Alors qu’elle allait dispenser des soins à domicile, Anne s’est retrouvée au sol, projetée et mordue par le chien du patient. Plusieurs mois après l’agression, elle reste choquée.
« Ce matin de mars 2017, j’ai sonné chez ce patient et ouvert le portillon. En une fraction de seconde, son chien, un Beauceron, était sur moi. Il n’a ni aboyé, ni grogné, il m’a juste sauté dessus. Il m’a mordue au bras, à la cuisse, à la fesse. J’ai appelé à l’aide. La famille est intervenue, mais elle m’a accusée d’être entrée dans une propriété privée. Selon elle, j’aurais dû attendre qu’on vienne m’ouvrir la porte. J’ai téléphoné à ma collègue pour qu’elle puisse assurer les soins de ce patient (des injections d’antibiotiques) et je suis partie aux urgences. Je n’ai pas eu besoin de points de suture, mais j’avais un écrasement du bras et un hématome. J’ai été mise sous antibiotiques, avec une journée d’incapacité totale de travail. Mais, n’ayant personne pour dispenser les soins à ma place, j’ai dû reprendre ma tournée.
À la suite de cette agression, j’ai souffert d’adhérences liées à la compression de mon bras. Aujourd’hui, il n’a pas encore récupéré sa mobilité complète : je ne peux pas réaliser certains soins qui requièrent de la force et j’ai des difficultés à porter des objets lourds. Un masseur-kinésithérapeute m’a conseillé de faire travailler mon bras le plus possible mais je n’ai pas suivi de réelle rééducation.
Psychologiquement, cela a été difficile. Une amie vétérinaire m’a encouragée à consulter une psychothérapeute spécialisée dans ce type d’attaque. Je l’ai vue quatre fois. J’ai encore beaucoup de difficultés par rapport à l’environnement en général. Je n’ai pas particulièrement peur des chiens mais plutôt du monde, car je n’ai pas vu arriver l’attaque, et cela me fait peur aujourd’hui. J’ai eu l’impression d’être un morceau de viande.
Je n’ai pas porté plainte. En revanche, j’ai fait une déclaration de morsure et la police a mené une enquête. Dans ce cadre, le chien doit être vu par un vétérinaire expert qui vérifie notamment son statut vaccinal. Ce vétérinaire m’a contactée, me confirmant, en la voyant sur une photo, l’importance de ma blessure. Le patient a dû rehausser son mur et mettre une pancarte “Chien méchant”. Je ne vais plus chez lui et lorsque d’autres patients ont un chien, je leur demande de le mettre dans une autre pièce. »
« Quand on se fait attaquer par un chien, même si c’est difficile, il faut au maximum éviter de bouger car le mouvement va maintenir le chien actif. De même, si un chien nous court après, il faut arrêter de bouger : cela devrait l’arrêter car il va garder une distance de sécurité. Il est alors possible d’appeler ses propriétaires. Plus généralement, face à un chien, il faut faire attention à notre posture. Il ne faut jamais lui tourner le dos, au risque de déclencher une attaque, car il peut prendre peur en voyant la personne en situation de fuite. À l’approche de l’animal, il ne faut pas s’arrêter, mais adopter une démarche la plus assurée possible, calme et régulière. Il faut garder une distance de sécurité. C’est à lui de réduire cette distance en venant nous sentir. Dans ce cas-là, il faut éviter toute intention vis-à-vis de lui, il ne faut pas tendre la main. Il vaut mieux se mettre de côté et non face à lui, et ne pas le regarder dans les yeux. Si un chien arrive de manière un peu brusque vers nous, il est possible de le stopper, par exemple en poussant un cri, ce qui va le surprendre. »