L'infirmière Libérale Magazine n° 349 du 01/07/2018

 

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FICHE PRATIQUE

Sandra Mignot  

Le Paerpa (Personnes âgées en risque de perte d’autonomie) est une expérimentation lancée par le ministère de la Santé sur neuf territoires pilotes fin 2014. Fondée sur l’article 48 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013, elle vise à mettre en œuvre un parcours de santé fluide, identifié, des personnes âgées de plus de 75 ans. L’idée est de favoriser le maintien à domicile et de diminuer les hospitalisations évitables. En 2016, le dispositif a été étendu à huit territoires, portant à dix-sept le nombre de dispositifs, un par région. 550 000 personnes peuvent être concernées. Chaque territoire a élaboré son propre dispositif, sous le contrôle de son Agence régionale de santé, en fonction des spécificités locales et des besoins de la population (localisation rurale ou urbaine, démographie des professionnels de santé, présence ou non de maison de santé pluriprofessionnelle, dynamisme des réseaux, etc.). L’expérimentation est néanmoins cadrée par un cahier des charges définissant des outils communs.

Le PPS, plan personnalisé de santé

Plan d’action, le PPS formalise le travail entre tous les acteurs de santé de proximité intervenant autour d’une personne âgée. Il est à la charge du médecin traitant, mais doit être rédigé par une équipe, soit au moins un médecin et une infirmière, auxquels peuvent s’ajouter un pharmacien, un kinésithérapeute, voire un ergothérapeute, qui constituent la coordination clinique de proximité. L’Assurance maladie le rénumère : 100 euros répartis entre les rédacteurs. Si un duo infirmière-médecin initie le PPS, la première recevra 40 euros, le second 60 euros. Le PPS identifie les problèmes, les objectifs (définis avec l’usager), les actions à mettre en place et le responsable de leur mise en œuvre. Il doit être réévalué au moins une fois par an. Fin 2016, sur les neuf premiers territoires concernés, 4 700 PPS avaient été réalisés.

La CTA, coordination territoriale d’appui

Il s’agit d’une plateforme d’appui aux professionnels et familles visant à favoriser l’information, l’orientation vers les services (sanitaires et sociaux) disponibles et les échanges entre professionnels. Elle est portée par différents acteurs selon les territoires : centre communal d’action sociale, groupement interprofessionnel de santé, Maison départementale de l’autonomie, conseil départemental, MAIA, etc. La CTA comprend une équipe menée par un ou deux pilotes salariés qui peuvent être infirmière ou médecin coordinateur, ou coordinateur administratif. Ils sont à la tête d’une équipe ressource de dimension variable : agents d’accueil, travailleurs sociaux, médecin, infirmière, chargé de mission, voire ingénieur projet, qui s’appuient sur les équipes et services pré-existants sur le territoire. Les CTA n’interviennent que sur sollicitation (des personnes âgées, de la coordination clinique de proximité, des aidants). Elles mettent en place un annuaire des ressources sanitaires, sociales et médico-sociales, un numéro d’accueil accessible tous les jours et auxquels ont accès tous les professionnels de santé.

Le système d’information

Le cahier des charges Paerpa exige le partage d’informations et de documents via une plateforme numérique. Les territoires ont travaillé sur leur propre modèle et se trouvent à des niveaux de développement très variables.

La formation des professionnels

Les intervenants doivent être formés à la prévention de la perte d’autonomie et au repérage des facteurs risques (dénutrition, chutes, dépression, iatrogénie médicamenteuse). Elles sont développées à destination de tous les intervenants à domicile, mais une évaluation a montré que les professionnels de santé libéraux sont moins concernés. 574 Idels et 3 650 aides à domicile en auraient bénéficié.

Les actions spécifiques

Le dispositif Paerpa peut décider localement de mettre en œuvre et de prendre en charge des services nouveaux, voire spécifiques : séances d’activité physique adaptée, consultations en ergothérapie, accès à des places d’hébergement temporaire pour le répit des aidants ou le temps de la préparation d’un retour à domicile, équipes mobiles de gériatrie, dispositif de coordination des sorties hospitalières, etc.

Comment l’intégrer ?

L’Idel intéressée doit exercer dans l’un des territoires concernés*, travailler avec un ou plusieurs médecin(s) désireux de s’intégrer dans la démarche, prendre contact avec la CTA locale pour en connaître le fonctionnement, se familiariser avec ses outils, ses formations.

* Carte des territoires à retrouver sur le site du ministère de la Santé (lien : bit.ly/2tCAJR8). La Martinique est actuellement en train d’élaborer son dispositif.

à noter

• Déjà des effets

« À ce stade, il n’y a pas d’effet moyen significatif propre à Paerpa », indique l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes), dans une étude publiée en juin (lien : bit.ly/2yx0Pe8).

Des effets « significatifs » sont toutefois décelés dans certains territoires, comme une baisse dès 2015 de la polymédication dans les territoires Paerpa d’Aquitaine et du Nord-Pas-de-Calais. Autre exemple : la Lorraine, « le seul territoire où le taux de recours aux urgences non suivi d’hospitalisation connaît une évolution favorable en comparaison des [zones]témoins ». Par contre, « il n’y a pas d’effet visible de Paerpa sur deux indicateurs de recours à l’hôpital (durée cumulée de séjour et réhospitalisations à trente jours), quel que soit le territoire considéré », note l’Irdes.

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