Après dix-huit mois de travail, la Haute Autorité de santé a publié de nouvelles recommandations sur la borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques. Un rapport attendu par les associations de malades.
La maladie de Lyme ne fait pas consensus au sein des scientifiques. Pour tenter d’apporter une solution, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié le 20 juin de nouvelles recommandations
« Nous ne pouvions plus attendre à cause d’un problème de dissension interne, il y a des patients qui souffrent, affirme le docteur Cédric Grouchka, membre du collège de la HAS et président de la commission stratégies de prise en charge. Cela ne change rien sur le fond et la prise en charge des malades. Ces recommandations doivent être utiles aux professionnels de premier recours et à certains patients dans l’attente et dans l’errance. »
Jusqu’à présent, en cas de doute, le médecin prescrivait un dépistage sérologique visant à détecter dans le sang la présence d’anticorps produits par le système immunitaire et dirigés contre les antigènes de la bactérie. Les tests se faisaient en deux temps : un test Elisa qui, s’il était positif, devait être confirmé par un test Western Blot. Si les deux sérologies étaient positives, le patient était reconnu comme atteint de la maladie de Lyme et pouvait recevoir un traitement antibiotique. Dans le cas contraire, il se retrouvait sans solution thérapeutique. « Les signes cliniques doivent primer, on ne devrait pas s’intéresser aux tests qui ne sont pas fiables, on aurait au moins dû obtenir la possibilité de pouvoir les réaliser simultanément, ce qui n’est pas le cas avec ce nouveau texte », fustige Agnès Gaubert, présidente de l’association France Lyme. Fortement critiqués quant à leur fiabilité (ils sont d’ailleurs en cours d’évaluation par l’Agence nationale de sécurité du médicament), ces tests sont toujours présents dans les recommandations, mais « ils ne suffisent pas à eux seuls pour affirmer ou infirmer le diagnostic ».
Pour apporter une réponse aux patients en situation d’errance médicale, la HAS a introduit le terme de “symptomatologie/ syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique”, ou SPPT. Sont concernés les patients possiblement mordus par une tique avec ou sans antécédent d’érythème migrant ainsi qu’une triade de symptômes qui se manifestent plusieurs fois par semaine depuis plus de six mois. À savoir un syndrome polyalgique (douleurs musculo-squelettiques, céphalées, allure neuropathique) associé à une fatigue persistante avec réduction des capacités physiques et plaintes cognitives (troubles de la concentration et/ou de l’attention…). « On ne sait pas diagnostiquer un Lyme chronique, on ne sait pas s’il existe, donc on va procéder par diagnostic différentiel, explique Cédric Grouchka. Et si le bilan étiologique n’aboutit à aucun diagnostic, on proposera au patient un traitement antibiotique d’épreuve de vingt-huit jours. » Aucune prolongation de traitement antibiotique ne devra être proposé en dehors de protocoles de recherche encadrés par un centre spécialisé des maladies vectorielles à tiques. Selon Pierre Hecker, membre du conseil d’administration de la Fédération française contre les maladies vectorielles à tiques, « la dénomination de SPTT, la création des centres spécialisés et la possibilité d’obtenir un traitement d’épreuve sont des éléments positifs. » Un avis en partie partagé par Alain Trautmann, immunologiste, chercheur émérite à l’Institut Cochin à Paris : « On a fait sauter le bouchon par rapport au consensus de 2006. Mais c’est grâce à la recherche et à des tests mieux élaborés que l’on va pouvoir sortir de ces dissensions. »
(1) Lien raccourci : bit.ly/2MjSyMO.
(2) bit.ly/2Kjxi9r.
(3) bit.ly/2MYdQRp.
Santé publique France (bit.ly/2K9kBBZ) et l’Assurance maladie (bit.ly/2Mp4mNY) mettent des outils à destination du grand public, des enfants etdes professionnels de santé sur les maladies transmises par les tiques - Lyme, mais pas seulement…
• Une surveillance sentinelle de la borréliose de Lyme a été mise en place en médecine générale en France métropolitaine.
L’incidence annuelle estimée, restée stable de 2009 à 2015 (45 cas pour 100 000 habitants), a augmenté en 2016 (84 cas).
• À l’hôpital, 9 594 cas de borréliose de Lyme ont donné lieu à une hospitalisation de 2005 à 2016, soit un taux d’hospitalisation annuel de 1,3 pour 100 000 habitants, avec un pic en été.
Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’agence Santé publique France du 19 juin (lien : bit.ly/2Kkhy97).