Les salariés exerçant en plein air ne se protègent pas du soleil. Devant ce constat, une infirmière de santé au travail de la MSA-Gironde a monté un projet ciblé. L’initiative, exposée lors du Salon infirmier fin mai à Paris, invite les Idels à prendre en compte ce risque.
« Le risque de cancer cutané lié aux UV est majoré dans le secteur professionnel agricole », alerte Jessica Goudy, infirmière de santé au travail à la Mutualité sociale agricole-Gironde. C’est lors de ses entretiens que l’IDE a relevé que les salariés ne se protégeaient pas du soleil et qu’ils ignoraient le danger encouru. Un danger qui concerne en fait toutes les personnes dont le travail en extérieur les expose durablement aux rayonnements solaires.
Soucieuse d’œuvrer à partir de données précises, Jessica Goudy a mené une enquête dans une société d’espaces paysagers, afin de cerner les connaissances et pratiques des jardiniers. Les réponses à son questionnaire se révèlent alarmantes : 45 % des ouvriers ont affirmé travailler torse nu, la moitié ne pas porter de chapeau et aucun n’utiliser de crème. De plus, les idées reçues sont légion. « Quelque 80 % des personnes pensent que le risque UV est plus important dans les activités de loisirs qu’au travail », regrette l’infirmière. Enfin, « 60 % ne connaissent pas les horaires auxquels il est le plus élevé ».
Au vu des résultats, l’infirmière a calculé le risque de cancer de la peau des salariés selon l’échelle du Syndicat national des dermatologues-vénérologues. « Environ 60 % sont en danger et doivent impérativement changer leurs habitudes et faire examiner leur peau par un dermatologue ; les autres sont appelés à être vigilants et à demander conseil à un spécialiste », résume-t-elle. L’IDE a ensuite organisé une sensibilisation dans l’entreprise, qui s’est révélée fructueuse. La direction a adopté des mesures de prévention : achat de casquettes et de protection solaire, obligation du port du tee-shirt… Après l’été, l’IDE évaluera l’impact de l’initiative sur les comportements. « Les infirmières de santé au travail ont un rôle important à jouer dans la prévention des risques liés au soleil », insiste Jessica Goudy. Mais ce ne sont pas les seules. « Les messages généralistes visent tellement la plage (s’abriter sous un parasol de telle à telle heure, s’enduire de crème après la baignade…) que ça banalise les risques pris en milieu professionnel. Face à cela, les infirmières libérales peuvent agir », assure Jessica Goudy, qui les encourage « à penser à questionner leurs patients sur leur profession, car cela est souvent oublié, afin de faire de la prévention s’ils travaillent en plein air ».