La santé cardiovasculaire peut dire merci à Agnès Buzyn. Son discours fin mai à la Paris Healthcare Week a en effet eu pour vertu, par l’absence d’annonce fracassante, de ne pas provoquer une vague de crises cardiaques parmi l’aréopage de sommités l’écoutant. Au contraire : le petit cœur de chaque auditeur a été caressé dans le sens de l’aorte. Le principal message tenait en trois mots : je vous aime. Après un quinquennat de glace marisolesque, qu’il est enfin réconfortant, ce souffle de confraternité, et d’entendre cette professionnelle de santé s’adresser à ses « chers collègues », vanter « les talents » dont « regorge » le système de santé, compter sur chacun et sur tous, et les remercier. À peine prononcée, parole après parole, sa déclaration était affichée en direct sur un grand écran, par la magie d’un transcripteur : embué par le discours, lui-même s’emballa, et on crut lire, avant que l’erreur ne soit réparée, entre deux solennelles œillades : « Grosse bise. » Cœur avec les doigts. En revanche, pas vraiment de mot d’Agnès Buzyn sur la contradiction, mise quelques minutes plus tôt en exergue par la Fédération hospitalière de France, entre l’annonce d’Emmanuel Macron d’absence de plan d’économies pour l’hôpital et, notamment, le milliard d’économies exigé par la dernière loi de financement de la Sécurité sociale. De même, quelques jours plus tard, la présentation d’une nouvelle enveloppe a laissé sur leur faim les acteurs des Ehpad (lire p. 13). Les mots doux sont mieux que les mots froids. Mais il y a plus parlant encore : des chiffres dignes de ce nom.