À Mayotte, déjà en proie à une grave crise sociale, les insuffisances de la préfecture mettent en danger la santé des habitants.
L’île française de Mayotte connaît des difficultés administratives chroniques. Parmi elles, les dysfonctionnements des services de la préfecture. Le 9 février, le Sniil 976 avait déjà rapporté à l’ARS que le bureau des étrangers ne délivrait plus de titres de séjour depuis plusieurs semaines. Puis, du 1er mars au 13 avril, une grève a conduit à la fermeture du service. Des interruptions qui ont eu pour effet le non-renouvellement des papiers de nombreux Comoriens vivant à Mayotte. « On a parlé de 15 000 dossiers en souffrance à la mi-mars », rapporte Éric Roussel, représentant infirmier à l’URPS de Mayotte.
Le 10 avril, le Sniil 976 s’est fendu d’une lettre à l’intention de la préfecture : « Nous, soignants à domicile, constatons les effets délétères de la prolongation de cette mesure. Ces personnes n’ont plus accès à la médecine de ville, aux médicaments, aux soins à domicile. Ils vont grossir la vague qui submerge les urgences du centre hospitalier ou de ses centres de consultation et de soins. » Il s’agit des seuls services de soins gratuits, déjà surchargés.
« Les libéraux ont poursuivi les prises en charge gratuitement, observe Allaoui Saindou, président du Sniil 976. Mais on ne peut s’en satisfaire. Depuis la réouverture du service le 23 avril, la préfecture contacte en priorité les personnes dont le renouvellement du titre de séjour relève d’une problématique de santé. Nous espérons que les choses se régulariseront. »
Mayotte connaît une situation sociale explosive : 27,1 % de chômage, une population multipliée par onze en soixante ans, dont 84 % au-dessous du seuil de pauvreté. Sur le plan sanitaire, le gouvernement a annoncé la création d’une ARS mahoraise (l’île relevant jusqu’à présent de l’ARS océan Indien).