CAHIER DE FORMATION
SAVOIR FAIRE
« C’est l’un des points qui préoccupe le plus les parents, surtout lorsque l’enfant ne sait pas encore réclamer, explique Stéphanie Devun, puéricultrice de PMI à la Maison de la métropole et des solidarités de Lyon (Rhône). En outre, que les repas soient programmés ou à la demande (respect du rythme veille/sommeil), l’enfant peut manquer de force pour prendre tout son repas au sein et la mère ne pas avoir assez de lait pour le rassasier. Or c’est la succion régulière du bébé qui favorise la lactation et il est important de soutenir les mères dans l’allaitement pour s’assurer qu’il est efficace et leur prodiguer des conseils pour bien s’installer et pour stimuler la production de lait (boire des tisanes de fenouil, de cumin ou de graines d’anis). Lorsque ce n’est pas suffisant, il est possible de faire appel à des conseillères en lactation ou de mettre en place un allaitement mixte qui permette de compléter le lait maternel avec des biberons de lait maternisé. Cela réclame un accompagnement, le temps que les parents s’organisent et apprennent à gérer parfaitement cette intendance. » Pendant cette période, il est déconseillé de louer une balance pour contrôler la prise de poids de l’enfant. « Cela incite les parents à peser leur enfant très souvent et pas toujours dans les conditions requises (précision de la balance, technique de pesée standard), ce qui peut fausser l’interprétation et engendrer un stress inutile, poursuit Stéphanie Devun. Il est préférable et suffisant de peser l’enfant à la PMI deux fois par semaine et, si besoin, nous pouvons aussi nous déplacer au domicile des parents. »
S’occuper d’un enfant prématuré nécessite d’être particulièrement vigilant quant à l’hygiène pour le protéger des risques infectieux. Toutefois, « certaines familles sont très, voire parfois trop, attentives à poursuivre les précautions mises en place à l’hôpital (lavage des mains fréquent, masques en cas de rhume à l’entrée de la chambre, gel hydro-alcoolique dans les pièces, restriction des visites et des sorties en période à risque…), commente Christel Court. Il convient d’évaluer le bien-fondé (ou non) des mesures prises et le temps d’observation, d’écoute et d’échange entre le professionnel et la famille permet d’adapter notre discours sur les précautions d’usage et d’éviter d’en parler lorsque les parents sont déjà plus que sensibilisés à l’hygiène. Cela peut, en effet, réveiller des peurs et focaliser les parents sur la fragilité de l’enfant, ce qui peut engendrer une surprotection inutile et nuire à la relation ». Par ailleurs, il peut être utile de rappeler aux parents qu’un bain quotidien n’est pas obligatoire, surtout s’il est anxiogène, parce que l’enfant manifeste des réactions de stress ou met du temps à se réchauffer. « Dans ce cas, commente Christel Court, le parent doit choisir un moment où lui-même et son enfant sont disponibles et prévoir les conditions matérielles (enveloppement, pièce bien chauffée) pour que le bain soit un réel moment de détente partagé. Le bain peut également être remplacé par un moment de partage autour d’un massage détente ou d’un temps de peau à peau qui sera tout aussi profitable à la relation et au bien-être de l’enfant et du parent. »
Le bébé doit avoir son lit et dormir sur le dos, dans une gigoteuse adaptée à sa taille (pas de couverture ni de couette), sans tour de lit ni doudou à proximité. Il est recommandé qu’il dorme dans la chambre parentale durant les six premiers mois. La température ne doit pas excéder 19 °C.
Les parents doivent connaître les signes d’alerte (lire l’encadré en haut de la page ci-contre) en présence desquels ils doivent solliciter un avis médical. « Pour autant, nous devons les aider à se conforter dans l’idée que l’enfant est sorti parce qu’il va bien, les inciter à ne pas multiplier les contrôles (température, poids…) et les amener à se faire confiance et à faire confiance à leur enfant, ce qui, d’une famille à l’autre, peut nécessiter un accompagnement plus ou moins long », ajoute Stéphanie Devun. Il importe également de les rassurer quant au fait qu’il n’y a pas de danger pour le nourrisson lorsqu’il éternue ou a le hoquet, émet des selles lorsqu’il vient d’être alimenté ou inversement n’a pas de selles pendant deux ou trois jours *.
