L'infirmière Libérale Magazine n° 347 du 01/05/2018

 

EHPAD

Actualité

Adrien Renaud  

Après deux journées de grève organisées en janvier et mars derniers pour dénoncer la situation dans les Ehpad, les organisations syndicales menacent d’une troisième mobilisation en juin si elles ne sont pas reçues par Emmanuel Macron.

L’exécutif semble avoir pris la mesure de la situation dans les Ehpad. En témoignent les récentes interventions du président de la République ou de la ministre de la Santé sur le sujet. Mais sur le terrain, l’intersyndicale qui a organisé les grèves du 30 janvier et du 15 mars ne voit rien venir. C’est pourquoi les dix organisations qui la composent ont décidé de remettre le couvert : si elles ne sont pas reçues par Emmanuel Macron et si leurs revendications ne sont pas satisfaites avant le 18 mai, on repartira pour une troisième journée de mobilisation en juin.

Il y avait pourtant eu des signes forts de la part d’Emmanuel Macron. « On sera au rendez-vous », avait-il assuré au 13 heures de TF1 le 12 avril. Quatre jours plus tard, devant Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, il avait évoqué la création d’un risque dépendance. « Il va nous falloir construire un financement pérenne, avait-il concédé. On ira chercher de l’argent pour le faire. » L’une des pistes évoquées par l’Élysée avait alors été l’instauration d’une deuxième journée travaillée non payée, sur le modèle du lundi de Pentecôte.

De son côté, Agnès Buzyn n’est pas en reste. Elle doit remettre prochainement au Premier ministre une feuille de route (toujours en cours d’élaboration à l’heure où nous mettons sous presse) sur l’adaptation de la société au vieillissement. Elle a également promis que la réforme du financement des Ehpad, très décriée car elle pourrait faire perdre à certains établissements des crédits dans une période où les fonds manquent, serait « neutralisée pour les années 2018 et 2019 ».

Il y a urgence

Il en faudrait plus pour satisfaire l’intersyndicale, qui a estimé que ces interventions « esquivent totalement l’urgence des réponses sur les revendications portées par les salariés prenant en charge les personnes âgées et toutes les organisations qui les soutiennent ». Et ces dernières de rappeler leurs revendications : augmenter le taux d’encadrement pour atteindre le ratio d’un membre du personnel pour un résident, revaloriser les salaires et pérenniser les financements.

« Il faut une réflexion plus approfondie, notamment sur l’aspect financier », juge Bruno Lamy, secrétaire général adjoint de la CFDT santé-sociaux et membre de l’intersyndicale. Le militant regrette notamment que le gouvernement se projette à moyen, voire à long terme, alors que ce sont des actions à court terme qui sont attendues. Il confirme que l’intersyndicale est unie pour obtenir satisfaction, et appelle à la mobilisation. « Le président parle de ces sujets, cela veut dire que les gens ne se sont pas engagés pour rien et que nos actions de janvier et mars ont porté leurs fruits », veut-il croire. Il vaut toujours mieux voir le verre à moitié plein !