Constatant les difficultés de leurs patients à suivre leur traitement lors de maladies chroniques, un groupe d’Idels de PACA a monté un projet d’aide à l’observance thérapeutique. Il n’attend plus que des financements.
« En 2015, nous avons suivi une formation en éducation thérapeutique du patient (ETP), puis nous avons voulu concrétiser ce que nous avons appris sur une problématique qui nous intéressait directement », lance Alice Cots, Idel à Vallauris (Alpes-Maritimes). « Nous sommes parties du patient dans son individualité, dans ses difficultés qu’il a à prendre son traitement lors de maladies chroniques, un fait que nous constatons régulièrement dans notre exercice quotidien », ajoute Sandrine Vella, Idel dans le haut pays niçois. Constitué au départ de quatorze Idels de la région PACA, le projet compte aujourd’hui dix professionnels. Dans un premier temps, l’équipe s’est attelée à l’écriture de la démarche afin de la formaliser. « Une fois identifié le doute de non-observance, le patient est orienté par le médecin traitant vers l’équipe infirmière », explique Laure Wallez, Idel à Nice. Le parcours du patient s’échelonne en cinq séances. Il débute par l’anamnèse médico-psychosociale et l’identification de la problématique, puis viennent trois séances de suivi pour renforcer son savoir, son savoir-faire et son savoir-être. Il se termine avec un bilan d’évaluation finale. Ensuite, une réunion présentielle de coordination réunit le patient, le médecin et l’infirmière.
Sandrine Vella : « Parfois, la maladie est vraiment vécue comme un fardeau. Le patient peut avoir des contraintes professionnelles qui font qu’il ne peut pas, en cas de diabète par exemple, faire sa piqûre à tel ou tel moment car il assure des rendez-vous de clientèle. » Si le risque d’une maladie chronique demande un traitement à vie, le patient peut, quand il se sent bien, prendre la liberté de l’arrêter ou de modifier la posologie. Les objectifs opérationnels de la démarche sont multiples : connaître les motivations et les freins à suivre le traitement, mettre en œuvre un contrat thérapeutique acceptable, susciter le repérage et l’auto-évaluation des ressentis, mettre en place des stratégies d’aide à la prise du traitement et au final améliorer la qualité de vie du patient. « C’est un travail d’alliance thérapeutique avec le patient-partenaire que nous voulons mener, explique Alice Cots. Le patient doit prendre conscience de son corps, de sa santé, dire et formuler à l’Idel, et si possible au médecin, ses difficultés. » Dans un deuxième temps, il faut essayer de le mobiliser sur sa motivation afin de changer sa pratique. Et si les choses ne peuvent évoluer, le patient sera orienté vers une association de malades, un patient expert ou tout autre professionnel.
Pour donner vie au projet et pouvoir le présenter aux instances, le groupe d’Idels a créé une association, le Groupement infirmier pour la promotion de la santé. À ce jour, l’Union régionale de professionnels de santé-infirmiers PACA n’a pas, selon les promotrices du projet, souhaité apporter son soutien financier. L’équipe à l’initiative de la démarche s’est donc tournée vers d’autres structures comme la CPAM et bientôt les villes. Pour le moment, les réponses se font attendre. Le budget nécessaire pour mener cette expérimentation, présentée fin mai au Salon infirmier, est de 10 800 euros, sur la base de quarante patients, soit 280 euros par patient. « Nous sommes partis du patient, et l’objectif est bien de s’inscrire dans une expertise, confirme Brigitte Lecointre, Idel à Nice, qui a formé à l’ETP plusieurs Idels du projet et par ailleurs membre de notre comité scientifique. Le dispositif a également pour but d’optimiser la collaboration entre les Idels et les autres professionnels de santé. »
Cadres en souffrance
→ Didier Truchot, qui avait, en partenariat avec notre revue, documenté l’épuisement des Idels, a présenté, au Salon infirmier, fin mai à Paris, la première étude sur la souffrance des cadres de santé. Résultat : 23 % des cadres interrogés ressentent l’ensemble des symptômes de l’épuisement émotionnel « plusieurs fois par semaine » ou « tous les jours ». À noter : lorsque ces professionnels disposent d’une délégation de gestion pour le budget formation des agents, ou sont décisionnaires dans leur recrutement, ils disent moins souffrir de cynisme.
À la date du 30/5.
→ Le « flou artistique » d’Asalée
« Les médecins surfent sur les problèmes des déserts médicaux et de la chronicitéquasi pandémique des pathologies pour finalement obtenir un financement d’assistantes médicales sur fonds publics. »
Le jugement de Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers, sur Asalée (Action de santé libérale en équipe) est sévère.
Dans une interview sur notre site, il réagit à l’évaluation du dispositif publiée en avril par l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé, rapport dans lequel des infirmières se disent satisfaites de participer à Asalée.
À la date du 3/5.