L'infirmière Libérale Magazine n° 349 du 01/07/2018

 

MOBILITÉ ALTERNATIVE

L’exercice au quotidien

Marie Luginsland*   Julia Dasic**  

En choisissant la trottinette électrique pour sa tournée dans le Vieux-Rennes, Mathieu Groizard allie écologie et sport. Et gagne du temps.

Je gagne deux heures par jour en effectuant ma tournée à trottinette. Cela me permet de boire tranquillement le café avec mes patients, de m’occuper de ma fille et même de rentrer déjeuner chez moi. Pour rien au monde je ne ferais machine arrière. Ce mode de locomotion me donne un tel sentiment de liberté quand je file à 30 km/h dans les rues de Rennes, en polo, sous le soleil… Cela fait deux ans que j’ai troqué le statut hospitalier (et le scooter) pour l’exercice libéral… et la trottinette. Je dois ma conversion à Virginie Le Corre, mon associée. Nous sommes tous deux sportifs - nous nous sommes d’ailleurs rencontrés à la salle de sport - et elle utilisait déjà la trottinette électrique lorsque nous nous sommes associés. La situation de notre cabinet, près de la place de Bretagne, les ruelles étroites et les sens interdits incitent à utiliser ce deux-roues minimaliste. Il permet d’effectuer de vingt à trente kilomètres par jour, en évitant PV de stationnement, rues piétonnes et créneaux fastidieux.

La trottinette est également bénéfique pour la santé. Nous sommes en effet obligés de la replier chez chaque patient et de la porter, parfois sur cinq étages, car les maisons du Vieux-Rennes n’ont pas d’ascenseur. Avec une trottinette de dix kilos et notre sac de matériel professionnel qui en pèse autant, à la fin de la journée, nous n’avons plus besoin de retourner à la salle de sport !

Du reste, quand je prends le vélo par temps de pluie (la batterie de la trottinette n’est pas étanche), je perds plus d’une minute à chaque visite pour trouver un plot auquel l’attacher : à la fin de la journée, j’ai perdu plus d’une heure. La trottinette permet donc un gain de temps.

Elle a un autre avantage : elle amuse les patients et permet d’engager la conversation d’une autre manière. Aux plus âgés, elle rappelle la trottinette de leur enfance, la “patinette”, le moteur en plus bien sûr. à ce propos, il n’est pas rare que je doive la recharger au cours de ma tournée car, en termes d’autonomie, la batterie n’est pas conçue pour faire plus de trente kilomètres par jour. C’est un frein. Elle a une durée de vie relativement courte qui ne résiste pas aux 3 000 kilomètres parcourus chaque année. Autre défaut : la trottinette supporte mal d’être repliée plus de soixante fois par jour. Mais des remèdes devraient être bientôt trouvés : un concepteur de trottinette m’a contacté afin que je lui fasse part de mon expertise. Il se pourrait donc qu’une trottinette “à usage professionnel” voie bientôt le jour.

Info +

Cet article est la seconde partie d’un diptyque sur l’électrique. À relire dans notre numéro de juin, la tournée en voiture électrique.

Bernadette Caillard-Humeau, vice-présidente de la Fédération des usagers de la bicyclette, consultante à Via Nova France, basé à Angers (Maine-et-Loire)

« La mobilité active est le meilleur moyen de se déplacer en ville, a fortiori quand on doit s’arrêter de courts moments et successivement. Marche, vélo, trottinette et vélos-cargos sont vertueux : ils ne participent pas à la pollution et ne contribuent pas à la congestion de la ville. Pour un professionnel de santé, c’est l’exemple de ce qu’il faut généraliser en termes de mode de vie. Il est urgent que nos élus adoptent un programme national vélo, sincère, structuré, et doté d’un fonds pour aider les villes à investir dans des infrastructures de qualité. Cela permettra le déploiement de ces modes adaptés aux professionnels, qui font gagner du temps, enrichissent la vie en ville, créent des emplois locaux, luttent contre l’obésité et la sédentarité… Un seul conseil : se faire respecter et respecter en particulier le piéton, afin que chacun s’y retrouve dans l’espace public. »