Les prématurés peuvent bénéficier d’une supplémentation en fer et en acide folique et d’un traitement anti-reflux contre les régurgitations. Il peut être nécessaire de s’assurer que l’administration de ces médicaments se passe correctement et rassurer les parents car le fer peut donner des selles foncées. « Le premier vaccin est réalisé à deux mois de vie et, ensuite, le programme de vaccinations suit le calendrier vaccinal recommandé pour tous les enfants, indique Élise Chenel. Les grands et très grands prématurés reçoivent un vaccin supplémentaire (Synagis) en prévention des infections respiratoires graves à virus respiratoire syncytial (VRS) telles que la bronchiolite. »
Comme l’enfant est né plus tôt, il est normal qu’il fasse des acquisitions en différé, mais cela peut amener les parents à guetter le moindre de ses progrès et à mettre une pression excessive sur ses performances. « Il nous appartient de les encourager à favoriser l’éveil et les progrès de l’enfant, commente Christel Court, en leur expliquant qu’il est important qu’il puisse être libre de ses mouvements pour évoluer et expérimenter son corps, faire ses propres expériences. À cet effet, il peut être installé régulièrement sur un tapis d’éveil au sol, dans un espace adapté et sécurisé (surface plutôt ferme, ni couette ni couverture), de courts instants au départ et plus longuement au fil du temps, en mettant à sa disposition des jouets de différentes matières, textures et formes. Il est important de lui laisser cet espace d’expression et d’exploration et de lui faire confiance. » Les parents peuvent soutenir la découverte de cet espace par la parole, le regard et la présence en stimulant l’enfant sans excès. C’est un bon moyen de les aider à reprendre confiance dans les capacités de l’enfant malgré son départ difficile.
Sans mettre l’enfant “sous cloche”, le bon sens commande d’éviter au cours des premières semaines, voire des premiers mois selon la saison, de sortir par grand froid, grand vent ou fortes chaleurs, d’éviter les lieux publics très fréquentés, notamment en période d’épidémie de grippe, de bronchiolite ou de gastroentérite, ainsi que le contact des personnes enrhumées ou malades.
Les médecins recommandent de ne pas mettre les grands prématurés (nés avant 32 semaines) à la crèche avant l’âge d’un an pour les soustraire aux risques de contaminations multiples. « Lorsque les parents ne peuvent pas prendre un congé parental suffisamment long, ou qu’ils ont besoin d’aide pour gérer l’organisation familiale (présence d’une fratrie), nous sommes amenées, dans notre PMI, à mettre en place des solutions pour soulager la mère (travailleuse familiale par exemple), trouver un mode de garde adapté pour l’enfant prématuré mais aussi pour la fratrie », précise Stéphanie Devun.
* Organisation mondiale de la santé, « La méthode mère kangourou », Guide pratique, 2004 (bit.ly/2oWp8uA).
Bien qu’ayant été parfaitement entourés durant les dix semaines d’hospitalisation de leur enfant, monsieur et madame D., de retour à domicile, vous expliquent qu’ils sont totalement accaparés par leur enfantet assaillis par la crainte de ne pas être à la hauteur maintenant qu’ils sont seuls pour s’occuper de tout.
Vous leur expliquez qu’un temps d’adaptation peut être nécessaire et leur proposez de passer en revue les aspects pratiques sur lesquels ils ont le sentiment de manquer d’assurance.
Depuis janvier 2006, le congé maternité a été rallongé pour les mères accouchant avant 35 semaines. Sa durée est calculée en fonction de la date réelle d’accouchement et de la date d’accouchement prévue initialement. Le congé paternité (onze jours + trois jours pour la naissance) doit normalement être pris dans les quatre mois qui suivent la naissance mais peut être reporté au-delà des quatre mois en cas d’hospitalisation du bébé.
→ Alimentation difficile : le nourrisson ne se réveille plus pour réclamer, cesse de s’alimenter ou vomit.
→ Agitation, léthargie.
→ Température corporelle supérieure à 37,5 °C.
→ Hypothermie (température corporelle inférieure à 36,5 °C) en dépit des efforts de réchauffement.
→ Convulsions.
→ Respiration difficile, très rapide ou très lente.
→ Diarrhées.