Présentées comme une solution pour faciliter l’accès aux soins, les maisons de santé interrogent. Les syndicats infirmiers, auditionnés à l’Assemblée nationale le 24 mai dans la cadre d’une commission d’enquête plus large, ont exprimé des réserves, voire des réticences.
Dans un rapport d’information de juillet 2017
Pour Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers, « la base, c’est d’avoir un projet de santé sur un territoire, mené par les professionnels eux-mêmes. Créer une maison de santé, ce n’est pas faire de l’immobilier ! Or, souvent, on monte les murs et ensuite on cherche les personnes à mettre dedans. Et, parfois, la fréquentation peut vraiment être désastreuse avec des professionnels déconventionnés dans le domaine du bien-être, par exemple. On est alors très loin d’un projet de santé ». Ghislaine Sicre, présidente de Convergence infirmière, renchérit : « La MSP est une structure trop lourde qui néglige le soin à cause de coûts de structure trop importants. Et puis, bien souvent, la coordination se fait uniquement autour du médecin. Avec ces projets, nous avons peur d’avoir surtout des coquilles vides. » Sur ce point, l’avis des syndicats converge puisque la présidente du Sniil reconnaît que « les MSP doivent être mises en place en fonction des besoins d’un territoire et d’une population. Et dans certains cas, les loyers sont exorbitants pour les Idels ».
Le rapport de juillet 2017 précisait déjà que « les MSP ne peuvent constituer une réponse unique. D’autres modes d’exercice en réseau permettent de prendre en compte, de façon souple, les besoins des patients, les aspirations des professionnels et la nécessité d’un maillage du territoire ». Une vision à laquelle souscrit pleinement Ghislaine Sicre. « Nous pouvons innover autrement et formaliser le travail qui est déjà fait en allant vers la coordination de la prise en charge. Nous portons d’ailleurs un projet de communauté professionnelle territoriale de santé et d’équipes de soins primaires. Ce qui manque, c’est de s’appuyer sur des infirmiers libéraux en travaillant avec des outils digitaux grâce à une coordination virtuelle, avec des données sécurisées et cryptées. C’est ce que nous proposons avec LEO (Liens échanges organisation), un outil de coordination digitale où tout est tracé. » Encore en expérimentation, cet outil sera lancé en septembre. De son côté, Catherine Kirnidis estime qu’« il ne faut vraiment pas se priver d’une pluralité de moyens professionnels et d’organisation. En fonction des besoins des professionnels de santé, des patients et des collectivités territoriales, on peut opter pour telle formule ou telle autre. Mais les équipes de professionnels libéraux, cela est possible et, à mon avis, c’est une évolution incontournable ». Un vaste chantier est donc en cours.
* À consulter via le lien raccourci bit.ly/2sqEp91. L’audition du 24/5/2018 est disponible via le lien bit.ly/2s2rE4s.