À Blois (Loir-et-Cher), un centre d’accueil de jour pour patients atteints de maladies neurodégénératives organise régulièrement des séances de balnéothérapie pour les personnes âgées. Une activité qui, d’après son initiatrice, donne des résultats étonnants.
PISCINE, JACUZZI, HAMAM… LA BALNÉOTHÉRAPIE PEUT ÊTRE BÉNÉFIQUE POUR LES MALADES D’ALZHEIMER. C’est la conviction de Marilyne Pecnard, responsable du centre d’accueil de jour La Chrysalide à Blois (Loir-et-Cher). Une fois par mois, avec deux collègues, elle emmène six de ses patients dans un centre aquatique nouvellement construit dans l’agglomération. Elle a présenté cette initiative fin mai dernier à l’occasion du Salon infirmier.
« La balnéothérapie, ce n’est pas aller à la piscine pour aller à la piscine, estime cette infirmière. On observe une véritable resocialisation chez certaines personnes. » Pour elle, ces séances sont des moments privilégiés qui permettent d’entrer dans une communication différente avec les patients. « Il s’agit d’une redécouverte du corps, d’un travail sur l’estime de soi, sur ce que les personnes sont capables de faire », explique-t-elle.
Ce projet est né d’une volonté collective du centre. L’idée a germé quand l’équipe a vu le film Flore, sorti en 2014, dans lequel on voit une patiente atteinte d’Alzheimer se baigner en Corse et reprendre goût à la vie. « L’équipe m’a interpellée en me demandant pourquoi nous n’allions pas à la piscine avec les patients, raconte Marilyne Pecnard. C’est une aide-soignante qui a porté le projet, avec l’idée simple de prendre du plaisir à être dans l’eau et à nager. »
La coordinatrice cite le cas d’une patiente de 85 ans assez introvertie qui avait très peur de se mettre en maillot de bain, et qui a fini par prendre la balnéothérapie comme un défi personnel. « On a vu un changement dans son comportement, c’est une activité qu’elle redemande maintenant. » Pour une autre patiente, atteinte d’Alzheimer précoce à 65 ans, la transformation a été radicale. « Comme par magie, à partir du moment où elle a descendu les marches, plus aucun pleur, que des sourires, un véritable sentiment de bien-être. » Cette activité prend cependant du temps : il est nécessaire d’aider les patients à se déshabiller, à se rhabiller… Il faut donc presque compter une journée entière entre le départ et le retour au centre d’accueil. Mais, pour Marilyne Pecnard, le jeu en vaut sans conteste la chandelle : en plus des bénéfices pour les patients, elle constate que la balnéothérapie a permis d’apaiser certaines tensions au sein de son équipe. Elle y voit donc un véritable outil de prévention des risques psycho-sociaux. Mieux encore : emmener ses patients au centre de balnéothérapie leur permet en quelque sorte de réoccuper leur place dans la cité. « On est dans la vie, on montre aux gens qu’on existe, tout le monde y trouve son compte », résume-t-elle.