Le diagnostic est implacable. « Notre système de santé pèche par un vrai handicap d’organisation », assène Emmanuel Macron pour introduire le plan “Ma santé 2022”, préconisant, entre autres, de renforcer le travail d’équipe, sans garantir davantage de moyens humains.
Si la volonté d’améliorer accès et qualité des soins pour la population est un objectif partagé, les moyens proposés pour l’atteindre ne font pas l’unanimité(1). Notamment, la création des assistants médicaux, infirmières ou non(2), chargés de mesurer la tension, les constantes, et d’assurer diverses tâches administratives, en vue de dégager du temps médical.
Un article d’André Mesureur dans La Presse médicale en 1907 rappelait la nécessité du « dressage » de l’infirmière, tandis qu’on lisait dans L’Infirmière française en 1930 que « lorsqu’un médecin donne des instructions à une infirmière placée sous ses ordres, celle-ci a le devoir strict de les exécuter intégralement ».
Avec cette nouvelle fonction d’assistant médical, et bien que la véritable reconnaissance vienne de la valeur qu’on accorde à ce que l’on fait, il est difficile d’affirmer que l’on progresse – alors même que le président de la République saluait dans son discours la pratique avancée.
Les représentations ont la vie dure, et la crainte d’être dépossédé de son pré carré entrave l’intelligence collective et la visée du bien commun, que chaque corporation prétend pourtant défendre. Peut-on moderniser le système de santé en conservant des comportements rétrogrades ?
Personne ne contredira qu’un médecin formé durant neuf ans en sait plus sur les pathologies qu’une infirmière formée pendant trois ans, mais cela n’enlève rien au fait que celle-ci en sait souvent plus que le médecin sur le patient, qui, lui, a besoin des compétences des deux.
(1) Les syndicats libéraux sont vent debout (à lire sur bit.ly/2Qd2glR).
(2) Rien n’est encore tranché sur le profil des assistants médicaux (à lire sur lemde.fr/2IjPn74).