Les négociations conventionnelles entre l’Assurance maladie et les Idels, initiées il y a plus d’un an, ont connu un sérieux coup d’arrêt en juillet dernier. La raison : les trois syndicats ont quitté la table pour protester contre certaines propositions jugées insuffisantes.
« LES SYNDICATS REFUSENT DE POURSUIVRE LAMASCARADE. » C’est ce qu’annonçaient, le 11 juillet dernier, les trois organisations chargées de représenter les Idels lors des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie : la Fédération nationale des infirmiers (FNI), le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) et Convergence infirmière (CI). En cause, l’enveloppe proposée par Nicolas Revel, patron de l’Assurance Maladie, qu’elles estiment « déconnectée des enjeux liés au virage ambulatoire psalmodié par les tutelles ».
Les revalorisations prévues dans les dernières propositions de l’Assurance maladie s’élevaient, selon Catherine Kirnidis, présidente du Sniil, à « 198 millions d’euros sur trois ans, plus 100 millions d’euros pour le futur BSI » (Bilan de soins infirmiers, NDLR). Ce qui ne représenterait qu’une augmentation du chiffre d’affaires annuel moyen par Idel d’environ 1 000 euros. Une hausse largement en-deçà des attentes de la profession, surtout quand on connaît le climat d’insatisfaction générale qui règne chez les libérales.
Autre pierre d’achoppement : le calendrier. L’Assurance maladie envisagerait, en effet, un « étalement de l’entrée en application des mesures consenties jusqu’en 2021 », estiment les trois syndicats. Et 2021, c’est loin… surtout pour des négociations qui ont démarré en juillet 2017, et pour une profession qui réclame, depuis des années, un aménagement de la nomenclature de ses actes. Car, en un an de discussions, le bilan est plutôt maigre : tout au plus un avenant signé fin novembre 2017, actant une majoration de 50 centimes pour les dimanches et jours fériés. Les autres dossiers, qu’il s’agisse du BSI ou de la régulation démographique, sont, eux, en attente.
Résultat, les trois organisations demandent un arbitrage en haut lieu et s’en remettent au Premier ministre. Seul bémol, la requête a été faite à la veille des départs en vacances et, depuis, c’est le silence radio. « Nous n’avons eu aucune réponse, ni du ministère de la Santé, ni de l’Assurance maladie, ni de Matignon », nous indiquait Catherine Kirnidis, fin août. Ce que confirme Ghislaine Sicre, présidente de CI.
Les deux syndicalistes préviennent toutefois qu’elles n’entendent pas en rester là. « On se dit que c’est la rentrée pour tout le monde, mais nous allons nous y mettre sérieusement dès le mois de septembre », assure Catherine Kirnidis. « On sait qu’on va partir sur un mouvement, mais on ne sait pas encore quelle forme il prendra », ajoute Ghislaine Sicre. De son côté, Philippe Tisserand, président de la FNI, n’avait pas hésité, en juillet, à évoquer la possibilité d’une grève, « même si je ne sais pas quelle forme elle pourrait prendre », s’était-il hâté de préciser. Reste à savoir quelle sera l’attitude de Nicolas Revel à la fin de la période estivale. « Nous prenons acte de cette décision qui nous surprend, d’autant plus que nous avions prévu de formaliser […] de nouvelles propositions », avaient déclaré ses services, dans un message adressé à l’agence APMnews, en réaction à la stratégie de rupture annoncée par les syndicats. L’Assurance maladie se disait, par ailleurs, « évidemment disponible pour reprendre le dialogue ». Dialogue ou monologue, c’est toute l’incertitude de cette rentrée.