2018

 

PLAIES ET CICATRISATION

Actualité

Sophie Magadoux  

À Toulouse, un médecin vasculaire exerçant en centre Plaies et cicatrisation a présenté des cas de plaie chronique nécessitant un avis en urgence, lors des Journées Midi-Pyrénéennes Cicatrisation.

Savoir se tourner vers les structures d’urgence pour des plaies aigües ou des plaies chroniques récalcitrantes est primordial. C’était l’un des aspects développés à l’occasion de la 8e édition des Journées Midi-pyrénéennes Cicatrisation, organisée les 15 et 16 mars derniers par l’association DOM-CICA-31, à Toulouse. Plus de 300 professionnels s’y sont rendus.

Différents cas cliniques doivent alerter le professionnel, selon le Dr Philippe Léger, médecin vasculaire de la clinique Pasteur à Toulouse : « L’ulcération du pied diabétique, les retentissements généraux ou locaux d’une infection, les plaies d’évolution péjorative rapide, les plaies très douloureuses, les plaies nécrotiques, les plaies ne répondant pas à une prise en charge adaptée, les plaies atypiques ou encore les plaies dépassant les possibilités de prise en charge à domicile requièrent l’avis d’un expert. »

Quarante-huit heures pour réagir

Dans le cas du pied diabétique, une consultation spécialisée pluridisciplinaire (diabétologue, chirurgiens vasculaires et orthopédique, radiologue, angiologue, infectiologue, infirmier, podologue…) s’impose dans les quarante-huit heures pour évaluer la stratégie de prise en charge. C’est ce que stipulent les recommandations 2007 de la Haute Autorité de santé. « Elles sont anciennes, pourtant, même en centre Plaies et cicatrisation, nous ne sommes pas toujours capables de répondre dans les délais. Alors insistez », incite le médecin.

De plus, la Société française d’infectiologie a défini dix facteurs nécessitant une hospitalisation, dont une évolution rapide et défavorable de la plaie, un déséquilibre important métabolique ou l’impossibilité de suivi du patient.

Par ailleurs, une évolution rapide, des douleurs intenses soudaines, l’apparition d’une forte fièvre et un placard inflammatoire, des symptômes cardiaques naissants et de nouveaux territoires symptomatiques, une récidive de plaie suite à une angioplastie sont autant de signes critiques pour lesquelles une consultation en urgence en équipe pluridisciplinaire est indispensable. Elle peut offrir une prise en charge adaptée à d’autres pathologies : des traitements à base d’antibiotiques, un geste chirurgical, une thérapie par pression négative (TPN) et une décharge.

Savoir se reposer des questions

Le patient lui-même doit être éduqué et connaître les signes pour pouvoir éventuellement consulter en urgence : « Il ne vient pas à chaque fois malheureusement, mais il a au moins l’information pour pouvoir venir », insiste le spécialiste.

La télémédecine est également un atout : « Elle permet de défricher, d’apporter un regard exercé, notamment dans les cas de plaies atypiques, et d’adresser au besoin le patient à un spécialiste qui fera alors une biopsie. »

Enfin, la persévérance du soignant est de mise. Une plaie, même petite, qui n’évolue pas malgré le traitement, doit pousser à se reposer des questions. « Attention à la perte de chance », rappelle le Dr Philippe Léger.

« La télémédecine permet de défricher, d’apporter un regard exercé et d’adresser au besoin le patient à un spécialiste qui fera alors une biopsie »

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