Parce que les médecins traitants peuvent de moins en moins se déplacer à domicile, souvent, les examens cliniques sont réalisés par les seules infirmières libérales. Dans le cas présent, ne parvenant pas à joindre le médecin, l’infirmière libérale prend l’initiative de demander au laboratoire de réaliser une NFS en plus du bilan habituel. Le taux d’hémoglobine à 6,5 g/l nécessite que le patient soit hospitalisé pour transfusion. Un autre patient, suivi en clinique pour surveillance d’un traitement anticoagulant, présente un INR à 1,7 (cible entre 2 et 3). Il est prévu que le dosage d’anti-vitamine K soit augmenté, et que le patient soit placé sous héparine de bas poids moléculaire (HBPM). Pourtant, il n’est pas examiné, et toute une partie de son corps est recouverte d’hématomes après une chute. L’infirmière transmet les symptômes qu’elle observe, mais le médecin de la clinique lui rétorque que sa responsabilité est d’appliquer le protocole.
Autre exemple, celui d’une patiente présentant une altération de l’état général, que le service hospitalier ne peut pas ré-hospitaliser faute de lit disponible. Le pharmacien biologiste, informé par l’infirmière libérale des signes cliniques constatés, ne parvient pas à joindre le médecin, qui ne se déplace au domicile qu’une fois par semaine. Il prend la responsabilité de doser les marqueurs cardiaques. Au vu des résultats, la patiente sera hospitalisée pour un infarctus.
L’examen clinique médical à domicile semble être en voie de disparition et les infirmières libérales se retrouvent en première ligne, et parfois hors champ de leur propre responsabilité. L’exercice des infirmiers en pratique avancée ne réglera pas à lui seul cette difficulté. Une meilleure reconnaissance de la responsabilité des libérales, au bénéfice des malades, est attendue, mais les choix politiques se font attendre. Dommage !