À la suite d’un rapport qui lui a été remis à la rentrée, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé des mesures afin de mieux informer les patients sur les médicaments.
Tout a commencé, il y a un peu plus d’un an, quand des patients sous Lévothyrox ont commencé à discuter sur les réseaux sociaux et sur les forums des nouveaux effets indésirables, sans faire tout de suite le lien avec le changement de formule de leur médicament. Et sans que les pouvoirs publics ne prennent conscience de ces « signaux faibles d’alerte ».
Pour la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, il est temps de mieux écouter et mieux informer les patients sur le médicament. Après avoir reçu un rapport sur ce sujet, rédigé par Magali Leo, responsable du plaidoyer de l’association de malades du rein Renaloo, et de Gérald Kierzek, médecin urgentiste et chroniqueur sur Europe 1, elle a annoncé début septembre une série de mesures. Le rapport a, en effet, mis en lumière que la crise du Lévothyrox a « révélé de manière particulièrement aiguë les dysfonctionnements possibles en matière d’information et de communication ». C’est pourquoi, à court terme, la ministre a indiqué vouloir centraliser toute l’information sur le médicament, avec, comme chef d’orchestre, l’Agence nationale de sécurité sur le médicament. Ainsi, une source unique d’information publique sur le médicament devra être mise en place, en s’appuyant sur l’existant, à savoir le site sante.fr – qui est actuellement en finalisation – et la base de données medicaments.gouv.fr. Les médicaments pourront désormais y être recherchés par pathologie, par classe ou sous-classe thérapeutique et par spécialité et/ou principe actif.
Agnès Buzyn souhaite également une meilleure coordination entre les médecins prescripteurs et les pharmaciens, ce que devrait permettre la généralisation du dossier médical partagé (DMP) à partir du mois d’octobre. Par ailleurs, en cas de crise autour d’un médicament, ce sera désormais uniquement l’Agence nationale de sécurité sur le médicament qui communiquera vers les professionnels de santé et non plus sous un courrier à double en-tête avec le laboratoire concerné.
La ministre mise aussi beaucoup sur la réactivité des professionnels de santé. Elle souhaite ainsi pouvoir mieux utiliser le levier constitué par la messagerie DGS-Urgent qui permet d’alerter quasiment en temps réel les professionnels en cas de problème. « À ce jour, plus de 180 000 professionnels de santé y sont inscrits, a rappelé Agnès Buzyn. À terme, l’ensemble des adresses mail contenu dans le répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS) recevra le DGS-Urgent, soit un total de 564 000 professionnels de santé disposant d’un Ordre. » Elle invite également les professionnels de santé libéraux à se doter d’une messagerie sécurisée MSSanté « afin d’être informés dans les meilleurs délais par un canal de diffusion sécurisé, mais aussi de pouvoir échanger entre eux les informations médicales nécessaires à la bonne prise en charge et aussi au suivi de leurs patients ». Aujourd’hui, seulement 89 000 professionels de santé libéraux sont équipés, dont à peine 11,9 % des Idels.
Seuls les médecins, les chirurgiens-dentistes, les pharmaciens et les sages-femmes ont l’obligation de signaler tout effet indésirable suspecté dû à un médicament. Selon les dernières données disponibles dans le rapport d’activité de l’Agence du médicament, 55 761 cas avaient été rapportés par des professionnels de santé en 2016, dont 0,9 % d’infirmières (libérales et salariées confondues) pour 21 % par les pharmaciens, 7 % par les généralistes et 64 % par les spécialistes. Mais c’est encore trop insuffisant pour Agnès Buzyn qui a annoncé « engager cette année des travaux pour élaborer une stratégie de promotion de la déclaration, adaptée aux professionnels de santé, en activant des leviers incitatifs et de valorisation ». Faut-il comprendre que les professionnels pourraient être rémunérés pour ce travail ? À ce stade, aucune piste n’est privilégiée, a répondu la ministre, qui reconnaît cependant que la déclaration est, pour ces derniers, « fastidieuse et chronophage ». « On constate que les professionnels déclarent aujourd’hui essentiellement les effets indésirables quand ils sont totalement inattendus, a expliqué Agnès Buzyn à L’Infirmière libérale magazine. Mais quand ceux-ci ne sont pas surprenants ou peu graves, ils ne le sont pas. D’où un phénomène important de sous-déclarations. » À noter que, depuis mars 2017, les professionnels de santé comme les patients d’ailleurs peuvent déclarer tout événement indésirable en ligne sur signalement.sante.gouv.fr.