Rhumatologie
Cahier de formation
Point sur
Du fait d’un service médical rendu jugé insuffisant, les anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente ont été déremboursés en 2015. De nombreux patients continuent toutefois à les utiliser, parfois sur recommandation de leur médecin.
→ Les anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL) regroupent la glucosamine, la chondroïtine, les insaponifiables de soja et d’avocat ainsi que la diacéréine. Ils ont une AMM dans le traitement de l’arthrose de la hanche et du genou, sauf la glucosamine, uniquement indiquée dans le traitement de l’arthrose légère à modérée du genou.
→ À l’exception de la diacéréine, délivrée uniquement sur prescription médicale, ces molécules sont disponibles sans ordonnance et présentes dans des compléments alimentaires. D’efficacité jugée insuffisante, les AASAL ne sont plus remboursés depuis 2015.
→ Sachant que le soulagement de l’arthrose repose le plus souvent sur une combinaison de plusieurs mesures au long cours, médicamenteuses ou non, ces traitements continuent à être utilisés par de nombreux patients, qui s’en disent satisfaits. « En sachant aussi que l’effet placebo dans l’arthrose est très important », souligne le Dr Laurent Grange, du service de rhumatologie au CHU Grenoble-Alpes (Isère), président de l’Association française de lutte anti-rhumatismale.
→ La glucosamine et la chondroïtine en particulier ont fait l’objet de nombreuses publications, dont certaines vont dans le sens d’une efficacité pour soulager des symptômes légers à modérés d’arthrose. Quelques études suggèrent une meilleure efficacité de la prise combinée de ces deux molécules versus une prise isolée de chacun de ces composants, d’où leur fréquente association dans des compléments alimentaires. Récemment, des études cliniques
→ Globalement, les essais cliniques montrent que les AASAL n’ont pas ou peu d’effet sur la dégradation du cartilage, visualisable sur les radios, mais peuvent avoir une certaine action différée sur les douleurs et la gêne fonctionnelle. De nombreux experts estiment que, si cette action est faible, elle n’est pas nulle et peut contribuer à soulager certains patients et, sans doute, à diminuer le recours au paracétamol et surtout aux AINS ou à d’autres antalgiques, même si ce dernier point n’est pas clairement démontré par les études.
→ Le sulfate ou le chlorhydrate de glucosamine et le sulfate de chondroïtine sont utilisés dans la plupart des études, respectivement à des doses de 1 500 mg par jour et 1 200 mg par jour. À noter que ces doses ne sont pas toujours atteintes dans les compléments alimentaires. Constituants du cartilage, ils stimulent in vitro la synthèse de protéoglycanes (qui forment la matrice cartilagineuse) et protègent de l’action des radicaux libres.
→ La tolérance est généralement bonne. Des troubles digestifs (nausées, douleurs abdominales, diarrhées, constipation) sont possibles, plus rarement des réactions d’intolérance (éruptions cutanées, prurit, urticaire, angiœdème). Par précaution, ils ne doivent pas être utilisés au cours de la grossesse.
→ Sous glucosamine, des cas d’élévation de la cholestérolémie, de perturbations de la glycémie chez les patients diabétiques et d’exaspération des symptômes d’un asthme sont rapportés. Ces effets indésirables sont rares mais justifient de mettre en garde les patients concernés en leur recommandant de signaler la prise de glucosamine au médecin traitant afin d’intensifier, le cas échéant, la surveillance. Des saignements et une augmentation de l’INR (International Normalized Ratio) sont possibles lorsque la glucosamine est associée aux dérivés coumariniques. Prudence dans tous les cas chez les patients sous anticoagulants. La glucosamine est contre-indiquée en cas d’allergie aux crustacés.
→ Ils agiraient en stimulant la synthèse du collagène, qui entre dans la composition du cartilage. Ils sont utilisés à la dose de 300 mg par jour.
→ La tolérance est bonne, hormis des troubles digestifs possibles (régurgitations à odeur lipidique, diarrhées). Par prudence, pas d’utilisation au cours de la grossesse.
→ C’est un dérivé anthraquinonique exerçant une activité anti-inflammatoire modérée (Art 50, Zondar 50…).
→ Son rapport bénéfice/risque est défavorable en raison d’effets indésirables parfois sévères (diarrhées, manifestations cutanées, cytolyse hépatique). Il est déconseillé chez les patients de plus de 65 ans. L’apparition d’une diarrhée ou une élévation des enzymes hépatiques impose l’arrêt immédiat du traitement.
Leur effet n’apparaît qu’après plusieurs semaines de prise régulière. Outre l’arthrose de la hanche ou du genou, ils sont couramment proposés dans l’arthrose des doigts. En revanche, ils ne sont pas efficaces dans l’arthrose du dos. En l’absence d’efficacité après quatre à cinq mois de prise, une autre référence peut être essayée. Ils sont généralement recommandés en prise continue dès lors qu’une amélioration est constatée.
Certains experts proposent parfois de suspendre le traitement quelques semaines par an du fait d’un possible effet rémanent des AASAL.
Combinées entre elles, elles ont un impact important sur le soulagement des symptômes et peuvent aider à freiner l’évolution de la maladie : perte de poids et exercice physique quotidien adapté associé à la kinésithérapie, décharge des articulations douloureuses (aides à la marche, orthèses plantaires ou digitales, genouillères…), mais aussi thermothérapie, acupuncture…
* American College of Rheumatology (ACR), “Chondroitin outperforms celecoxib in knee osteoarthritis study”, ScienceDaily, 7 novembre 2015 ; J.-Y. Reginster et al., “Pharmaceutical-grade chondroitin sulfate is as effective as celecoxib and superior to placebo in symptomatic knee osteoarthritis : the Chondroitin versus celecoxib versus Placebo Trial (CONCEPT)”, Annals of the Rheumatic Diseases, septembre 2017, 76 (9).
L’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts.
Dans les compléments alimentaires, des plantes anti-inflammatoires et antalgiques (harpagophyton, feuilles de cassis, saule, reine des près…) sont souvent associées à la glucosamine et/ou à la chondroïtine ainsi que d’autres composants : vitamines et minéraux antioxydants (manganèse, zinc, vitamine C, cuivre), oméga-3 issus de poisson, collagène, soufre organique (ou MSM), acide hyaluronique, silicium organique. Exemples : Cartilamine, Chondro Aid, Chondrostéo+, Chondroflex, Flexifluid, Phytalgic Chondro+…
Attention ! Ces composants présentent des contre-indications ou précautions d’emploi : antécédents d’ulcère gastroduodénal pour l’harpagophytum et l’écorce de saule blanc, allergie aux salicylés pour la reine des prés et l’écorce de saule blanc qui peuvent aussi interférer avec les traitements anticoagulants (augmentation du risque d’hémorragie), tout comme les oméga-3.