Alertée par des cas d’allergies et d’irritations cutanées en lien avec des vêtements ou des chaussures, l’Anses a publié un avis afin de protéger les consommateurs de certaines substances.
CHOISIS DANS LES HYPERMARCHÉS OU MAGASINS POUR LEUR LOOK, LEUR CONFORT OU LEUR PRIX, les sous-vêtements, leggings, jeans ou vêtements de sport sont-ils toujours anodins pour la santé ? Pas si sûr, estime l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) qui s’est penchée sur le sujet
Dans un premier temps, l’Anses a établi une liste, très longue, des substances chimiques pouvant entrer dans la composition des textiles, des cuirs, du plastique des boutons, des lacets… Puis elle a identifié les substances irritantes et allergisantes cutanées, et celles qui étaient cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR). Elle a, par ailleurs, mené des essais sur un échantillonnage - 25 vêtements neufs et 14 paires de chaussures - prélevé dans plusieurs points de vente et ayant entraîné des plaintes de clients, afin de rechercher la présence de substances irritantes ou allergisantes cutanées. Et les résultats sont inquiétants : 16 % des échantillons textiles neufs révèlent la présence de nickel et de métaux lourds (cobalt, cuivre, plomb, cadmium, mercure et antimoine); et 20 % indiquent la présence de chrome, de nonylphénols et de nonylphénols éthoxylates. Les analyses ont également mis en évidence d’autres substances qui peuvent entraîner des dermatites de contact telles que la 1,4-paraphénylène diamine et des substances organostanniques (dichlorure de dibutylétain, trichlorure de monobutylétain).
À l’issue des essais sur les 14 paires de chaussures, toutes les parties en cuir testées ont des teneurs en chrome VI (cancérogène et sensibilisant cutané) inférieures à 3 mg/kg (soit la limite réglementaire définie dans le règlement Reach). La colophane (utilisée dans la colle) a été mise en évidence dans 36 % des articles, tandis que le benzoate de benzyle (toxicité aiguë) a été quantifié dans 21 % d’entre eux.
L’Anses a également mené une étude biomédicale afin d’examiner les cas d’allergie ou d’intolérance cutanée pouvant être liés à des substances chimiques dans les vêtements ou les chaussures. De janvier à septembre 2017, la première phase, qui a mobilisé un réseau de médecins, dermatologues, allergologues, toxicologues, de centres antipoison et de centres de consultations de pathologies professionnelles, a porté sur 31 patients (21 femmes et 10 hommes) qui ont présenté des réactions clairement identifiées. Dans six cas, une substance suspectée par le médecin comme étant à l’origine de la sensibilisation a bien été détectée : nickel, chrome VI, colophane et résine 4-tertbutylphénolformaldéhyde. L’étude se poursuit jusqu’en octobre 2018 et l’Anses produira un avis complémentaire. D’ici là, elle recommande, avant toute chose, de laver tout vêtement neuf avant de le porter pour la première fois.
* Rapport de l’Anses : bit.ly/2zg4I7U