Emmanuel Macron harangué par une soignante en blouse, et Agnès Buzyn qui tente de dissimuler un sourire moqueur : si la séquence vidéo est ravageuse, elle informe bien peu sur la réalité de l’hôpital.
Le 5 avril, lors d’une visite au CHU de Rouen (Seine-Maritime), le président de la République et la ministre de la Santé ont été pris à partie par deux agents de l’établissement. La vidéo a fait le tour du web. On y voit deux femmes les interpeler, dont l’une, Valérie Foissey, a été interviewée le lendemain par Jean-Jacques Bourdin, au micro de la radio RMC. Pendant l’échange, très vif, au cours duquel Emmanuel Macron reproche à l’aide-soignante, syndiquée à la CGT et candidate Lutte ouvrière aux législatives de 2017, de ne pas lui avoir serré la main, de « dire des bêtises », voire de répéter ce qu’on lui « fait dire », la professionnelle dénonce le manque de moyens alloués à l’hôpital public : manque de personnel, fermeture de lits, hausse de l’activité, diminution des budgets.
Pourtant, Emmanuel Macron et Agnès Buzyn évoquent des budgets en hausse. Avec 80,7 milliards d’euros envisagés pour 2018 (79 ? milliards réalisés en 2017), l’Objectif national des dépenses d’Assurance maladie (Ondam) pour les établissements de santé (publics et privés)
Précisons que, depuis le passage à la tarification à l’activité, on ne parle plus vraiment de budget à l’hôpital, mais d’« état prévisionnel des recettes et dépenses »
Parmi les reproches formulés par les deux agents de Rouen figurent les fermetures de lits « au quotidien, faute de personnel ». Il est vrai que le nombre de lits hospitaliers est en diminution constante, même si, là encore, les chiffres les plus récents font défaut. La Drees
Cet échange soulève en tout cas plus de questions qu’il n’en résout. La statistique lissée au niveau global ou la prévision des dépenses sont-elles indiquées pour répondre aux difficultés de terrain ? L’hôpital, lui, demeure dans l’attente de sa réforme, dont les grandes lignes devraient être annoncées fin mai ou début juin.
(1) Pour les soins de ville, l’Ondam prévu pour 2018 est de 88,9 milliards d’euros.
(2) Une part de l’activité hospitalière demeure toutefois financée en dotation, en psychiatrie et pour les missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation.
(3) Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.